Vendredi 4 mars, à 5 heures et demie du matin, vous partez au volant d’une camionnette vers la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Tout s’est décidé très vite…
Trois jours avant, j’étais à Lisbonne pour mon travail, lorsque je me suis dit qu’il fallait agir. En quelques heures et après beaucoup d’échanges WhatsApp, nous étions organisés. Jeudi soir, je suis arrivé à Bückeburg [capitale de la principauté allemande de Schaumbourg-Lippe, ndlr] et vendredi matin nous partions avec un ami avocat d’Hamelin au volant d’une camionnette remplie de médicaments, de nourriture et de vêtements récoltés dans la région. Nous avons roulé 1.200 kilomètres jusqu’à Cracovie pour retrouver le bus médicalisé de l’ONG Veritas. Samedi matin, nous étions ensemble à la frontière pour transférer notre chargement aux Ukrainiens.
Êtes-vous parti dans le cadre d’un organisme précis ?
Oui, sous la houlette d’Interhelp, une ONG fondée en 1993, au moment de la guerre des Balkans, par plusieurs personnes dont ma mère. Depuis vingt ans, mon père en est le président. Interhelp a pour vocation d’agir dans l’urgence auprès des populations victimes de la guerre, au Sri Lanka, aux Philippines ou au Népal, et maintenant en Ukraine. En 2017, nous avons participé avec ma mère à un rallye Londres-Oulan-Oude, au nord de la Mongolie, dans le but de lever des fonds. Depuis toujours, mon père et ma mère sont pour moi de vrais modèles de générosité et d’action envers les autres.
Qu’avez-vous ressenti en arrivant en Ukraine ?
J’ai compris que plus que des vivres et des médicaments, les gens voulaient surtout fuir vers l’ouest. Tout le samedi, nous sommes restés aux abords de la frontière pour comprendre comment agir au mieux tandis que le bus-hôpital de Veritas est parti vers Kiev. À l’heure qu’il est, j’espère qu’il se trouve sur place et peut être utile. Sur la route du retour, nous étions entourés de voitures ukrainiennes.
À Bückeburg, votre mission s’est donc poursuivie…
Face à l’afflux de réfugiés, nous avons mobilisé le maire de la ville et la Croix-Rouge et mis à leur disposition le château de Baum, un ancien relais de chasse, propriété de ma famille, situé à une dizaine de kilomètres au nord de Bückeburg. Il n’est pas immense, mais on y distribue des repas, quelques familles peuvent y dormir et reprendre des forces en attendant de trouver une solution plus pérenne. Rien que pour la journée d’hier, une centaine de personnes y sont passées. Certaines ont trouvé refuge dans la ville, mais il faut veiller sur elles. Lundi dernier, la sirène a retenti comme chaque semaine à midi, provoquant la panique d’une femme qui est partie sur le champ avec ses enfants et a marché dix kilomètres.
Qu’allez-vous faire maintenant ?
J’espère être bientôt de retour sur le terrain, dès que mon travail au sein d’une start-up dans le domaine du transfert des données informatiques me laissera un peu de temps. Je suis impressionné et inspiré par la bravoure du peuple ukrainien. Ce "petit" pays obligé de supporter un conflit qui le dépasse, a besoin de nous.
Pour aider la population ukrainienne :
INTERHELP www.interhelp.info
CROIX-ROUGE FRANÇAISE www.croix-rouge.fr
PREMIÈRE URGENCE INTERNATIONALE www.premiere-urgence.org
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