Secret professionnel oblige, le temps du mariage à Windsor, Alexi Lubomirski est condamné au silence. Le profil du célèbre photographe, qui a déjà immortalisé Harry et Meghan à l’occasion de leurs fiançailles, nous intéresse pourtant.
Sur le plan professionnel, il multiplie les collaborations avec les titres de mode les plus prestigieux: Vogue, Harper’s Bazaar, GQ… Les plus grandes stars, de Beyoncé à Julia Roberts, en passant par Natalie Portman, ont posé devant son objectif. Quadragénaire né à Londres d’un père franco-polonais et d’une mère anglo-péruvienne, Alexi est marié à Giada Torri, d’origine italo-cubaine et directrice d’une galerie d’art à New York.

Le couple a deux fils, Sole Luka et Leone Ladislas, 8 et 5 ans, pour qui leur père a déjà publié un premier livre, en anglais, Princely Advice for a Happy Life "-Conseil princier pour une vie heureuse". Un manuel pour se comporter en prince au XXIe siècle, car cet artiste remarquable, tant par son talent que par son allure, appartient à l’une des plus illustres familles polonaises: les princes Lubomirski.
Son père Ladislas, prince et duc Lubomirski, est le chef de l’une des deux branches survivantes de la lignée. Pour nous parler de son fils, de leurs aïeux, cet ancien financier nous reçoit en compagnie de son épouse, la princesse Renata, diplomate, à leur domicile parisien du XVIe arrondissement, à deux pas de l’esplanade du Trocadéro..
Prince, parlez-nous d’Alexi, de sa personnalité…
Mon fils a beaucoup de charme. Je le dis sans orgueil paternel, mais si j’ai passé la première partie de ma vie à écouter les femmes évoquer la beauté de mon père, Martin, depuis c’est sur celle d’Alexi que toutes s’extasient. Un peu timide, comme moi, il a su développer d’excellents rapports professionnels. Spontané, souriant, il met les gens à l’aise. Célèbre sans se prendre trop au sérieux, il a un caractère simple et généreux. Il rentre ces jours-ci du Kenya où il travaille comme ambassadeur de Concern Worldwide, une association caritative qui oeuvre à transformer la vie des plus pauvres.
Comment est-il devenu photographe?
Alexi se destinait aux arts graphiques. C’est durant son cursus à l’Oxford Brookes University qu’il a eu le déclic, il n’avait pas 20 ans. Il s’est ensuite spécialisé dans la photographie à l’université de Brighton. Puis il est devenu l’assistant de Mario Testino. À 16 ou 17 ans, je rêvais moi aussi de devenir photographe. J’ai rencontré Cecil Beaton qui était d’accord pour me prendre en stage. Ma mère, pourtant une de ses amies, n’était absolument pas favorable à cette idée: "Un artiste dans la famille? Cela ne s’est jamais vu!" Militaire ou diplomate, en revanche, c’était le choix de carrière.
Votre mère était française et une habituée de nos pages…
Franco-américaine et d’origine bretonne, Jeanne-Marie de Villiers-Terrage est devenue, en secondes noces, en 1967, la duchesse de La Rochefoucauld. Son grand-père maternel, David H. King Jr., entrepreneur et philanthrope new-yorkais, a assemblé les pièces de la statue de la Liberté, puis construit et en partie financé son piédestal. Mes racines sont des plus cosmopolites: américaines, celtes et bien sûr polonaises. J’ai retrouvé ma nationalité en 1990, quand la Pologne s’est libérée. J’habitais alors en Angleterre et je me suis rendu au consulat. J’imaginais que la procédure serait interminable, un an ou deux, et semée d’embûches. Finalement, trois mois plus tard, j’avais mon passeport.

Vous vous êtes réinstallés en Pologne?
L’État a rendu aux Lubomirski, une cinquantaine de cousins de par le monde, la propriété du château de Nowy Wisnicz. Cette forteresse, l’un de nos principaux fiefs, pouvait abriter toute notre armée, plus de 1.000 soldats. Deux fois par an environ, nous nous y retrouvons pour de grandes réunions de famille. Rarement plus de 24 heures, la demeure, bien que remaniée à la Renaissance, est peu faite pour vivre. Le reste de l’année, elle est ouverte au public.
Votre famille est très liée à l’histoire du pays?
De noblesse féodale et polonais de souche, les Lubomirski étaient déjà proches du pouvoir royal, vers 1300. L’empereur Ferdinand II leur a donné le titre de comte en 1597, et un demi-siècle plus tard, son fils Ferdinand III, celui de prince du Saint Empire. Mais c’est l’administration de mines de sel de la région de Cracovie qui a assis la fortune familiale. À partir du XVIIe siècle, avec trois millions et demi d’hectares, nous étions devenus la troisième puissance territoriale de Pologne. Mes ancêtres ont alors caressé le rêve de se faire élire au trône de Pologne. Ils étaient déjà trop puissants pour ne pas inquiéter les autres "faiseurs de roi", les grandes maisons qui se disputaient le pouvoir politique.
Vous vous sentez toujours polonais?
Mon grand-père a sacrifié une part importante de sa fortune à l’effort de guerre polonais, et mon père, pour fait de résistance, a été déporté à Auschwitz et Mauthausen. Même né à Neuilly-sur-Seine, élevé entre le Wyoming, la Floride, la France et le Royaume-Uni, je suis avant tout polonais et patriote. Ancienne diplomate, mon épouse Renata a longtemps travaillé, comme moi, à l’intégration de la Pologne dans l’Union européenne.

Et vos enfants?
Je ne peux répondre à leur place. Scolarisé dans des internats britanniques, Alexi est de culture anglosaxonne. Il a passé une partie de son enfance au Botswana, auprès de sa mère. Mes deux filles aînées, Leonora et Natalia, sont l’une journaliste, l’autre s’occupe d’une galerie d’art. Enfin, notre cadette, Constance, 18 ans, passe les épreuves du baccalauréat cette année! Elle est inscrite en archéologie, et comme son frère, prépare l’entrée à Oxford Brookes, un cursus dédié aux arts. Nous ne sommes décidément pas des scientifiques…
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