Leur visite d’État en Suède touche à sa fin. Avant de regagner leur royaume, ce 13 octobre 2022, le roi Willem-Alexander des Pays-Bas et son épouse Maxima s’expriment lors d’une conférence de presse. "Amalia ne peut pas vivre seule. Cela a d’énormes conséquences sur sa vie. Elle ne vit plus à Amsterdam et ne peut pas vraiment sortir dehors", déclare la reine au sujet de son aînée, la princesse héritière Catharina-Amalia. Étudiante depuis la rentrée à l’université d’Amsterdam, cible de menaces venant de la Mocro Maffia – mafia marocaine désireuse de faire pression pour obtenir la libération de son chef –, la princesse d’Orange, 18 ans, a dû quitter sa vie d’étudiante pour regagner La Haye. Elle ne sort du palais que pour se rendre en cours, à une heure de route, et ce sous haute protection policière.

Ces terribles révélations des souverains surviennent un mois après le renforcement de la sécurité de la princesse héritière et du Premier ministre Mark Rutte, lui aussi visé par ces menaces. Comme le rapporte le journal De Telegraaf, les récentes découvertes des forces de l’ordre font craindre que des membres de cette organisation criminelle préparent un attentat ou un enlèvement contre l’un des deux. De quoi raviver les inquiétudes moins d’un an et demi après la mort du reporter Peter R. De Vries, abattu dans les rues d’Amsterdam alors qu’il enquêtait sur cette mafia.

Pour le professeur en criminologie à l’Université ouverte des Pays-Bas, Emile Kolthoff, cité par RTL Nieuws, "si cette menace vient bien de la Mocro Maffia, il faut la prendre au sérieux. Les récentes attaques contre les personnes qui travaillent sur ce sujet montrent qu’elle n’est pas imaginaire", ajoute-t-il. Cette alerte conduit à renforcer les effectifs du Département surveillance et protection qui assure la sécurité de la famille royale néerlandaise. "Je vous garantis que nos services travaillent très dur, jour et nuit, pour assurer sa protection", indique, sur Twitter, la ministre de la Justice Dilan Yeşilgöz-Zegerius, sans pour autant dévoiler "les menaces concrètes ou les mesures spécifiques" prises pour protéger la princesse.
La sécurité de Leonor d'Espagne est classée secret-défense
Si la mafia marocaine fait redouter le pire aux Pays-Bas, le spectre de l’ETA a longtemps plané sur la famille royale espagnole. Entre 1995 et 2000, le roi Juan Carlos, l’une des cibles privilégiées de l’organisation basque indépendantiste, échappe à trois tentatives d’assassinat. Dissoute en 2018, l’ETA ne représente plus un réel danger pour Felipe VI et son héritière Leonor. Cependant, entre la remise en cause de la monarchie et les volontés d’indépendance – en Catalogne notamment –, la vigilance reste de mise. Quels sont les besoins pour protéger la famille royale ? Combien de personnes sont affectées à leur sécurité ? À ces questions, "le ministère de l’Intérieur refuse de fournir toute donnée sur le nombre d’agents mobilisés autour du chef de l’État, invoquant des raisons de sécurité", constate, en juin 2021, Irene Castro, journaliste pour elDiario.es.

Des informations filtrent cependant. Placée sous la tutelle du Secrétariat du roi, "la Cellule de sécurité de la Maison de Sa Majesté est responsable en permanence de la sûreté immédiate de la famille royale", explique la garde civile, sans compter les quelque 1.500 militaires de la garde royale. Ces unités travaillent auprès de la princesse des Asturies lors de ses sorties officielles et privées. Des agents protègent aussi l’aînée de Felipe et Letizia lorsqu’elle se trouve à l’étranger. Depuis septembre 2021, la princesse de 17 ans étudie à l’UWC Atlantic College, au pays de Galles, où le nombre d’officiers de sécurité mobilisés pour elle est classé secret-défense.
Elisabeth de Belgique possède elle aussi une protection rapprochée depuis son plus jeune âge. Qu’elle soit scolarisée dans son pays natal – un garde du corps était présent dans son école – à l’UWC ou au Lincoln College à Oxford, des officiers veillent sur elle. Le Détachement de sécurité auprès du palais royal assure en effet la sûreté du couple souverain et de sa famille "lors de [ses] activités officielles ou privées en Belgique et à l’étranger", rappelle la police fédérale.

Tout comme Willem-Alexander et Maxima des Pays-Bas, le roi Philippe et la reine Mathilde ont craint le pire pour leur fille aînée en 2013 quand plusieurs médias belges ont reçu une lettre anonyme adressée au souverain. Son auteur déclarait vouloir "enlever la princesse Elisabeth" et qu’il ne s’agissait pas d’"une plaisanterie". Le parquet de Bruxelles ouvre alors une enquête et le ministre de l’Intérieur estime la menace bien réelle. Les mesures de protection nécessaires sont prises !
Des fusillades meurtrières ébranlent les royaumes scandinaves
De leur côté, les monarchies du Nord semblent, en apparence, moins exposées aux menaces. Si les royaux ne sont pas directement visés, le danger est pourtant avéré. La fusillade, qui a fait trois morts dans un centre commercial de Copenhague en juillet dernier, a secoué le royaume de Margrethe II. Ses fils et petit-fils, le prince héritier Frederik et le prince Christian, se sont d’ailleurs joints aux Danois lors de l’hommage aux victimes. Si l’aîné de la reine et son épouse Mary sont régulièrement aperçus pédalant dans les rues de la capitale, pour amener leurs enfants à l’école, des gardes du corps les suivent de près.

En Suède, les assassinats du Premier ministre Olof Palme en 1986 et de la ministre des Affaires étrangères Anna Lindh en 2003 ont marqué eux aussi la population. Pour la défendre, la famille de Carl XVI Gustaf peut compter sur la cinquantaine de membres de la garde royale. Si rien ne transparaît des mesures prises pour protéger la princesse héritière Victoria et sa famille, la future reine et le roi bénéficient toutefois des hommes de la Säpo, la police de sécurité du pays.

"Le travail de la protection des dignitaires implique principalement des efforts de prévention qui leur permettent de faire leur travail en toute sûreté tout en se déplaçant librement et en restant...
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