À sa descente d’avion, il est accueilli avec les honneurs. De part et d’autre du tapis rouge déployé pour l’occasion, se tiennent des soldats de la garde royale. En ce 5 octobre 2024, le roi Felipe VI débute sa visite officielle en Jordanie. Au pied de l’appareil, sur le tarmac de l’aéroport Reine-Alia d’Amman, l’attend le prince Faisal. Le frère cadet d’Abdallah II est ravi de retrouver son invité, en témoignent les chaleureuses embrassades entre les deux hommes.
Ce qui avait été annoncé comme une visite d’État de trois jours est devenu une visite officielle, la première de Felipe en Jordanie. Le souverain espagnol doit rester à peine 24 heures dans le royaume hachémite. De plus, il voyage sans son épouse, la reine Letizia, restée à Madrid. Des modifications de dernière minute liées en toute vraisemblance à la situation géopolitique extrêmement tendue au Moyen-Orient.
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Si son séjour se veut express, son agenda, lui, est bien rempli. Pour son premier engagement sur le sol jordanien, Felipe VI a rendez-vous à l’ambassade espagnole d’Amman. Un peu plus de 300 invités sont présents pour l’occasion. Parmi eux, la princesse Miriam Al-Ghazi que le roi connaît bien. Née à Madrid, elle avait épousé en premières noces le prince Kardam de Bulgarie, décédé en 2015. Avant son remariage surprise avec le prince Ghazi, cousin d’Abdallah II, en septembre 2022. Entouré de quelques convives, Felipe et Miriam prennent la pose pour fêter leurs retrouvailles.
Comme le rappelle le palais de la Zarzuela, plus de 1.700 Espagnols vivent actuellement en Jordanie et la plupart possède la double nationalité. "Dans tous mes voyages à l'étranger, la rencontre avec la communauté espagnole est l'un des moments les plus émouvants", lance le roi Felipe VI, lors d’une brève allocution devant ses convives. "Dans cette rencontre d'aujourd'hui, l'émotion est encore plus grande en raison de la situation difficile que traverse la région. Je voudrais vous transmettre, en ce moment de grande inquiétude pour tous, l'étreinte et la proximité de vos compatriotes", ajoute-t-il, conscient des bouleversements que connaît la communauté espagnole de Jordanie.
Un jumelage entre deux joyaux
Le lendemain matin, le souverain retrouve le prince Faisal de Jordanie au camp de réfugiés Baqa’a. Situé à quelque vingt kilomètres au nord d’Amman, il est géré par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Il fait partie "des six camps d’urgence créés en 1968 pour accueillir les réfugiés palestiniens et les personnes ayant fui la bande de Gaza et la Cisjordanie à la suite de la guerre israélo-arabe en 1967", indique la Cour espagnole. Précisant que "le camp compte actuellement plus de 130.000 réfugiés, la Jordanie accueillant plus de réfugiés palestiniens que n'importe quel autre pays au monde".

Une visite poignante pour le roi Felipe VI qui prend pleinement la mesure du quotidien des hommes et des femmes qui vivent à Baqa’a. En compagnie du prince Faisal, il se rend dans une école du camp où il rencontre des élèves qui suivent un cours de sciences. À peine ont-ils franchi le seuil de la classe que les jeunes femmes se lèvent pour leur souhaiter la bienvenue. L’époux de la reine Letizia s’informe sur leur parcours scolaire. Un autre rendez-vous est ensuite prévu à la bibliothèque de l’établissement. Là, Felipe VI s’entretient avec "une douzaine de jeunes réfugiés et des représentants de la communauté locale, bénéficiaires du projet de l’UNRWA", rapporte la Zarzuela.
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Le souverain espagnol est ensuite attendu à Amman, pour un accueil officiel au palais Al Hussainiya. Sur place, il est reçu avec les honneurs par son homologue hachémite, Abdallah II. Le fils aîné de ce dernier, le prince héritier Hussein, est également présent, de même que le prince Faisal. Cependant, nulle trace de la reine Rania ni de la princesse Rajwa. La dernière apparition de la jeune maman remonte à deux mois, quelques jours seulement après la naissance de sa fille, la princesse Iman.

Durant une réunion organisée avec leurs délégations respectives, les deux souverains scellent notamment un jumelage entre l’Alhambra, joyau andalou, et Petra, fierté du royaume hachémite. “L'accord vise à échanger des compétences et à promouvoir des initiatives culturelles qui améliorent la connaissance de ces sites et augmentent le nombre de touristes”, souligne la Cour hachémite. Pour marquer ce moment historique, la chanteuse de flamenco Laura Vital est invitée à se produire au côté de Diana Karazon. Figure emblématique de la scène jordanienne, elle avait chanté lors de la cérémonie du henné de Rajwa de Jordanie en 2023. Se produire pour son roi constitue pour Diana Karazon un "honneur", comme elle le confie sur son compte Instagram. Quant à Laura Vital, elle se sent "éternellement reconnaissante d’avoir participé à ce moment merveilleux", écrit-elle sur son compte X (ex Twitter).
À l’issue de ce spectacle qui a ravi tant Felipe VI qu’Abdallah II, les deux souverains déjeunent ensemble avant que le roi espagnol ne doive prendre congé de son hôte. "Cette visite officielle dans le royaume hachémite de Jordanie, la première en Jordanie de Sa Majesté le Roi, s'inscrit dans le cadre des bonnes relations entre les deux pays et est l'occasion d'exprimer la volonté de poursuivre les liens étroits entre les deux pays", tient à souligner la Cour espagnole au sujet de ce séjour express. À nouveau, le prince Faisal accompagne le souverain à l’aéroport Reine-Alia d’Amman. Avant de quitter le territoire hachémite aussi vite qu’il est arrivé.