Gabriel Attal : "Ne pas respecter les animaux met en danger la biodiversité"

Le jour de l’adoption de la loi contre la maltraitance animale, le porte-parole du gouvernement visitait un refuge de la Fondation Brigitte-Bardot, dans les Yvelines. Une initiative chère au cœur du benjamin du gouvernement qui s’est toujours mobilisé pour cette cause.

Par Jérôme Carron - 30 décembre 2021, 08h24

 Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, dans le jardin du ministère avec la poule Rosa.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, dans le jardin du ministère avec la poule Rosa. © David Atlan

À Bazoches-sur-Guyonne, dans les Yvelines, le soleil fait son apparition sur les 3 hectares de l’ancienne maison de campagne de Brigitte Bardot, transformée en refuge pour 700 animaux. Des chiens, des chats, des moutons, mais aussi des chèvres et une basse-cour sont soignés et choyés dans cet écrin de verdure. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal est en terrain connu.

"La dernière fois, j’aurais pu repartir avec un chien", s’amuse-t-il. Au cours de sa visite, il échange au téléphone avec l’actrice pour lui confirmer que les décrets de la loi en faveur du bien-être animal adoptée le jour même seront promulgués rapidement. Sur le chemin du retour, il répond à nos questions.

Vous avez grandi à Paris. Comment s’est développé votre rapport aux animaux ?

Tout d’abord grâce à Vendredi, le labrador femelle de mon enfance, avec laquelle j’avais un lien très fort. C’est avec elle que j’ai compris qu’un animal était bien plus qu’une compagnie ou une présence. Mes parents m’emmenaient souvent à la campagne. Il y avait une ferme pas loin de chez nous et j’aimais y passer du temps avec les vaches, les poules...

Brigitte Bardot en 1991
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Comment en êtes-vous venu à défendre leur cause ?

Il y a plusieurs manières d’agir. L’engagement associatif ou la politique par exemple. J’ai choisi la seconde. Dès que j’ai été élu député en 2017, j’ai retrouvé d’autres parlementaires comme Aurore Bergé, Claire O’Petit, Loïc Dombreval ou Laëtitia Romeiro Dias, prêts à s’engager pour le bien-être animal. L’année suivante, j’ai mené mes premiers combats en portant des amendements aux fins d’interdire le broyage des poussins, la castration à vif des porcelets et de permettre l’installation de caméras dans les abattoirs. Hélas, ils ont été rejetés. Mais je ne suis pas du genre à baisser les bras. Quand je suis entré au gouvernement en 2018, comme secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, j’ai mis les pieds dans le plat et ai abordé le sujet au Conseil des ministres. Certains de mes collègues ont eu des regards perplexes, mais le président de la République m’a écouté très attentivement. Depuis, et sous son impulsion, nous avons fait des pas de géant : ces pratiques sont désormais interdites et la nouvelle loi contre la maltraitance animale renforce les sanctions contre les sévices à l’encontre des bêtes et lutte contre l’abandon.

Gabriel Attal lors de sa visite au refuge de la Fondation Brigitte-Bardot dans les Yvelines.
Gabriel Attal pose avec Christophe Marie, porte-parole du refuge, la directrice Ghyslaine Calmels, et la députée Aurore Bergé, à Bazoches-sur-Guyonne. © David Atlan

Que prévoit-elle ?

Il s’agit de protéger les animaux et de responsabiliser les hommes. Il deviendra bientôt nécessaire de signer un certificat d’engagement et de connaissance pour les personnes qui souhaitent adopter un animal. La vente des animaux de compagnie en animalerie sera interdite en France dès 2024 et il y aura un encadrement drastique de la vente sur Internet. Nous avons aussi prévu l’interdiction de la détention et du spectacle d’animaux sauvages dans les cirques itinérants d’ici 2028, et la fin des exhibitions d’orques et de dauphins d’ici 2026, sans oublier l’arrêt des élevages de visons pour leur fourrure.

Faut-il aller plus loin ?

Cette loi est une étape historique, mais il y a toujours des points sur lesquels on peut aller plus loin. Il reste la question de la chasse par exemple. Je ne suis pas chasseur, mais suis contre son interdiction. Cette pratique peut être encadrée et se dérouler en harmonie. Il faut être sensible aux retours d’élus locaux ou d’agriculteurs pour qui une prolifération de sangliers ou de chevreuils peut avoir un impact dévastateur sur les terres ou même sur la sécurité routière. En revanche, je crois qu’il faut mettre fin à la chasse en enclos, dans laquelle les animaux n’ont aucune chance.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal caresse un chat au refuge de la Fondation Brigitte-Bardot.
Gabriel Attal dans l’espace réservé aux chats du refuge de la Fondation Brigitte-Bardot. © David Atlan

Pensez-vous que les animaux sont intimement liés à la nature ?

Ne pas respecter les animaux ni défendre les écosystèmes, c’est mettre en danger le vaste ensemble de biodiversité dont nous faisons tous partie. Je crois profondément que les bêtes sont un bienfait pour l’homme. Nous l’avons vu lors de notre visite dans le refuge tout à l’heure. La directrice nous a présenté ce jeune handicapé, très perturbé à son arrivée et qui a pu trouver un apaisement en travaillant à leurs côtés. Leur présence auprès de personnes âgées, malades ou handicapées, apporte un grand bénéfice. La relation à l’animal aide à se découvrir, mais aussi à retrouver une part de soi-même.

Selon certains, l’homme est supérieur aux animaux. Qu’en pensez-vous ?

Je ne suis pas antispéciste. Je ne mets pas l’homme et l’animal sur un pied d’égalité. Mais je suis d’avis qu’ils ont droit à une considération et à une dignité. Nous voulons faire avancer les droits humains et je suis convaincu que ceux des animaux suivent leur sillage.

Gabriel Attal et Aurore Bergé nourrissent des chèvres dans le refuge de Brigitte Bardot dans les Yvelines.
Aurore Bergé et Gabriel Attal nourrissent des chèvres, lors de leur visite à Bazoches-sur-Guyonne. © David Atlan

Avez-vous des animaux de compagnie ?

J’aimerais avoir un chien, mais mon emploi du temps ne me le permet pas. Au ministère, j’ai un coq, Doudou, et une poule, Rosa. Je tente de les nourrir le matin, dès que j’en ai l’occasion !

Comment sont-ils arrivés là ?

Édouard Philippe avait offert un coq à mon prédécesseur, Christophe Castaner. C’était une forme de clin d’œil au surnom "mon poulet", que ce dernier donnait parfois au Premier ministre (sourire). Et l’ancien porte-parole ne voulait pas que Doudou reste seul, il lui a donc trouvé une poule, Rosa !

Gabriel Attal pose en compagnie de la poule Rosa, dans le jardin du ministère.
Le porte-parole du gouvernement dans le jardin du ministère avec la poule Rosa. © David Atlan

Quel est votre animal favori ?

Je m’intéresse aux dauphins depuis toujours. Ma mère a retrouvé une vidéo de moi à 8 ou 9 ans dans laquelle je fais un exposé en classe sur ces cétacés. C’est une véritable fascination.

Avez-vous un animal totem ?

Le faucon, peut-être. C’est un messager indépendant, mais qui sait être loyal.

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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