L’Italie que vous aimez tant est durement touchée par le Covid-19. Quel est votre sentiment?
La duchesse de Castro: Je ressens une tristesse immense. En tant qu’Italienne, cela me touche en plein cœur. Pour moi, c’est une catastrophe. J’avais moi même sous-évalué l’ampleur de cette épidémie, comme beaucoup d’entre nous. Mais au-delà de la peine, j’éprouve aussi de la fierté. L’Italie, qui a été le premier pays européen frappé après la Chine, fait face de façon rigoureuse et extrêmement courageuse. Les habitants se sont unis et mis à l’arrêt tout de suite. Confronté à une situation totalement inédite, le pays a su affronter les difficultés et montrer l’exemple.
Le duc de Castro: C’est un moment très dur. Voir les chiffres qui augmentent de jour en jour est terrible. Nous avons eu un petit espoir récemment en voyant les courbes diminuer, mais elles ont finalement fini par remonter… Le virus sévit particulièrement dans le nord de l’Italie, j’espère de tout cœur que le sud sera préservé. Cela pourrait avoir des effets plus catastrophiques encore. Même si les Italiens sont très soudés et qu’on ne parle plus en ce moment de nord et de sud, une disparité perdure entre les deux. Cette situation est vraiment difficile.
Vous êtes confinés à Paris avec vos deux filles, comment gardez-vous le contact avec vos proches en Italie?
La duchesse de Castro: Nous avons encore la chance de pouvoir communiquer. Avec mes filles, nous passons beaucoup de temps au téléphone avec des amis, des parents. Le problème reste de ne pas pouvoir se voir, se toucher. Cette situation montre bien à quel point l’humain est fait pour être ensemble. Rien ne remplace le contact, le fait de s’embrasser, de se serrer dans les bras… Je regrette un peu de ne pas être en Italie auprès de ma mère, notamment. C’est dur. Mais nous profitons aussi de ce confinement pour passer du temps en famille, réfléchir, cuisiner de bons plats italiens… Nous essayons de rire aussi. Il ne faut pas perdre l’espoir, ni le sourire. Nous devons rester positifs.
Madame, vous postez de nombreux messages de soutien sur les réseaux sociaux, à destination des personnels de santé, mais aussi de la population italienne. Pourquoi est-ce important pour vous de montrer votre solidarité?
C’est justement dans ces moments dramatiques que l’on se dit: "On ne sait jamais." Nous ne savons pas si nous serons encore là demain. Cela fait réfléchir. Et puis cette situation réveille une envie de s’exprimer, c’est presque un besoin, une nécessité. Surtout, il faut se soutenir les uns les autres. C’est peut-être la seule chose que beaucoup d’entre nous pouvons faire depuis la maison.
Quelle aide concrète apportez-vous au peuple italien?
Le duc de Castro: J’ai souhaité m’engager personnellement avec l’ordre Constantinien en lançant une collecte de fonds* destinée à aider des hôpitaux du pays disposant de moins de ressources. Trois établissements seront aidés: un à Naples, un autre en Sicile et le dernier en Calabre. J’ai sollicité toutes mes délégations régionales en Italie, européennes et américaines, car j’ai estimé que c’était vraiment le moment de réunir nos forces. C’était pour moi un devoir. Dans ces moments-là, il faut faire de son mieux, même s’il s’agit de petites aides.
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Nous parlons beaucoup de l’Italie, mais il y a aussi la France et l’Espagne, deux pays auxquels votre famille est profondément liée, qui sont eux aussi touchés de plein fouet par le coronavirus…
La duchesse de Castro: J’exprime à leur égard une immense solidarité. Je suis bien sûr proche de ces deux pays auxquels nous sommes apparentés et dans lesquels je me rends très souvent. Avec l’Italie, ce sont pour moi trois des plus beaux pays au monde. Le coronavirus frappe vraiment au cœur de mes affections. C’est une très grande tristesse. Ce qui m’affecte aussi, c’est la désorganisation sociale et globale avec laquelle le monde affronte cette catastrophe. Tous les pays ne sont pas sur la même longueur d’onde, chacun opte pour un timing et des règles différentes. Je pense qu’une coordination planétaire est nécessaire.
Comment imaginez-vous l’après?
Notre monde était arrivé à saturation. Il y avait selon moi un déséquilibre évident. Cette terrible épidémie remet tout à plat. Sur ce point-là, je souhaite être positive. Il est trop tôt aujourd’hui pour parler de la période post-confinement, mais je suis sûre qu’il y aura un renouvellement général et l’émergence d’une nouvelle ère. Beaucoup de choses devront être refaites, repensées. La reconstruction promet d’être dure, mais si nous pouvons l’affronter en étant plus humains et un peu moins égoïstes, sans doute y arriverons-nous plus facilement.
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