Le grand-duc George de Russie et Victoria Romanovna Bettarini : mariage impérial dans la Russie des tsars

Le fils de la grande-duchesse Maria s’est uni à l’élue de son coeur sous les ors de la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg. Trois jours de festivités, de ferveur et d’émotion au cours desquels la famille Romanov a renoué les fils de l’Histoire en présence de nombreux représentants du gotha européen.

Par Jérôme Carron - 06 octobre 2021, 10h15

 Georgede Russie et VictoriaRomanovna dansla cathédrale Saint-Isaacde Saint-Pétersbourg le jour de leur mariage.
Georgede Russie et VictoriaRomanovna dansla cathédrale Saint-Isaacde Saint-Pétersbourg le jour de leur mariage. © Peter Kovalev/TASS/ABACAPRESS.COM

Il arrive seul sur l’interminable tapis rouge déployé au long de la nef. Dans ce décor grandiose de colonnes de malachite, d’icônes, d’or et de marbre, le grand-duc George se présente face à l’Histoire. Les chants religieux du choeur emplissent la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg.

À la place d’honneur, sa mère, la grande-duchesse Maria Vladimirovna de Russie. Ses yeux se lèvent vers le dôme adorné de représentations des apôtres. Son émotion est palpable. En ce lieu, son ancêtre Pierre le Grand épousait Catherine Ire en 1712 dans ce qui n’était alors qu’une église de bois, et, depuis plus de cent ans, aucun Romanov ne s’était marié en Russie.

LIRE AUSSI >> Le grand-duc George de Russie et Victoria Romanovna, en route vers le mariage !

Ce vendredi 1er octobre 2021, de nombreux invités sont présents pour assister à ce renouveau de la dynastie. Parmi eux, le roi Siméon de Bulgarie et la reine Margarita, accompagnés de leur belle-fille, la princesse Miriam, et de leur petit-fils, le prince Boris, le prince Léka d’Albanie et la princesse Elia, dom Duarte, duc de Bragance, la princesse Isabelle et leurs enfants, le roi Fouad d’Égypte, son fils Mohammed Ali et son épouse la princesse Noal d’Afghanistan, le prince David Bragation, héritier du trône de Géorgie, le prince Emanuele Filiberto de Savoie, le prince Charles-Philippe d’Orléans, le prince Joachim Murat… Un absent de marque, le père du grand-duc George, le prince Franz Wilhelm de Prusse, empêché par des problèmes de santé.

Victoria Romanovna Bettarini dans sa robe de mariée de la créatrice libanaise Reem Acra. Sa traîne de six mètres de long est brodée aux armes impériales. © Demyanchuk Alexander/Tass/ABACAVictoria Romanovna Bettarini dans sa robe de mariée dela créatrice libanaise Reem Acra.Sa traîne de six mètres de long est brodée aux armes impériales.© Demyanchuk Alexander/Tass/ABACA

À midi, les regards se tournent vers les immenses portes de bronze ouvertes à l’entrée de la cathédrale. Une apparition se dessine dans le soleil d’automne. Au bras de son père, Rebecca Bettarini, devenue Victoria Romanovna depuis son baptême orthodoxe, apparaît vêtue d’une robe en soie blanche italienne, lumineuse et sobre, dont la traîne brodée aux armes de la famille impériale, longue de six mètres, est tenue par six demoiselles d’honneur.

Son Excellence Roberto Bettarini, ancien ambassadeur d’Italie à Bruxelles, la confie au grand-duc George. Le fils de la grande-duchesse relève le voile de sa fiancée, épousée civilement la semaine précédente à Moscou. Le somptueux diadème d’or blanc, constellé de 438 brillants, d’un diamant ovale de 5 carats et d’un diamant poire de 2 carats, création de la maison Chaumet, brille de tous ses feux. Les regards qu’échangent les deux fiancés disent tout l’amour du monde.

Une cérémonie dans le respect du rite de l'’Église orthodoxe

Le métropolite de Saint-Pétersbourg leur présente les alliances en or russe, commandées à Sarah Fabergé, descendante et dirigeante de la célèbre maison de joaillerie, fournisseur des Romanov au temps des tsars. Le grand-duc passe l’alliance au doigt de Victoria Romanovna. Qui, pour sa part, s’y reprend à deux fois et réfrène un petit fou rire. Puis le métropolite lie leurs mains de son étole, avant que deux couronnes, les faisant symboliquement reine et roi de leur foyer, soient portées au-dessus de leur tête.

iA/i l’intérieur, les amies et témoins, dont Yulia Abrosimova au premier plan, portent des stefana, les couronnes qui les consacrent "roi et reine dans leur maison".&nbsp; © Niviere David/ABACAPRESS.COM<i>A</i> l’intérieur, les amies et témoins, dont Yulia Abrosimova au premier plan, portent des stefana, les couronnes qui les consacrent "roi et reine dans leur maison". © Niviere David/ABACAPRESS.COM

Comme le veut le rite de l’Église orthodoxe, les prières sont répétées trois fois. Le couple reçoit deux icônes, dont l’une de saint Isaac de Dalmatie, avant de se présenter devant l’assemblée. Varsonophiy, le métropolite de Saint-Pétersbourg, secondé par celui de Moscou et par monseigneur Jean de Doubna, représentant de l’Église orthodoxe russe en Europe occidentale, bénit cette union. Il souhaite "au serviteur de Dieu George et à la servante de Dieu Victoria une longue vie vertueuse et heureuse, couronnée par une descendance", avant d’inviter les mariés à s’embrasser.

Cérémonie d'union du Grand-duc George de Russie et Victoria Bettarini à la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg. © Demyanchuk Alexander/Tass/ABACACérémonie d'union du Grand-duc George de Russie et Victoria Bettarini à la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg. © Demyanchuk Alexander/Tass/ABACA

Les chants reprennent et des applaudissements envahissent la cathédrale. Un soleil glorieux salue la sortie des époux. George et Victoria Romanovna descendent les marches de la cathédrale sous la voûte d’acier constituée par la garde d’honneur de l’armée russe. Encouragés par les acclamations, ils s’embrassent à nouveau. Cette cérémonie est le point d’orgue des festivités commencées la veille, jeudi 30 septembre.

Ambiance féerique dans le palais Vladimir la veille du mariage

La première réception se déroule dans le palais Vladimir, au bord de la Neva. À cette occasion, Victoria Romanovna nous confie que "c’était notre rêve de nous marier à Saint-Pétersbourg. Lorsque les autorités religieuses nous ont demandé de le célébrer ici, c’est devenu le mariage de tous les Russes. Avec patience et enthousiasme, nous avons réuni les différentes parties impliquées pour réussir, entourés de nos amis et de nos proches, ce bel événement."

Le prince Aimone de Savoie-Aoste et le prince Emanuele Filiberto de Savoie. © David NivièreLe prince Aimone de Savoie-Aoste et le prince Emanuele Filiberto de Savoie. © David Nivière

Dans une ambiance féerique, parmi les marbres, les stucs à foison, le Premier ministre du Luxembourg, Xavier Bettel, échange avec Stéphane Bern. Le prince Charles-Philippe d’Orléans, le prince Emanuele Filiberto de Savoie et le prince Charles-Henri de Lobkowicz dégustent ensemble une coupe de Boërl & Kroff, dont les bouteilles sont aux armes du couple impérial, délicate attention du président de la maison de champagne, Stéphane Sésé.

Le prince Aimone de Savoie-Aoste et son épouse la princesse Olga de Grèce posent avec le prince héritier Boris de Bulgarie et Alfonso et Maria Francisca de Portugal. "Cela faisait longtemps que nous attendions ce mariage, ils sont vraiment faits l’un pour l’autre", s’enthousiasment le prince Joachim Murat et son épouse Yasmine.

La grande-duchesse Maria Vladimirovna et le prince Charles-Philippe d’Orléans. © David NivièreLa grande-duchesse Maria Vladimirovna et le prince Charles-Philippe d’Orléans. © David Nivière

Au début de la soirée, la grande-duchesse Maria Vladimirovna a remis la croix de l’ordre impérial russe de Saint-André au prince Joachim, à Léka d’Albanie, au roi Fouad et à Jean-Marie Musy, ambassadeur de l’ordre de Malte en Espagne. Et la mère du marié s’avoue émue "d’avoir attendu si longtemps avant de pouvoir organiser cette cérémonie ici".

Dans la grande salle de bal, un orchestre de chambre fait place à une cantatrice, canapés et douceurs se succèdent dans un ballet ininterrompu de serveurs ; les rires ponctuent des discussions qui passent de l’espagnol au russe, de l’anglais au français, sans oublier l’italien.

Hommages à la famille impériale de Russie

Le lendemain, après le mariage religieux, le grand-duc George, son épouse et la grande-duchesse Maria Vladimirovna déposent le bouquet de la mariée sur le tombeau du grand-duc Vladimir et de la grande-duchesse Léonida à la cathédrale Pierre-et-Paul.

Le grand-duc et son épouse déposent le bouquet d'orchidées de la mariée. © Peter Kovalev/TASS/ABACAPRESS.COMLe grand-duc et son épouse déposent le bouquet d'orchidées de la mariée. © Peter Kovalev/TASS/ABACAPRESS.COM

Au même moment, un cocktail est offert à l’hôtel Astoria. Le roi Siméon de Bulgarie remarque avec humour que "le mariage orthodoxe se déroule sans la Sainte Messe, c’est donc moins long… C’est un peu la résurrection de Saint-Pétersbourg car il n’y a pas eu de noces impériales depuis 1917."

Pour le Premier ministre luxembourgeois, "c’était une cérémonie emplie de traditions et de sentiments". "Ce lien entre l’Histoire et celle la Grande Russie est très émouvant", dit Charles-Henri de Lobkowicz, tandis que pour le prince de Venise, "c’est un très beau moment dans cette ville superbe et un plaisir de retrouver nos cousins et nos amis"....

Connectez-vous pour lire la suite

Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters

Continuer

Ou débloquez l'intégralité des contenus Point de Vue

Pourquoi cet article est-il réservé aux abonnés ?

Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

Mariage

Dans la même catégorie

Abonnez-vous pour recevoir le magazine chez vous et un accès illimité aux contenus numériques

  • Le magazine papier livré chez vous
  • Un accès illimité à l’intégralité des contenus numériques
  • Des contenus exclusifs
Voir les offres d’abonnement