Qui est Douglas Emhoff, l'époux de Kamala Harris ?

Il a mis sa carrière entre parenthèses pour soutenir pleinement l’ascension de son épouse au poste de vice-présidente des États-Unis. À la veille de l’investiture du 20 janvier prochain, l’époux de Kamala Harris se prépare à devenir le premier "Second Gentleman" de l’histoire américaine. Une fonction inédite dont les contours restent à inventer.

Par Estelle Lenartowicz - 14 janvier 2021, 08h30

 À Oakland, le couple salue la foule lors du premier meeting présidentiel de la candidate qui tient dans ses bras sa petite-nièce Amara.
À Oakland, le couple salue la foule lors du premier meeting présidentiel de la candidate qui tient dans ses bras sa petite-nièce Amara. © San Francisco Chronicle/Hearst Newspapers/Getty Images

Il n’a jamais voulu se mettre en avant, encore moins risquer de lui faire de l’ombre. "Je suis un type normal. Un avocat, un mari et un père de famille. En aucun cas un politicien", répète-t-il dans les interviews accordées depuis qu’en 2019 son nom est sorti de l’anonymat. À 56 ans, Douglas Emhoff – il préfère qu’on l’appelle Doug – a consacré chaque minute des deux dernières années à œuvrer pour la carrière publique de son épouse Kamala Harris, candidate aux primaires démocrates ensuite nommée colistière de Joe Biden.

Pendant des mois, il la suit dans ses meetings, se prend au jeu des poignées de main, monte à l’estrade, arbore des tee-shirts à slogan et fait preuve d’une constance qui lui vaut d’être surnommé "The Good Husband" – "le bon mari " – par une presse anglo-saxonne conquise. "C’est un homme moderne qui ne craint pas de s’afficher d’abord dans son rôle d’époux et de père épanoui, à contre-pied des représentations traditionnelles", commente une spécialiste du genre en politique sur l’antenne de CNN.

Avocat fortuné installé à Los Angeles, Doug Emhoff s’est spécialisé en droit des loisirs et du spectacle. © Hyoung Chang/Getty Images
Avocat fortuné installé à Los Angeles, Doug Emhoff s’est spécialisé en droit des loisirs et du spectacle. © Hyoung Chang/Getty Images

À plus d’un titre, le couple Harris-Emhoff incarne l’ouverture et le renouveau défendus par le camp démocrate. Mais qui se cache derrière le discret gentleman qui partage la vie de la future vice-présidente depuis bientôt huit ans ?

Un avocat spécialisé en droit du divertissement

Né à New York – exactement une semaine avant Kamala – dans une famille juive américaine de la classe moyenne, Douglas a grandi à Brooklyn, puis dans le New Jersey et à Los Angeles, où son père, Michael, crée des chaussures pour femmes.

Son enfance, qu’il décrit comme "parfaitement ordinaire et heureuse", se déroule au rythme de semaines studieuses et de week-ends sportifs. Adolescent, le garçon travaille chez McDonald’s pour participer au financement de ses études de droit à l’université de Californie. Diplômé de Northridge et de la Gould School of Law, il devient avocat spécialisé en droit du divertissement.

Pour les cabinets Venable puis DLA Piper, il défend les intérêts de firmes et personnalités du petit écran – dont un candidat de l’émission The Real Housewives – mais aussi des entreprises de l’agroalimentaire et du secteur pharmaceutique. D’après le magazine Forbes, ses revenus s’élèveraient à plus d’un million de dollars annuel.

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Avant de rencontrer Kamala, il a été marié à la directrice d’une société de production avec laquelle il a eu deux enfants : Cole, aujourd’hui âgé de 26 ans, et Ella, 21 ans. Divorcé en 2008, l’ancien couple serait resté en "bons termes". En 2013, célibataire depuis cinq ans, le quadragénaire fait la connaissance de Kamala par l’entremise d’une amie commune, convaincue que "ces deux-là s’entendraient à merveille".

"Tu me plais et j’aimerais voir si cela peut marcher entre nous"

Le premier contact se fait par téléphone : "Son message vocal, que j’ai toujours sur mon portable, était long et un peu décousu. Mais il m’a donné l’impression d’être quelqu’un de bien. J’ai eu envie d’en savoir plus, alors je l’ai rappelé", se souvient Kamala dans son autobiographie. La conversation dure plus d’une heure. "Il n’avait en lui aucune arrogance ou vantardise. Il semblait naturellement bien dans sa peau. Cela m’a plu immédiatement", raconte-t-elle.

En 2017, la sénatrice prête serment sur la Bible devant Joe Biden, alors vice-président des États-Unis. © Tom Williams
En 2017, la sénatrice prête serment sur la Bible devant Joe Biden, alors vice-président des États-Unis. © Tom Williams

Après leur premier rendez-vous, il lui envoie un mail, avec son emploi du temps des prochains mois : "J’ai passé l’âge de faire semblant ou de jouer à des petits jeux. Tu me plais et j’aimerais voir si cela peut marcher entre nous", lui écrit-il. Ils se revoient, et très vite, Douglas veut lui présenter ses enfants. Kamala refuse. "Ayant connu un divorce dans mon enfance, je sais à quel point il est difficile de voir l’un de ses parents fréquenter un nouveau partenaire." 

Le couple à la Marche des fiertés de San Francisco, en 2019. © Justin Sullivan
Le couple à la Marche des fiertés de San Francisco, en 2019. © Justin Sullivan

Ils s’engagent alors à continuer à se "voir régulièrement pendant six mois, puis à réévaluer notre relation après cette période". En mars 2014, à la veille de vacances communes en Italie, Doug bouscule ses plans – faire sa demande sur le Ponte Vecchio, à Florence – et s’agenouille dans l’appartement de Kamala, à San Francisco. "J’étais concentrée sur le choix du dîner à emporter et je n’ai pas compris ce qui se passait", explique la procureure générale de Californie.

La cérémonie a lieu l’été suivant au palais de justice de Santa Barbara. "Conformément aux traditions juives et hindoues, j’ai posé une guirlande de fleurs autour du cou de Doug et lui a brisé un verre avec son pied." 

Une famille recomposée et progressiste

Au côté de Kamala, Doug prend conscience de la persistance des inégalités sociales, notamment quand il n’a aucun mal à passer les douanes à l’aéroport. "Tu te rends compte que cela n’arriverait pas si tu n’étais pas blanc ?", lui rappelle sa femme, fille d’un père jamaïcain et d’une mère indienne. Ensemble, ils veulent incarner la famille moderne, recomposée et progressiste. Et précisent que leur dernier Thanksgiving s’est tenu en la présence chaleureuse de l’ex-femme de Doug.

Cole et Ella surnomment leur belle-mère "Momola", soit "le titre qui compte le plus pour moi", comme souligné dans son premier discours de colistière. Très impliqué dans la campagne, Douglas ne s’est lui pas exprimé sur le rôle officiel qu’il endosserait une fois son épouse arrivée au pouvoir. Pour l’instant retiré de ses activités d’avocat, il vient d’accepter un poste de "Visiting Professor" à la faculté de droit de Georgetown, une prestigieuse institution située à quelques rues… de la Maison Blanche.

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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