Mary McCartney expose ses photos au Château La Coste près d’Aix-en-Provence

Pour la première fois en France, la fille aînée du chanteur des Beatles et de son épouse Linda, héritière de la famille fondatrice de Kodak, expose une sélection de ses clichés au Château La Coste, près d’Aix-en-Provence. Moment of Affection est l’occasion d’une plongée dans son intimité, qui révèle un regard sensible et attentif.

Par Marion Bley - 12 août 2022, 07h46

 Les photographies de Mary McCartney sont à découvrir au Château La Coste, en Provence.
Les photographies de Mary McCartney sont à découvrir au Château La Coste, en Provence. © David Atlan

Comment avez-vous pris la décision de faire cette exposition au Château La Coste ?

Mary McCartney : Il se trouve que Patrick McKillen, le propriétaire du domaine et grand collectionneur, a fait dans le passé l’acquisition de certaines de mes photos, et cela lui a sans doute donné envie de m’inviter à les montrer dans sa galerie... L’exposition était prévue pour 2020, mais bien sûr tout a été décalé. Je n’étais jamais venue à La Coste, et ce n’est donc qu’au moment de l’accrochage, il y a quelques jours, que j’ai découvert le site. Non seulement, c’est un très beau lieu, mais il est en conjonction avec les Rencontres d’Arles, un événement important de l’univers de la photographie.

La photographe britannique Mary McCartney avec son Leica fétiche au Château La Coste, en Provence.
Mary McCartney avec son Leica fétiche au Château La Coste. © David Atlan

Quel est le thème de cette exposition ?

Au début — avant le Covid —, je pensais principalement montrer des photos tirées de mon livre Monochrome /Color. Et puis tout a changé, et une forme de charge émotionnelle a envahi ma vision de mon travail. J’ai pensé à ce titre, Moment of Affection, parce que, tout d’un coup, le simple fait de se tenir proche de quelqu’un d’autre prenait un sens différent, et on recherchait cette affection sans vraiment pouvoir l’obtenir... Je me suis donc plongée dans mes archives, que j’organise par albums, et j’ai cherché ces images particulières, ces "moments d’affection", avec l’idée de les exposer dans l’espace si intime de la galerie.

Vous avez souhaité une mise en scène particulière de cet espace ?

Oui, j’ai voulu que l’on se sente isolé de l’extérieur, que l’on entre et que l’on ferme la porte pour être avec soi-même, en toute intimité. J’ai donc fait peindre les murs d’un bleu gris profond,et accroché les œuvres par petits groupes de deux, trois ou quatre photos. De cette façon, on peut s’immerger plus facilement dans les images que si elles sont présentées de façon linéaire et régulière.

Pour son exposition Moment of Affection, au Château La Coste, en Provence, Mary McCartney a choisi une atmosphère intimiste.
La photographe britannique a voulu une atmosphère intimiste pour Moment of Affection. © David Atlan

Les photos que vous avez sélectionnées datent d’époques différentes ?

Oui, elles ont été prises sur une trentaine d’années, de 1995 à 2021, et sont toutes, sauf une, en argentique. Nous avons fait le choix avec Georgina Cohen, directrice de la galerie Gagosian, que j’ai connue lors de l’exposition Linda McCartney and Mary McCartney : Mother Daughter, en 2015, à la galerie de Madison Avenue, à New York. Georgina connaît bien le Château La Coste et ses propriétaires, et elle a ainsi pu m’aider. C’est très important, dans le processus d’organisation d’une exposition, de pouvoir échanger avec quelqu’un sur ses idées, d’avoir une paire d’yeux "neufs"pour l’aborder... C’est notre première exposition ensemble, et c’est très excitant !

Mother and Sister, une photographie prise par Mary McCartney montrant sa mère Linda et sa petite soeur Stella.
Mother and Sister, Sussex, 1995, est un portrait de sa mère Linda et de sa petite sœur Stella, enlacées. © David Atlan

Vous parliez à l’instant de votre mère, Linda McCartney. Elle était elle aussi photographe, cela vous a-t-il influencée ?

Je crois que j’ai un peu hérité de son style, et que je prends le même genre de photos qu’elle : des images très naturelles, qui tournent autour de la capture d’un moment précis. Ni l’une ni l’autre ne nous sommes lancées dans de grandes productions. C’est davantage l’intimité des choses qui me touche, les photos qui montrent un moment particulier, vrai. Mais, bien sûr, il m’arrive aussi de diriger les gens que je photographie, en particulier lorsqu’il s’agit d’une commande.

Photographier votre père Paul, est-ce différent ?

Au fond, c’est la même chose que si je prends une photo de vous : peut-être qu’elle sera publiée, exposée, mais surtout vous allez la conserver, et vos petits-enfants la regarderont dans des années. Collecter des souvenirs, des moments particuliers, c’est très important pour moi. La différence, avec mon père, c’est que je le connais, ce qui n’est pas le cas pour tous les gens que je photographie, et lui comme moi sommes très organisés, nous aimons être préparés, ce qui permet ensuite d’accueillir l’imprévu. L’imprévu rend les choses différentes, comme sur cette photo, Hello, qui représente un couple —que l’on ne voit pas—, par des chaussures qui se touchent — mais peut-être pas —, et ça en dit tellement...

Family Circle, photographie de Mary McCartney montrant son père Paul et son fils aîné.
Family Circle, Sussex, 1999, montre son père endormi avec le fils aîné de Mary. © David Atlan

Quelle relation entretenez-vous avec les visiteurs de vos expositions ?

Il est important, pour moi, d’avoir un public. Mes images existent dans le regard des autres, en les nourrissant de leur propre histoire. Bien sûr, je peux vous dire à quel moment j’ai pris telle ou telle photo, et ce qu’elle représente. Mais avant que je ne le fasse, j’ai envie que vous la regardiez et que vous y voyez ce qui vous touche, vous ; que cela déclenche votre propre ressenti. Entendre les gens évoquer les sentiments, les souvenirs que mes images éveillent en eux, c’est ce qui me motive à faire de la photo. Personnellement, j’ai toujours préféré les expositions aux livres, pour cette impression de pouvoir physiquement entrer dans certaines images.

La photographe Mary McCartney au Château La Coste, en Provence.
Mary, devant le bâtiment de l’architecte japonais Tadao Andō qui abrite l’un des restaurants du Château La Coste. © David Atlan

Une photo semble se détacher des autres, un immense tirage représentant deux troncs d’arbres enlacés naturellement qui s’intitule Hugging Trees (Sussex, 2021). A-t-elle, pour vous, une importance particulière ?

Je suis de plus en plus attirée par la nature, mais ce qui m’a frappée avec ces arbres découverts au cours d’une balade, c’est l’entremêlement de leurs troncs et de leurs branches, comme uneétreinte. La pandémie nous a éloignés les uns des autres. La nature, et les arbres surtout, sont devenus plus importants, peut-être parce qu’ils ont l’air si humain avec leurs troncs comme des torses, leurs branches comme des bras... Cela concordait vraiment bien avec le titre de mon exposition, non ?

Moment of Affection, jusqu’au 4 septembre 2022, à la galerie Bastide, Château La Coste, 2750, route de la Cride, 13610 Le Puy-Sainte-Réparade. Tél. : +33 4 42618998

www.chateau-la-coste.com

 

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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