Lorsque sa sœur, la princesse Xénia, invoque la mémoire de leur maman, née comtesse Alexandra Miloradovich, dans les intentions de prière, Heinrich de Croÿ est un instant bouleversé. "Tout s’est bousculé dans ma tête. J’étais très proche de ma mère, qui s’est éteinte voici six ans, et tellement heureux qu’elle ait pu connaître Joana qui a passé du temps avec elle."
En ce matin du samedi 19 juin 2021 où la pluie a cessé juste avant l’arrivée des invités, tout fait sens et écho pour les futurs mariés. Ils ont préparé ensemble et dans le moindre détail chaque instant de cette journée qui marque le couronnement de leur amour. À commencer par le choix du lieu de la cérémonie, la basilique du prodigieux palais-couvent de Mafra, chef-d’œuvre du baroque portugais, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Et puis il y a les six grandes orgues, un ensemble unique, conçu à la toute fin du XVIIIe siècle par Joaquim Peres Fontanes et Antonio Xavier Machado Cerveira pour être joué de concert avec des effets sonores à couper le souffle. Il n’a plus été utilisé dans sa pleine dimension depuis le 18 janvier 1807 et le baptême de l’infante Anne de Jésus Marie de Bragance, fille cadette du roi Jean VI de Portugal. Jusqu’à ce jour. "Joana et moi, nous avons une passion pour l’orgue, nous avons été portés par cette musique céleste pendant toute la célébration." À commencer par l’entrée de la fiancée, aux accents des Feux d’artifice royaux de Haendel.
Joana de Sotto-Mayor a dessiné elle-même sa robe de mariée
Fille de José Alberto de Sotto-Mayor et Dalila Alexandra de Spinola Moreira, commandeur et dame de l’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, Maria Joana de Spinola Moreira de Sotto-Mayor s’avance d’abord au bras de son frère, José Diogo, pour remonter l’interminable nef menant au pied du maître-autel.
Puis son père, contraint d’utiliser une canne depuis quatre ans, prend le relais pour mener Joana jusqu’à son fiancé. "Elle était éblouissante. Sa robe, réalisée par l’Atelier Sophia Galen, de Vienne, son diadème, ses souliers, elle a tout dessiné elle-même. Je la reconnaissais dans chaque détail, du 100 % Joana."
Car la jeune femme qui a grandi à Sintra, à une vingtaine de kilomètres de Mafra, dans la Quinta familiale, entourée de chiens et de chevaux, a obtenu une maîtrise d’histoire de l’art chez Christie’s à Londres et à l’université de Glasgow. Elle travaille dans son propre studio, où elle explore le dessin animalier et le portrait. Pour son mariage, elle n’a pas seulement dessiné ses deux tenues de la journée, mais aussi conçu et illustré le livret de messe et le menu du dîner, avec un talent et un humour certains.

Avec Heinrich, elle a choisi pour la messe une première lecture qui leur ressemble, autour de l’amour et du pardon, la lettre de saint Paul aux Colossiens. "Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous mutuellement, et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même. Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection..."
Une cérémonie joyeuse et émouvante
La proclamation de l’Évangile selon saint Matthieu ramène les fiancés à l’abandon en Dieu et à cette nature qui leur est chère. "Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers et votre Père céleste les nourrit."
Impossible, en cet instant, pour Joana, de ne pas penser à ce jour de septembre 2019 où Heinrich lui a fait sa demande en mariage au cours d’une randonnée en Norvège. "C’était merveilleux, les paysages, l’atmosphère sont très différents de ce que l’on connaît dans le sud de l’Europe. Heinrich est quelqu’un de très sincère, plein d’humour. J’adore les chiens, et il est attentif à eux. S’il est bon pour les chiens, il est bon pour moi."

En débutant son homélie, le père Thomaz de Souza Cabral Fernandez, amène un sourire sur tous les visages : il avait un billet pour le match de la Coupe d’Europe du jour, Allemagne-Portugal, mais il est quand même venu recueillir le consentement des époux, préférant une communion Allemagne-Portugal à la confrontation sportive.
Parmi l’assistance, l’on reconnaît le prince Marc-Emanuel de Croÿ et son épouse Délia de Brissac, mariés de fraîche date, Guy delle Piane et la princesse Xénia de Croÿ, le prince héréditaire Carl Philip de Croÿ et le 15e duc de Croÿ, la princesse Beatrice et le prince Luitpold de Bavière, la princesse Anastasia de Croÿ et son plus jeune frère Alexander, le comte Maximilien d’Andigné et son épouse Sophie de Wurtemberg, le prince Gundakar de Liechtenstein et son épouse Marie de France, le duc de Bragance, chef de la maison royale de...
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