Elle est là, à genoux sur son prie-Dieu. Les plis parfaits de sa robe griffée Valentino sculptés par la lumière tombée des vitraux de la basilique Notre-Dame-des-Écossais. À croire d’un chef-d’œuvre de la Renaissance italienne, un de ces marbres miraculeux qui se font transparence, absolue légèreté. Impossible de n’être pas ébloui. En cet instant de l’élévation, la princesse Anunciata de Liechtenstein attire tous les regards.
Dès avant le commencement de la messe de mariage, sur le parvis de l’église baroque attachée à un monastère bénédictin fondé au XIIe siècle, au cœur de Vienne, chacun a le sentiment de vivre un rêve éveillé. Il est un peu plus de 10h30 quand arrivent les premiers invités. Habits et robes couture poussent comme fleurs après la pluie. Voici Barbara de Yougoslavie, Rolf Sachs et Mafalda de Hesse, Pierre Casiraghi et son épouse, Beatrice Borromeo, le prince Casimir zu Sayn-Wittgenstein et Alana Bunte, le prince et la princesse de Ligne, le prince Albert de Tour et Taxis, le prince Hassan de Jordanie et la princesse Sarvath, le prince Lorenz de Belgique, archiduc d’Autriche-Este et sa deuxième fille, la princesse Laetitia Maria, le prince Amedeo et son épouse Elisabetta... Et maintenant les oncles et tantes Luxembourg, le prince Jean et son épouse Diane, la princesse Marie-Astrid et l’archiduc Christian d’Autriche, le prince Guillaume et son épouse Sibilla.
Monseigneur Pedro López Quintana, nonce apostolique à Vienne, accueille Anunciata et Emanuele. © Julio Piatti
Le marié ayant perdu son père en 2005, la mère d’Anunciata, la princesse Margaretha, arrive au bras de son frère aîné, le grand-duc de Luxembourg. Josef-Emanuel de Liechtenstein, le frère de la mariée, presse les retardataires de gagner leur place dans la nef, tandis qu’elle arrive au bras de son père, le prince Nikolaus. Le sourire d’Anunciata réchauffe tous les cœurs. Son long voile surbrodé de fleurs est porté par des enfants d’honneur habillés par la styliste Luisa Beccaria. Elle arbore le diadème Fringe de la famille Liechtenstein, créé par la maison Köchert de Vienne, en 1870. C’est là un bel hommage à sa tante, la princesse Marie de Liechtenstein, disparue le 21 août dernier, qui portait ce même joyau au jour de son mariage avec Hans-Adam II, en 1967.
La fiancée et son père sont devant l’autel. Le prince Nikolaus se tourne vers sa fille et trace du pouce un signe de bénédiction sur son front, avant de la confier à son futur gendre, Emanuele Musini. Un instant, les yeux d’Anunciata se moirent d’émotion. Depuis la tribune, le chœur de l’église Notre-Dame-du-Bon-Secours entonne une cantate de Bach.
Emanuele tient dans sa main celle, blottie, d'Anunciata
Après l’accueil prononcé par monseigneur Pedro López Quintana, nonce apostolique à Vienne, le Kyrie et le Gloria de la Missa brevis de Haydn, le grand-duc héritier Guillaume de Luxembourg lit, en allemand, un extrait de la Lettre de saint Paul aux Colossiens : "Par-dessus tout cela, qu'il y ait l'amour." Puis, tandis que résonne la Prière de saint François d’Assise, Emanuele, dans un geste d’une infinie tendresse, tient dans sa main celle, blottie, d’Anunciata. L’Évangile de Jean, chapitre 17, versets 20 à 23, parle justement d’unité en Christ : "Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé."
Débutée en italien et poursuivie en anglais, l’homélie de monseigneur Pedro López Quintana, se fait très personnelle et évoque en creux les multiples reports du mariage d’Anunciata et Emanuele. "Vous avez attendu longtemps cette cérémonie, la pandémie nous a perturbés mais elle vous a aussi donné le temps de la méditation sur cette vie que vous voulez vivre ensemble, sous le regard de Dieu. [...] Amour signifie patience, imperfections, ne pas être en colère face aux difficultés [...] Votre amour scellé aujourd’hui devant Dieu et les hommes est un sacrement."
La cérémonie religieuse s'est déroulée en la basilique baroque Notre-Dame-des-Écossais de Vienne. © Julio Piatti
L’échange des consentements, empreint d’une joie grave et profonde, s’achève sur le très beau Chant de la promesse scoute. La prière universelle voit notamment venir à la tribune la princesse Marie-Astrid de Liechtenstein, sœur de la mariée, qui lit une intention pour la mère d’Emanuele, Mme Monica Traglio, souffrante et qui n’a pu se rendre à Vienne. Son frère Josef-Emanuel place quant à lui les nouveaux époux sous la protection de Dieu et invoque la mémoire de sa tante Marie, dont les obsèques ont eu lieu une semaine plus tôt. "Bien entendu, mon oncle, le prince Hans-Adam II et ses enfants, qui sont en deuil, n’assistent pas à mon mariage, mais ils ont tenu à ce qu’il se déroule comme prévu", nous a confié la princesse Anunciata juste avant la cérémonie.
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Il y a d’autres grands absents comme le roi et la reine des Belges et la princesse héritière Elisabeth, devenus cas contacts Covid, l’avant-veille. "Nous avons choisi des chants avec lesquels nous avons grandi en famille, comme le Salve a la Virgen del Rocio, pour l’hommage à Notre-Dame. Il a été chanté lors des obsèques de tante Fabiola et nous rappelle sa joie vraiment solaire."
La bénédiction finale s’achève sur Dieu saint, nous louons ton nom, interprété à l’occasion du mariage du grand-duc héritier et de la grande-duchesse héritière de Luxembourg, en 2012. Au premier rang de l’assistance, Guillaume et Stéphanie échangent un sourire heureux. La sortie des époux s’effectue sur la symphonie de fanfares de Jean-Joseph Mouret. Sur le parvis, Emanuele lance à ses amis un "enfin !" libérateur qui dit son bonheur et toutes les tensions générées par des préparatifs longtemps reportés et souvent troublés. Il enlace tendrement une Anunciata rayonnante avant que le couple ne s’installe à l’arrière d’une décapotable électrique Royal pour le court trajet qui le sépare du palais de ville Liechtenstein et de la réception.
À la sortie de l'église, les jeunes mariés peuvent enfin laisser éclater leur joie. © Julio Piatti
Tandis que les invités prennent une coupe de champagne dans la cour d’honneur, les photos officielles se succèdent à l’étage avec les mariés, leurs enfants d’honneur, puis les familles et les représentants des Maisons souveraines, les témoins, au premier rang desquels la princesse Alexandra de Luxembourg, cousine très aimée d’Anunciata. Un aimable tourbillon qui laisse le jeune couple étourdi au moment du déjeuner dans l’un des grands salons du palais. "Nous avons eu une cérémonie à la fois pleine de joie, familiale et profonde", sourit le grand-duc de Luxembourg.
La soirée, brillante, réunit tout le gotha
Quelques heures de repos et la soirée s’ouvre, cette fois au palais-jardin Liechtenstein qui abrite les remarquables collections d’art de la famille princière. Tapis rouge, smokings et robes longues. Anunciata porte une création de Giambattista Valli, au ravissant plissé à l’antique, et le diadème aux feuilles de vigne, appartenant à la famille grand-ducale de Luxembourg.
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