Il y a celles qui manifestent, d’autres qui se rassemblent en colloque, certaines qui feignent l’indifférence, Letizia d’Espagne est, elle, de celles qui font grève. Depuis l’impressionnante mobilisation du 8 mars 2018, journée internationale des droits des femmes, qui avait vu nombre de femmes espagnoles cesser toutes activités professionnelles et domestiques et près de 5,3 millions de citoyennes et de citoyens du royaume descendre dans la rue, l’épouse du roi Felipe VI se refuse, chaque année, à toute activité officielle en cette journée symbolique.

Sa Majesté ne dérogera pas à cette tradition en ce 8 mars 2025, pas plus que les sept années précédentes. Elle trouve ainsi un moyen d’afficher, à demi-mot et par son absence, son soutien à la cause féministe alors que la pratique constitutionnelle lui interdit de s’exprimer publiquement sur les sujets politiques. Une approche qui tranche avec celles, plus consensuelles, d’une Mathilde de Belgique ou d’une Mary de Danemark, qui, le 8 mars, participent régulièrement à des forums universitaires sur la place des femmes dans la société, ou reçoivent en audience des personnalités féminines de tous horizons.
Un combat pour ses filles
Sollicitée sur la question par la presse espagnole à de nombreuses reprises, la Casa Real se refuse à commenter cette absence répétée, ou parle de "hasard de calendrier". Un hasard qui se répète si souvent que l’on est en droit de douter de cette explication. Car Letizia n’a jamais caché sa fibre féministe.
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Loin des discours lisses et policés sur le sujet, la reine affiche un intérêt sincère pour les populations les plus marginalisées : les femmes en situation de handicap, les migrantes ou encore les prostituées. Depuis de longues années, la mère de la princesse Leonor et de l’infante Sofia soutient l’association Apram, créée par et pour les prostituées dans le besoin. Présidente de l’association, Rocio Mora déclarait en 2020, à l’issue d’une visite royale : "La reine travaille avec nous, loin des caméras, et souhaite que ses filles n’oublient pas cette réalité."

Rien d’étonnant alors pour la souveraine de participer, à sa manière, à la journée des droits des femmes. Ni de la voir si fière de sa fille aînée, la princesse héritière, enfiler l’uniforme de l’armée et participer, ainsi, à une recrudescence de l’enrôlement de jeunes Espagnoles sous les drapeaux. Nul doute alors que les valeurs d’égalité et d’inclusivité si chères à la reine perdureront à la Cour d’Espagne avec l’avènement, le temps voulu, de celle qui deviendra la première femme à régner sur le pays depuis Isabelle II, à la fin du XIXe siècle.