Margaret et Pippa, les alter ego de l’ombre
"Après toutes ces années, je joue encore la suppléante. Je ne serai jamais que la deuxième, jusqu’à ma mort", disait, fataliste, la princesse Margaret à une confidente. Elle avait beau pester, la cadette des Windsor savait depuis toujours que l’ordre de succession ne fait pas d’ex æquo. Elle l’a même accepté. Éduquée pour rester fidèle à sa sœur et à cette Couronne qu’elle ne coifferait jamais, Margaret avait intégré son rôle au point de renoncer à son premier amour, par loyauté. Née quatre ans après sa sœur Lilibet, la flamboyante Margo aurait pu s’émanciper, mais ne s’est jamais résolue à couper le cordon. Complices malgré leurs différences, les filles de George VI grandissent fusionnelles, "impénétrables aux yeux de tous, sauf l’une pour l’autre", écrit Andrew Morton dans Élisabeth et Margaret, dans l’intimité des sœurs Windsor.

Pour préserver ce lien, la cadette endosse sa charge de seconde, mais compense en s’autorisant, en privé, toutes les libertés dont son aînée ne peut même pas oser rêver. "Dans les années 1960, Margaret était la femme la plus glamour du Swinging London", rappelle Morton quand on l’interroge sur la délicate position de cadette. "À l’heure où elle rentrait se coucher, sa sœur ouvrait ses red boxes et se mettait au travail. Laquelle devait jalouser l’autre?" Margaret sort, danse, s’enivre, fume, enchaîne conquêtes et séjours dans les îles… à s’en brûler les ailes. Plus l’une semble frivole, plus l’autre est confortée comme symbole de stabilité. Malgré les frasques et les querelles, les sœurs Windsor traversent publiquement toutes les épreuves, unies par leur précieuse intimité. "Margaret a dédié la fin de sa vie à sa sœur et à la monarchie", insiste Morton. La souveraine lui remettra d’ailleurs, en 1990, la Royal Victorian Chain, signe de reconnaissance personnelle d’une vie de sacrifices. Un honneur rare.

Elles ne sont pas nées de sang royal, mais les sœurs Middleton aussi grandissent fusionnelles, dans une famille soudée. Elles sont pensionnaires ensemble en primaire, dans la même équipe de hockey au collège, jeunes actives colocataires à Londres… Morton souligne que Pippa partage avec Margaret "le sens de la loyauté, du soutien. Pendant la rupture entre William et Kate, c’est elle qui incitait sa sœur à sortir et l’accompagnait partout. Elle l’a aidée à garder le moral, et à prouver à William ce qu’il perdait." Au lendemain du mariage de Kate, le 29 avril 2011, Pippa accède à la notoriété par l’entremise d’une robe de demoiselle d’honneur particulièrement bien ajustée. Propulsée "chute de reins de l’année" en une des tabloïds, elle pourrait succomber à l’appel de la gloire, de la téléréalité et autres propositions commercialement alléchantes. Elle en profite pour publier un livre et signer quelques chroniques dans les médias, mais très vite, la cadette apprend à garder sa place. "Il serait vain de rivaliser, Pippa ne gagnera jamais face à la future reine. Dans sa nécrologie, on la présentera encore comme la sœur de Kate Middleton", prophétise Morton.

Lucide, elle laisse alors la vie publique à sa grande sœur. Si désormais elles s’affichent peu ensemble, la duchesse de Cambridge et sa cadette entretiennent encore, dans l’intimité, une relation très privilégiée. Elles se téléphonent, organisent des vacances communes et viennent toutes deux de réemménager, avec leurs trois enfants, dans le Berkshire de leur enfance. Pippa et son très fortuné mari James Matthews vivront à quelques kilomètres de Kate et William, dans une immense demeure plus luxueuse encore que l’Adelaide Cottage, attribué aux Cambridge par la reine. Une demeure privée, dans laquelle eux seront libres.
Benedikte et Anne-Marie, s’exiler pour s’émanciper
Au Danemark, les princesses sont trois, comme les mousquetaires, ou presque. Petites, leur mère Ingrid les habille avec les mêmes tenues, mais de couleurs différentes. Il y a Margrethe, l’aînée, la créative, Benedikte, la cadette perfectionniste, et Anne-Marie, la discrète benjamine. Contre toute attente, la dernière est la première à s’émanciper. En 1963, un coup de foudre signe les fiançailles d’Anne-Marie avec Constantin, diadoque de Grèce. Qui est sacré roi des Hellènes avant même qu’ils n’aient le temps de convoler, faisant de la petite sœur de Margrethe de Danemark une reine par mariage, dès 1964. Elle vient à peine d’avoir 18 ans, et l’amour la porte à égalité de rang avec son aînée. Mieux, elle ceint la couronne huit ans avant elle. Benedikte, la cadette, s’éprend, quant à elle, d’un prince allemand sans couronne, mais immensément riche. Richard de Sayn-WittgensteinBerleburg saura satisfaire son cœur et son penchant pour la grande vie, alors qu’importe d’être reine ! Elle doit en revanche attendre que son aînée trouve, elle aussi, chaussure à son pied avant de pouvoir convoler, question de priorité. Les fiançailles de Benedikte ne sont annoncées que quelques semaines avant le mariage de Margrethe, au printemps 1967.

Dès la fin des années 1960, les trois sœurs vivent ainsi dans des pays différents, comme éloignées pour mieux s’affranchir. Benedikte ne renonce pourtant pas à sa place dans l’ordre de succession danois, ni à ses engagements. Au fond, la cadette est presque plus royale que la reine. Élégante jusqu’au bout des ongles et plus ordonnée que l’héritière, elle aime le cheval, la fourrure, les belles choses. Margrethe, que tout le monde appelle Daisy, qui fait du shopping chez Lidl et engloutit ses hot dogs avec les doigts avant d’allumer une cigarette, s’en amuse. "Elle est toujours impeccable. Mes vêtements attirent les taches, pas ceux de Benedikte. Elle me fait des remarques quand mes cheveux sont en bataille, les siens ne le sont jamais. Ils n’oseraient pas l’être!"

Depuis qu’elles sont toutes deux veuves, Benedikte est revenue s’installer à plein temps au palais. Au plus près de la reine. Sa timidité, couplée à une vie en exil, explique que leur benjamine, l’ancienne reine Anne-Marie de Grèce, se situe plus en retrait. Elle a élevé cinq enfants et pris soin de son époux au gré de leurs déplacements, mais ne manque jamais de retrouver, chaque année, sa famille au Danemark. La reine Ingrid avait instauré la tradition estivale des cousinades au château de Graasten, aujourd’hui Margrethe a pris le relais. Là, devenues chacune de leur côté des épouses et mères accomplies, les trois sœurs reforment, dans l’apaisement, le trio de leur enfance, couleurs complémentaires comprises. Et si l’aînée invite, c’est Benedikte, la seule princesse, qui pilote la voiturette de golf dans laquelle grimpent la souveraine du Danemark et l’ex-reine de Grèce.
Irène, le don de soi
Dans la maison royale de Grèce, où elle naît petite dernière de sa fratrie, la princesse Irène n’a de cesse de se dévouer à ses aînés. Au gré d’une saga familiale et monarchique chaotique, elle se révèle comme celle qui sait écouter, toujours prête à servir. La princesse devient la bonne samaritaine, dénuée d’ego, mais pas d’esprit. Au fil des ans, Irène joue tour à tour la demoiselle d’honneur au...
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