Tuntenhausen, mille trois cents habitants à peine. Un village touristique des contreforts des Alpes, au sud-est de Munich, et non loin de la frontière autrichienne. Depuis la fin du Moyen Âge, et le premier miracle "documenté" de son histoire, sa basilique est un haut lieu de pèlerinage. Et pour venir s’y recueillir, les fidèles longent, par les sentiers de randonnée, la forêt et les parterres Renaissance du château de Maxlrain, une étonnante bâtisse au toit gothique, flanquée de quatre tours à bulbes.
C’est la demeure de la princesse Christina et du prince Erich de Lobkowicz. Un cadre bucolique à souhait, avec pour horizon le sommet enneigé du Wendelstein, pour célébrer le mariage de leur fille la princesse Anna, 34 ans, avec le comte Albrecht von und zu Eltz, 33 ans. Si l’antique chapelle, antérieure au château du XVIe siècle, subsiste à Maxlrain, elle était bien trop exiguë pour accueillir les trois cents convives à ces noces princières.
La fine fleur de l'aristocratie présente aux noces
La basilique de pèlerinage, à six kilomètres de là, lui a été préférée où la fine fleur de l’aristocratie allemande est au rendez-vous, ce samedi matin, pour fêter le bonheur d’Albrecht et Anna : Max et Elisabeth, duc et duchesse en Bavière ; Anton et Angelika, prince et princesse Windisch-Graetz ; Erich et Mathilde, prince et princesse von Waldburg-Zeil ; Olympia d’Arco-Zinneberg, princesse Napoléon ; Karel, prince Schwarzenberg ; l’archiduchesse Beatrice, comtesse d’Arco-Zinneberg et son frère l’archiduc Gerhard d’Autriche-Este ; Otto et Sophia, prince et princesse zu Castell Rüdenhausen ; Alexander et Martina, prince et princesse von Quadt ; le prince Hermann et la princesse Isabelle de Leiningen ; le prince Alexander et la princesse Jenny de Prusse…
Le soleil vient de passer le zénith quand une antique voiture de maître capotée, une "oldtimer" digne de la comtesse Grantham dans la série Downton Abbey, dépose la future mariée et son père sur le parvis. Le prince Erich de Lobkowicz, bien entendu, conduit Anna jusqu’à l’autel, fleuri, comme toutes les travées, d’hortensias roses, bleus, mauves et blancs.
Albrecht, en habit comme tous les hommes de l’assistance, s’est retourné pour découvrir sa fiancée, rayonnante dans sa robe de soie blanche, voilée d’un surplis à traine en fine dentelle. Son bouquet est de roses blanches et sur sa chevelure blonde étincellent les diamants d’une imposante tiare. Le père Gabriel von Wendt, de la Légion du Christ, célèbre la cérémonie.
Une heure trente plus tard, sous une pluie de pétales de roses, Anna et Albrecht quittent le sanctuaire, unis devant Dieu et les hommes. Le jeune couple rejoint le château de Maxlrain à bord d’une calèche attelée à quatre chevaux, où un panier de pique-nique les attend déjà, garni de snacks légers et d’une bouteille de champagne.
Une tente a été dressée pour protéger l’assistance du soleil estival, et le parc offre aussi de longues promenades ombragées jusqu’à la brasserie du domaine, qui produit les très réputées bières Maxlrainer – privilège accordé par l’électeur Maximilien III de Bavière, en 1730 –, dont les convives apprécient la fraîcheur.
Champagne et buffet végan
Des vins du Rhin et des champagnes aussi, pour accompagner le buffet végan, originalité incontournable, Albrecht étant l’un des cofondateurs de la start-up Basenbox, spécialisée dans l’alimentation organique bio et la diététique. Ce splendide et prospère domaine, où Anna a grandi avec ses cinq frères et sœurs, compte aussi une auberge et un parcours de golf – le plus beau d’Allemagne dit-on. Il vient des comtes von Hohenthal und Bergen, sa famille maternelle. Et pour le gérer, le docteur (en philosophie) et prince Erich de Lobkowicz, président de l’association allemande de l’ordre de Malte, s’est fait entrepreneur et brasseur…
Anna, diplômée en gestion culturelle et communication de l’European Business School, travaille avec son père au bureau munichois des oeuvres de Malte, cheffe du département Migration. Si les Lobkowicz, altesses sérénissimes et princes du Saint-Empire, sont originaires de Bohême, la famille d’Albrecht, qui lui vit à Vienne, plonge ses racines en Rhénanie-Palatinat où les comtes von und zu (littéralement "de et à") Eltz occupent aujourd’hui encore leur forteresse éponyme, inexpugnable "nid d’aigle" du XIIe siècle.
C’est donc un lien dans la plus pure tradition germanique des "mariages égaux" (de rang s’entend), que viennent de nouer Albrecht et Anna. Les deux familles se sont déjà souvent alliées, et nos amoureux sont cousins, par leurs ancêtres communs Georg Christian de Lobkowicz et Anna de Liechtenstein, mariés à Vienne, il y a cent cinquante-huit ans. Une parentèle qui s’étend à tous, ou presque, les convives, restés jusque tard dans la nuit pour poursuivre la fête, des allées du parc, pour se rafraîchir, aux salons du château où, après un changement de tenues pour les dames, se donnait le bal.
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