Elle a tenu à être présente, à ses côtés, au cœur de la tourmente sanitaire, accompagnant une délégation restreinte de ministres et d’ambassadeurs américains. En ce 14 août 2020, le roi et la reine de Jordanie inaugurent ensemble le nouveau service des urgences de l’hôpital public Al-Bashir, à Amman, après trois ans de travaux. Dans un pays confronté à une triple crise, économique, géopolitique et migratoire, l’ouverture de ce nouveau département est accueillie comme une excellente nouvelle.
Au cœur de la capitale, 22.000 m2 flambant neufs, répartis sur quatre étages pour une capacité de 162 lits, dont un tiers est équipé de respirateurs dans l’unité de soins intensifs. Construit grâce au soutien financier des États-Unis pour subvenir à l’afflux massif de patients, le bâtiment comprend aussi un héliport pour les appareils d’évacuation sanitaire et un pont qui le relie à l’hôpital public principal.
Une reine au service de son peuple
Un nouveau pas dans l’entreprise de modernisation et de réforme amorcée il y a vingt et un ans par Abdallah II, avec l’aide infaillible de son épouse, l’ultra-populaire Rania. Actrice essentielle de son règne, elle n’a de cesse de porter un message d’unité, de stabilité et de progrès, contribuant à faire d’un petit pays sans ressource une nation qui rayonne sur la scène mondiale.
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Rien ne la destinait, pourtant, à monter sur le trône de Jordanie. Née d’un père médecin et d’une mère femme au foyer, Rania Al-Yassin grandit avec ses deux sœurs à Tulkarem, une ville arabe de Cisjordanie. Au milieu des années 1980, sa famille est contrainte de quitter le pays pour échapper à des frappes israéliennes. Une expérience marquante pour celle qui devra à nouveau s’exiler quelques années plus tard, cette fois pour fuir un Koweït envahi par Saddam Hussein.
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Scolarisée dans une école internationale, elle s’épanouit dans un environnement multiculturel et hésite un temps à s’engager dans une carrière de mannequin. Son baccalauréat en poche, elle s’envole finalement pour l’université américaine du Caire, où elle s’inscrit en administration des affaires, puis se spécialise en gestion d’entreprise à Genève. Tout juste diplômée, elle pose ses valises à Amman et travaille pour la Citybank, puis au service marketing du géant de l’informatique Apple.
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C’est par l’intermédiaire d’une collègue, qu’en 1991, la jeune femme de 22 ans fait la connaissance du prince Abdallah, au cours d’un dîner chez l’une des filles du roi Hussein. Le coup de foudre est immédiat. Ils se marient un an plus tard. "Nous croyons en les mêmes valeurs et sommes complémentaires", raconte le jeune homme dans une interview à la télévision australienne. À l’époque, le prince mène une carrière militaire et ignore qu’un jour il sera souverain, la couronne étant alors promise à son oncle Hassan.
Son combat pour les droits des femmes et l'éducation
Déjà désireuse de s’impliquer sur le plan caritatif, la princesse Rania multiplie les initiatives, créant notamment la Jordan River Foundation, une organisation qui soutient des programmes de développement pour les femmes et les enfants. C’est le début d’une longue série d’engagements humanitaires qui la conduisent à sillonner tant son pays que la planète –ce qui lui vaut quelques critiques– pour appuyer les droits des femmes et l’accès à l’éducation. "Il ne suffit hélas pas d’aller à l’école. Il faut recevoir un enseignement moderne, tourné vers les enjeux du monde de demain", insiste-t-elle à la tribune du Conseil de l’Europe, qui lui remet en 2008 le prestigieux prix Nord-Sud.

Quatre ans plus tôt, elle arrivait 13e au classement Forbes des 100 femmes les plus puissantes du monde. Parmi les combats auxquels elle s’attelle ces dernières années, la lutte contre les crimes d’honneur, considérés comme acceptables par encore 21% de la population jordanienne. Depuis le début de la guerre en Syrie –qui a provoqué l’installation de plus d’un demi-million de personnes dans le pays–, elle n’a, par ailleurs, de cesse d’interpeller la communauté internationale sur la nécessité d’une politique globale d’accueil des réfugiés.
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"Chaque matin, je me réveille en me disant que je dois être à la hauteur", confie-t-elle en 2010 au micro de la présentatrice star de la télévision américaine Oprah Winfrey. Très active sur Internet –son compte Instagram est suivi par plus de 6,1 millions de personnes–, elle a été l’une des premières figures royales à se servir des réseaux sociaux comme d’un propulseur de notoriété.

Ses publications mettent régulièrement en avant ses quatre enfants Hussein, Iman, Salma et Hashem, mais aussi ses relations privilégiées avec diverses personnalités publiques comme Michelle Obama, la reine Maxima des Pays-Bas ou encore son amie Salma Hayek –avec qui elle a mené plusieurs campagnes pour l’éducation.
Des prises de position qui lui valent quelques reproches
Très attrayants à l’international, son style de vie et ses prises de position progressistes ne font pas l’unanimité en son pays. Jugée trop occidentale par certains, trop pro-palestinienne par d’autres, la reine Rania fera en 2011 l’objet d’une pétition signée par plusieurs puissants notables et chefs traditionnels. Dans un pays où la population jordanienne est déjà minoritaire, l’influence et les actions de la reine, ouvertement favorable aux étrangers et à la diversité religieuse, sont en effet perçus comme néfastes.
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Depuis le Printemps arabe, Rania a recentré ses actions sur la sphère nationale et les enjeux internes au Moyen-Orient. Mais c’est d’abord auprès de sa famille –et dans son rôle de mère– qu’elle dit puiser la force de mener à bien ses projets. "J’ai à cœur que mes enfants connaissent leur histoire et partagent notre sens des responsabilités", insiste-t-elle dans un long entretien donné au Harper’s Bazaar Arabia en mars 2019. À 50 ans, c’est avec eux et pour eux, qu’elle souhaite faire la différence et relever les défis de demain.
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