Il flotte comme un air d’été indien sur les collines de Sintra, mais que l’on ne s’y trompe pas. L’heure est à la rentrée dans la grande maison jaune du duc et de la duchesse de Bragance, cachée dans une ruelle de l’ancienne cité royale portugaise. Bien sûr, les restrictions liées au Covid-19 perturbent encore la marche des choses, mais les affaires ont déjà repris pour dom Duarte, dona Isabel et leurs trois enfants.
La mine bronzée, le prétendant au trône du Portugal assiste au ballet de ses ouailles. Ouf, le passeport de Dinis est localisé… Le fils cadet, 22 ans, s’envole demain pour Bruxelles afin d’étudier les sciences économiques et la sociologie. La capitale belge ne lui est pas inconnue puisqu’il vient d’y passer six mois en stage auprès du commissaire espagnol de la Communauté européenne. "De nos trois enfants, c’est peut-être le plus insouciant", remarque dona Isabel dans un sourire.

Le privilège du petit dernier, sans doute, pour celui qui est devenu un jeune homme au charmant sourire. "Cet été, j’ai vécu une aventure un peu folle, un voyage de 7.000 km dans le sud de l’Europe. Au départ de Nantes avec un ami espagnol, nous sommes partis vers Turin, puis Genève, Bologne, les Pouilles, Naples, Rome, la Toscane, le Sud de la France, puis Barcelone et finalement Séville ! Partout, nous avons été accueillis par des amis avec beaucoup de chaleur. Inoubliable !", s’exclame Dinis sous les yeux amusés de Chica, comme tout le monde appelle sa sœur Maria Francisca, 24 ans.
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Cette longue et fine beauté au naturel, diplômée en communication et marketing digital, a encore des étoiles dans les yeux en évoquant les deux mois qu’elle vient de passer à Paris. "C’était mon rêve! Découvrir la ville et améliorer mon français." Double mission accomplie, à voir sa mine réjouie.
"J’adore l’énergie de Paris, il se passe toujours quelque chose", poursuit-elle dans un français presque parfait. "Comme je tenais vraiment à parler, j’ai cherché un petit boulot et l’ai trouvé au Sunflower Café, tenu par un couple d’Iraniens installés depuis quarante ans en France. Chaque après-midi, c’était le bonheur. Chica par-ci, Chica par-là, tout le monde était adorable avec moi. J’ai aussi découvert Versailles, Chantilly, les grands châteaux, lors de pique-niques avec des amis."
Évidemment, Maria Francisca se verrait bien revenir à Paris et pourquoi pas y trouver un premier poste dans la communication. "Commence par mettre à jour ton CV", conseille sa mère.

Pour Alfonso, l’aîné de la famille, le chemin est tout tracé. À 25 ans, diplômé en sciences politiques et relations internationales, il s’apprête à reprendre le chemin de l’Université Nova de Lisbonne, afin d’y suivre un master en droit de la mer. Au programme : une année d’études et une autre consacrée à sa future thèse.
"En 2019, je me suis engagé pour un service militaire volontaire, huit mois qui m’ont permis de découvrir les trois armées, et surtout la Marine. Je suis passionné par la mer, mais le métier de marin n’est pas compatible avec mon futur rôle d’héritier", témoigne Alfonso.
"Des trois, il est le plus Bragance", renchérit donna Isabel, évoquant sa ressemblance frappante avec l’empereur Pedro II du Brésil, son aïeul par la mère de dom Duarte. Avec le léger recul qui est sa marque de fabrique, ce dernier écoute avec attention les propos de ses enfants. "Pour la vie de famille, tout passe par ma femme. Mais je suis toujours là pour discuter avec eux de leur orientation, des avantages et inconvénients de chaque voie."
Quel père est-il aux yeux du trio ? "Le meilleur que l’on puisse imaginer. Humble, ouvert aux autres, toujours prêt à nous transmettre sa passion pour l’histoire du Portugal, toujours de bonne humeur… sauf si l’on s’avise d’embêter notre mère!", sourit Chica.
"Nous avons toujours fait l'effort de protéger nos enfants"
Dom Duarte et dona Isabel ont d’ailleurs eu la surprise de découvrir leurs enfants sur le plateau de télévision où ils étaient interviewés en janvier dernier. Juste avant les élections présidentielles auxquelles ils ne votaient pas, le prétendant au trône du Portugal et son épouse répondaient aux questions des journalistes de l’émission Dois às 10, sur TV1, la chaîne la plus regardée du pays. Leur mariage célébré vingt-cinq ans plus tôt devant tout le gotha au monastère Dos Jerónimos de Lisbonne, le statut royal, l’avenir de leurs enfants…
Sur le plateau comme à Sintra, l’ambiance était détendue, chacun étant heureux de se retrouver en famille. "Nous avons toujours fait l’effort de protéger nos enfants, mais ici, au Portugal, tout est plus facile. Notre famille appartient d’une certaine façon au pays, mais ce n’est pas lourd à porter", confie dona Isabel.

"J’étais contente de leur faire la surprise, poursuit Chica. J’ai reçu une éducation très normale. Je ne parle que de ce que je connais et j’essaye toujours d’être authentique." Comme ses deux frères, elle attend le jour où tous repartiront en voyage sur la partie orientale de l’île indonésienne de Timor, si chère au cœur de leur père.
En 1999, dom Duarte a été de ceux qui ont contribué à "libérer" cette ancienne colonie portugaise de l’occupation de Jakarta. "C’est émouvant d’arriver de l’autre côté du monde et de sentir une connexion aussi forte. Là-bas, le portugais est langue officielle. Et lorsqu’en 2015 les Timorais ont commémoré les 500 ans de l’arrivée des premiers colons, ils ont évoqué leur découverte du Portugal", confie dom Duarte, amusé.
Il possède la nationalité timoraise, suite à un vote à l’unanimité du Parlement, pour services rendus au pays. Et rêve maintenant qu’elle soit accordée à ses enfants. Le prince réfléchit au projet de construction d’une nouvelle cathédrale dans la capitale, Dili. Pourquoi pas en bambou, selon les plans de son ami architecte balinais Amir Rabik ? "C’est le matériau idéal, qui balance mais ne tombe pas en cas de grand vent et offre une aération naturelle."

Toujours prêt à tisser des liens entre le Portugal et d’autres pays, dans le cadre de la Fondation Dom Manuel II, dom Duarte était à Düsseldorf il y a quelques mois, sur la terre natale de la reine Stéphanie, née Hohenzollern, épouse du roi Pierre V du...
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