Rencontre avec Mirko, Lukas et Tirso de Saxe-Cobourg, les petits-fils de Siméon de Bulgarie

Ils sont espagnols de naissance et bulgares de cœur. Quand Mirko, Lukas et Tirso de Saxe-Cobourg se retrouvent dans la demeure madrilène de leur enfance, ils renouent avec une forme d’insouciance et une complicité qui fait la joie de leurs parents, le prince et la princesse de Panagyurishte.

Par Fanny del Volta - 06 août 2021, 07h00

 Les princes Lukas (24 ans),
Tirso (19 ans) et Mirko de Bulgarie
(26 ans) avec leur mère,
la princesse de Panagyurishte,
dans leur jardin de Madrid.
Les princes Lukas (24 ans), Tirso (19 ans) et Mirko de Bulgarie (26 ans) avec leur mère, la princesse de Panagyurishte, dans leur jardin de Madrid. © Dusko Despotovic

L’endroit respire la quiétude. En plein Madrid, la maison du prince Kubrat de Bulgarie et de son épouse, la princesse Carla, a des airs de campagne, loin du monde. Des oiseaux pépient gaiement dans le jardin griffé de soleil. Sous un arbre, un jeune homme est plongé dans la lecture d’un ouvrage volumineux, Beyond Order : 12 More Rules for Life, de Jordan B. Peterson, un psychologue clinicien canadien.

Le prince Lukas et sa mère, la princesse de Panagyurishte. © Dusko Despotovic
Le prince Lukas et sa mère, la princesse de Panagyurishte. © Dusko Despotovic

Lukas de Saxe-Cobourg Gotha, puiné des princes de Panagyurishte et petit-fils du roi Siméon de Bulgarie, lève le nez à regret. "Ce genre d’essai me permet de déconnecter de la théorie. Entre philosophie et réflexions anthropologiques, il offre une autre façon d’aborder la psychologie humaine." Même en week-end, le prince Lukas de Bulgarie ne s’éloigne jamais complètement de son sujet d’études.

Lukas de Bulgarie veut devenir médecin psychiatre 

Diplômé en médecine à l’université de Navarre, le jeune docteur vient tout juste de fêter ses 24 ans. Le voici à présent en plein bachotage pour décrocher sa spécialité. "Psychiatrie serait le rêve. Je suis bien trop maladroit pour viser la chirurgie et la médecine clinique offre des face-à-face avec les patients que je trouve essentiels." 

Élève longtemps moyen, le prince avoue avoir dû batailler contre lui-même lorsqu’il a compris que soigner les autres serait le but sa vie. Une vocation née à l’adolescence, alors qu’il s’apprêtait à subir une énième opération de la jambe. "Une anomalie du tibia m’a contraint à la fréquentation assidue des hôpitaux. J’ai vite considéré les spécialistes qui s’occupaient de moi comme des héros. Rien n’était gagné à l’époque. Mes résultats scolaires étaient insuffisants."

Carla de Bulgarie, devant son portrait pop par Antonio de Felipe. Dans la maison où elle s’est installée après son mariage, elle apprécie de retrouver ses fils le temps d’un week-end. "La meilleure thérapie est de partager de bons moments avec les siens", chat et chien compris ! © Dusko Despotovic
Carla de Bulgarie, devant son portrait pop par Antonio de Felipe. Dans la maison où elle s’est installée après son mariage, elle apprécie de retrouver ses fils le temps d’un week-end. "La meilleure thérapie est de partager de bons moments avec les siens", chat et chien compris ! © Dusko Despotovic

Aujourd’hui, Lukas est fier de s’être surpassé. Tandis qu’il explique la façon dont son père, docteur en chirurgie digestive, lui a permis de progresser, sans aucune complaisance, lui enjoignant toujours de remettre en question son travail, quelques notes vigoureuses déchirent l’air, accompagnées de cris aigus : "Heeeelp !" 

Mirko et Tirso, musiciens dans l'âme

Les deux perturbateurs, qui n’ont en fait besoin d’aucun secours, sont Mirko et Tirso de Bulgarie, frères aîné et cadet de Lukas. Une guitare à la main, ils entonnent le tube des Beatles qu’ils chantent souvent ensemble.

Mirko se charge des basses. S’il a enseigné la musique à Tirso, qui a sept ans de moins que lui, le fils aîné de Carla et Kubrat de Bulgarie trouve à présent que son cadet est bien plus artiste que lui. "J’ai fait quinze ans de guitare. Lui a commencé voici trois ou quatre ans, mais joue bien mieux que moi. Il est très fort et possède une bonne culture musicale." 

Parmi les airs qu’ils aiment jouer, Lady Madrid de Pereza est l’un des préférés du benjamin de la fratrie. "Cette chanson est une ode à la capitale espagnole. Je l’adore. Et j’aime la ville où je suis né. Je ne pourrais jamais vivre ailleurs qu’ici."

Mirkos et Tirso baignent dans la musique depuis leur enfance. © Dusko Despotovic
Mirkos et Tirso baignent dans la musique depuis leur enfance. © Dusko Despotovic

À 19 ans, Tirso cache sous sa silhouette filiforme et son visage fin une énergie maîtrisée. S’il possède les traits de sa mère, ses frères s’accordent à dire qu’il ressemble à leur père. Comme Kubrat de Bulgarie, il est précis et organisé. "Il se moque de moi aux échecs, intervient Lukas. Je perds souvent contre lui car j’aime prendre des risques. Il me dit alors d’un ton exaspéré : réfléchis, Lukas, réfléchis !"

Le futur psychiatre n’a pas quitté sa table de travail. Depuis qu’il est de retour à Madrid, il s’astreint à un rythme quotidien de révisions acharnées, de 9h à 19h, avec une heure de pause pour le déjeuner. S’il parvient, en janvier 2022, à se hisser parmi les trois mille premiers sur les quinze mille étudiants présentant le concours, il aura non seulement une chance d’exercer un jour dans la spécialité de ses rêves, mais aussi de le faire à Madrid.

Mirko, chirurgien, suit les traces de son père 

Mirko, âgé de 26 ans, est déjà passé par là et a suivi les traces de son père pour devenir docteur en chirurgie digestive à l’hôpital San Carlos de Madrid. Il se souvient, comme si c’était hier, de sa toute première intervention, une appendicite sur une patiente de 22 ans. "L’opération a duré moins d’une heure. J’étais très nerveux au début mais, une fois lancé, cela allait. Lorsque tout a été terminé, j’ai ressenti une émotion très forte ; le sentiment d’avoir sauvé une vie."

D’aussi loin qu’il se souvienne, celui qui deviendra un jour prince de Panagyurishte à la suite de son père a toujours souhaité devenir chirurgien. "Mon père me fascinait. Il portait une blouse pour travailler et non un costume-cravate. Son rythme de vie était différent de celui des autres. Et je crois que j’ai toujours aimé le sang...", plaisante Mirko en agitant les mains devant lui comme si elles en étaient couvertes !

En 2020, l’aîné de la fratrie a également passé le concours United States Medical Licensing Examination. "Lorsque j’aurai terminé mon internat à Madrid, j’irais bien exercer un ou deux ans à New York." À la maison, les virus, les bactéries et autres organes sont l’un des principaux sujets de conversation lors des repas. "Ma mère et moi essayons de suivre, parfois tant bien que mal", sourit Tirso.

Tirso s'est orienté vers l’ingénierie des télécommunications

S’il a lui aussi l’esprit scientifique, il a préféré s’orienter vers l’ingénierie des télécommunications. "J’ai choisi cette voie en étant persuadé que les mathématiques apportent une meilleure compréhension du monde. Mais je voudrais travailler dans la finance. J’ai toujours aimé les chiffres. Le calcul est d’ailleurs ce qui me passionne dans les échecs." 

Enfant, Tirso de Bulgarie voulait devenir astronaute. "Je n’ai pas abandonné mon rêve de voyager dans l’espace. Un...

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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