La maison de Bade, une histoire romanesque

Depuis plus de mille ans la dynastie Zähringen, des margraves, électeurs et grands-ducs de Bade, écrit les chapitres d'une incroyable saga riche en rebondissements. Du pouvoir, de l'ambition, et des mystères... 

Par Gabriel de Penchenade - 12 janvier 2023, 10h13

 Maximilien de Bade, ici en 2018, est décédé le 29 décembre 2022, à l’âge de 89 ans.
Maximilien de Bade, ici en 2018, est décédé le 29 décembre 2022, à l’âge de 89 ans. © Thomas Warnack/DPA/ABACAPRESS.COM

La maison de Bade a une histoire aussi illustre que romanesque. La dynastie porte le nom de Zähringen, d’après un fief de la famille dont les ruines se dressent toujours au sommet de la colline du Rosskopf, non loin de la ville de Fribourg-en-Brisgau. Berthold Ier, dit "le Barbu", son premier ancêtre avéré, est né à l’aube du XIe siècle.

Stéphanie, une princesse française

Du fait de son soutien à l’antiroi des Romains, Rodolphe de Rheinfelden, durant la querelle des Investitures opposant la papauté au Saint Empire, il fut un duc contesté de Carinthie. Mais son petit-fils Hermann, mort en 1130, parvint finalement à établir durablement sa lignée à la tête du margraviat de Bade, un État frontière entre Alsace et Wurtemberg, sur lequel elle a depuis régné en qualité de margrave, électeur, et finalement de grand-duc par la grâce de Napoléon Ier, sans interruption jusqu’en 1918. 

L’empereur des Français, dans sa politique d’alliances aux anciennes dynasties européennes, décide en 1806 de marier le grand-duc héritier de Bade, futur Charles II (1786-1818), à sa fille adoptive, Stéphanie de Beauharnais, nièce de l’impératrice Joséphine, dont il vient de faire une altesse impériale et princesse française. Le jeune couple a cinq enfants, dont une fille, Marie, mariée au duc de Hamilton et arrière-arrière-arrière-grand-mère du prince Albert II de Monaco.

Nièce de l'impératrice Joséphine, Stéphanie de Beauharnais devient grande-duchesse de Bade en épousant le futur Charles II de Bade en 1806.
Napoléon Ier fait de Stéphanie de Beauharnais, nièce de sa femme, l’impératrice Joséphine, une princesse française. © akg-images / De Agostini Picture Library

Un fils aussi, né le 29 septembre 1812 et déclaré mort au berceau, le 16 octobre suivant. À la mort de Charles II, la Couronne passe à son oncle Louis Ier, débauché notoire que l’on disait "père de ses demi-frères" car amant présumé de sa propre belle-mère, la comtesse de Hochberg, seconde épouse morganatique du grand-duc Charles-Frédéric.

Caspar Hauser "l'enfant sauvage", un mystère non-élucidé 

C’est sous son règne, en 1828, qu’apparaît à Nuremberg le fameux "enfant sauvage" Caspar Hauser, adolescent mutique et désorienté, dont d’éminentes personnalités, parmi lesquelles le roi de Bavière, soupçonneront qu’il est le fils de Charles II et Stéphanie, auquel la comtesse de Hochberg aurait substitué au berceau un bébé mort.

Caspar, victime d’un premier attentat en 1829, meurt des suites d’une seconde agression, en décembre 1833. C’est alors Leopold (1790-1852), déclaré dynaste et héritier par Louis Ier – son père ou demi-frère ? – qui règne sur le grand-duché. L’énigme Caspar Hauser a depuis passionné les historiens et la presse…

L'"enfant sauvage" Caspar Hauser est né le 30 avril 1812 et est décédé le 17 décembre 1833 à Ansbach, en Bavière.
Caspar Hauser, un "enfant sauvage" aux mystérieuses origines. © akg-images

Des analyses ADN réalisées sur la chemise ensanglantée et les cheveux de "l’enfant sauvage", ont tour à tour invalidé, puis confirmé, son appartenance à la famille. Seule une nouvelle étude réalisée sur la dépouille du bébé inhumé dans la nécropole familiale du château de Pforzheim pourrait lever le voile… Feu le margrave Max de Bade s’y est toujours opposé.

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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