Comment a débuté votre implication dans cette aventure ?
Françoise Dumas : Cela a commencé assez tardivement. Le souverain nous avait d’abord demandés de nous occuper d’une petite partie de l’organisation, concernant l’accueil des invités et leur placement en vertu du protocole. Des choses étaient déjà établies, nous savions que le prince tenait à ce que la cérémonie religieuse ait lieu dans la cour du palais. Il restait cependant quelques interrogations à propos du dîner. Fin avril 2011, notre équipe a fait au prince une suggestion qui paraissait d’abord extravagante : utiliser la salle Garnier de l’Opéra de Monte-Carlo en lui ajoutant une terrasse éphémère face à la mer pour accueillir les cinq cents invités. Une chose que l’on ne fera peut-être plus jamais !
Quel esprit voulaient donner le prince et la princesse de Monaco à ce moment si important de leur vie ?
F.D. : Il fallait que cet instant conserve à la fois un esprit familial et chaleureux tout en prenant compte de la présence de trente-deux chefs d’État – présidents de la République ou rois et reines. Le prince souverain était à la tête de l’organisation, nous avions le soutien de la princesse de Hanovre et de la princesse Charlène qui nous indiquait comment elle envisageait la cérémonie. Et rien n’aurait été possible sans l’aide du palais, du Chambellan, le colonel Luc Fringant, ainsi que du Lieutenant-Colonel Philipponnat.

À quoi le prince et la princesse tenaient en particulier ?
F.D. : Nous avions été surpris que la cour du palais ait été choisie pour la cérémonie religieuse. C’était une idée du prince en personne, mais je ne pourrais vous dire quelle était la raison profonde de son choix. Je pensais que cela se passerait dans la cathédrale. Nous avons voulu conférer ce côté familial et relié à l’histoire de Monaco. L’autel, les fauteuils des mariés, la croix… tout venait de la chapelle du palais.
François Marcadé : Ils tenaient à ce que toute la population monégasque soit associée à l’événement. Dès le vendredi, des choses étaient organisées à leur intention.
F.D. : La cérémonie était retransmise sur la place du palais pour tous les Monégasques.

Quels étaient les défis de l’organisation de la cérémonie religieuse ?
F.D. : Huit cents invités y assistaient dans la cour elle-même, et autant étaient assis sur la place du palais. L’impératif le plus angoissant était de prendre en compte que la cérémonie était filmée en direct, en Mondovision. En ce début du mois de juillet, la température était redoutable. Avec ses équipes, François Marcadet a réalisé des prouesses techniques pour rendre cette cérémonie très recueillie.
F.M. : Nous étions plus de six cents à travailler sur le mariage, ce qui représente presque une personne par invité.
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Lorsque l’on aperçoit les invités prendre place, tout à l’air fluide…
F.D. : On n’imagine pas ce que représente la venue de tous ces chefs d’État à l’aéroport de Nice. Cela a pu avoir lieu avec la participation de la préfecture, de l’armée française et des autorités monégasques. Le Rocher était entièrement privatisé. Personne ne pouvait y monter hormis les voitures officielles.
F.M. : Et pendant la cérémonie, l’autoroute entre Nice et Monaco était fermée à la circulation pour permettre l’accueil des chefs d’Etat.

Comment avez-vous procédé pour transformer la cour du palais en cathédrale ?
F.D. : Il était merveilleux de pouvoir compter sur Monseigneur Barsi, l’archevêque de Monaco et le père Penzo, l’aumônier du palais. Ils nous ont donné beaucoup de conseils. Nous avions préparé des croquis pour présenter nos idées au prince souverain. L’autel était dans le grand escalier d’honneur et à partir de là, nous avons commencé à travailler.
Avez-vous pu prendre en compte la robe de mariée de la princesse Charlène ?
F.D. : Nous ignorions à quoi la robe allait ressembler, c’était une surprise. Nous savions cependant qu’elle avait une longue traîne. Nous avons pu faire des répétitions à laquelle la princesse Charlène a participé.
F.M. : Elle portait pour l’occasion une fausse traîne, ce qui nous a permis de régler la mise en scène de l’espace pour qu’elle puisse évoluer sans gêne entre les chaises.

La cour était aussi ornée de proteas, en hommage à la terre d’origine de la princesse Charlène…
F.D. : En effet, parmi les souhaits de la princesse, figurait l’évocation de l’Afrique du Sud, notamment grâce à ces fleurs typiques. Elles entraient dans la composition de tous les bouquets mais aussi des guirlandes disposées le long des arcades du palais.
Arrive alors la princesse au bras de son père, au milieu des invités. Tous les regards convergent vers elle. Que ressentez-vous à ce moment crucial ?
F.D. : En ce qui me concerne, je venais juste de terminer la prise en charge de tous les invités selon leur rang protocolaire. Chacun devait s’occuper de l’accueil d’un groupe. J’étais en charge de recevoir madame Chirac, le président Nicolas Sarkozy, Karl Lagerfeld, monsieur et madame Arnault que je connaissais bien… Depuis la porte d’entrée du palais, nous les conduisions vers leur place. Une fois tout le monde installé, nous avons pu assister à l’arrivée de la mariée, dont François a d’ailleurs dû donner le signal !
F.M. : Nous étions à ce moment entourés d’assistants avec des casques et micros, et nous pilotions tout ce qui se passait, y compris le "top" pour l’entrée de la mariée. Il fallait se coordonner avec Jérôme Revon, qui assurait la réalisation des images en Mondovision. Nous avions même un assistant vêtu d’une aube, très au fait de la liturgie et équipé d’une oreillette, posté auprès de l’archevêque. Il pouvait lui passer des messages pour accélérer ou ralentir la cadence !

Pensez-vous que le prince et la princesse aient pu, grâce à votre action en coulisses, ressentir pleinement l’émotion de cet instant ?
F.D. : Grâce aux répétions organisées en amont, je pense qu’ils connaissaient exactement le parcours, les positions de chacun. Ils avaient confiance dans toutes les équipes qui les entouraient, les nôtres ou celles du palais. Oui, je pense qu’ils ont pu se recueillir et profiter de ce moment. Les larmes de la princesse Charlène lorsqu’elle est allée porter son bouquet à Sainte-Dévote, illustrent bien les émotions de cette journée. La messe était magnifique. L’une des plus belle qu’on ait pu entendre.
L’autre temps fort de cette journée était la réception à l’Opéra de Monte-Carlo. Comment avez-vous ensuite appréhendé la liste des invités pour établir les plans de table ?
F.D. : Cette liste avait naturellement été établie avant notre arrivée, les invitations avaient...
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