Avec la plus grande simplicité, elle reçoit journaliste et caméra de télévision dans la salle où elle a coutume de préparer visites et activités officielles, au palais royal de Bruxelles. À l’occasion de ses 50 ans, la reine Mathilde a accepté de répondre aux questions de RTL-TVI, pour les téléspectateurs francophones, et de VTM, pour la partie flamande. Deux émissions diffusées en début de soirée du jour J, ce 20 janvier.
Un engagement pour les autres depuis toujours
"On n’est jamais vraiment préparé à une vie publique, mais c’est un processus qui prend du temps", confie-t-elle à Alix Battard sur RTL-TVI. "J’ai tout de même eu une période de transition [...]. J’ai continué mon master de psychologie, j’ai terminé mes études en 2002, Elisabeth avait 1 an. Et j’avoue que cette période de transition a été très importante pour moi. Pour ne pas abandonner tout en une fois." Si elle n’avait pas épousé le futur roi des Belges ? "Je pense que j’aurais continué dans le secteur social, parce que je retire tellement de joie de pouvoir accompagner les personnes, de pouvoir aider."
Voir cette publication sur InstagramCe qu’elle fait à la place qui est sienne désormais, avec la fonction de reine telle qu’elle l’a construite et habitée. En témoigne, par exemple, ce soir de février 2017, à Paksé, où elle est d’abord la présidente d’honneur de l’Unicef Belgique. La reine Mathilde s’entretient de façon informelle avec les journalistes suivant son voyage au Laos et revient sur l’action menée au sein des villages des hauts plateaux, où elle s’est rendue quelques heures plus tôt.
"Ces volontaires qui s’engagent auprès de leur communauté, des enfants, chapeau. Ils ont très peu de choses pour travailler, mais ils avancent et tout le monde avec eux. J’ai commencé très jeune mon propre engagement social. À 18 ans, avec un voyage humanitaire pour une O.N.G., en Égypte où je suis restée plusieurs semaines dans les bidonvilles. Mes parents ont eu quelques nuits blanches. Je veux donner l’envie à mes enfants de s’engager aussi. D’ailleurs ils travaillent déjà auprès des sans-abri et des personnes handicapées. Tous les quatre. Plus tard ? Chacun doit bâtir sa propre expérience, ce qui me fera peut-être aussi passer par quelques nuits blanches."

Son expérience à elle, Mathilde l’a bâtie en tant qu’aînée d’une fratrie de cinq enfants. Née le 20 janvier 1973, elle grandit au château de Losange, à Villers-la-Bonne-Eau, un village de la province belge de Luxembourg dont son père, Patrick d’Udekem d’Acoz, est bourgmestre jusqu’en 1977, date du rattachement de la commune à Bastogne. Sa mère, Anna Maria Komorowska, est fille de la princesse polonaise Zofia Sapieha. Pendant ses années d’études secondaires, Mathilde est pensionnaire à l’Institut de la Vierge Fidèle de Schaerbeek, où l’une de ses tantes est religieuse. La mère supérieure se souvient "d’une bonne élève, très attachée à sa famille et toujours très sociable, entourée de beaucoup d’amis". En 1991, la jeune fille intègre la Haute École Léonard de Vinci et obtient trois ans plus tard son diplôme universitaire de logopède, c’est-à-dire orthophoniste.
Le gotha se réunit à Bruxelles pour les noces de Philippe et Mathilde
Dès 1995, elle ouvre son propre cabinet à Bruxelles tout en se lançant dans un master en psychologie à l’Université catholique de Louvain. C’est le temps de la liberté et de découvrir le monde. "Autrefois, j’ai beaucoup voyagé sac au dos, c’était très intéressant", confiera la reine vingt-deux ans plus tard, au Laos. "En Inde, au Népal, au Pérou, en Bolivie, au Guatemala et même en Syrie qui était un si beau pays. Hier, d’ailleurs, quand nous avons croisé sur la route un couple à vélo et sac à dos, j’ai pensé : ceux-là prennent le temps. Cela fait un peu envie."
Nostalgie d’un certain anonymat, quand elle fait la connaissance d’un certain Philippe de Belgique, en 1996. Leur histoire d’amour éclot dans le plus grand secret. En juillet 1999, ils voyagent à deux à Cuba. Dans les semaines qui suivent, des rumeurs de fiançailles du prince héritier sortent dans la presse flamande. "Les bruits ont commencé sur moi le vendredi (10 septembre), trois jours avant la présentation officielle. Mais personne n’avait encore de photo ou quelque chose", se souvient Mathilde, interviewée avec le roi en 2019 pour la RTBF, à l’occasion de leurs vingt ans de mariage. "Moi, sentant que je ne devais pas rester dans les lieux où l’on pourrait m’identifier – eh bien vous connaissez mon amour des livres ! –, je me suis donc mise dans une librairie. J’entendais les informations à la radio, évoquant les fiançailles éventuelles du prince Philippe. Et moi je lisais. Je me disais voilà, je suis en train de profiter de mes derniers moments d’anonymat. Je regardais les gens autour de moi, j’entendais les remarques et je trouvais cela absolument unique."

Au fil des Joyeuses Entrées suivant l’annonce officielle des fiançailles, ses concitoyens découvrent celle qui sera un jour leur première reine... belge. Sa simplicité d’abord, son sourire, le naturel avec lequel elle va à la rencontre de chacun. "Un moment extraordinaire", avoue le roi à notre confrère Patrick Weber. "Parce qu’il y avait un enthousiasme, il y avait une attente. La population belge, notre pays, a tellement bien accueilli ma fiancée. Cela m’a aussi beaucoup rapproché de la population. C’était un lien parce qu’ils ont accueilli ma fiancée un peu comme si c’était leur fiancée."
Le mariage, célébré le 4 décembre, réunit le gotha du monde entier, jusqu’au prince Charles, jusqu’à Naruhito et Masako du Japon, désireux de marquer ainsi leur vieille amitié avec le prince Philippe. C’est le dernier mariage royal du XXe siècle et le peuple belge y communie comme à un gage d’avenir, avec un enthousiasme sans égal. En quoi il ne se trompe pas. Très vite, le couple héritier devient famille avec les naissances d’Elisabeth, qui sera un jour la première reine régnante du plat pays, Gabriel, Emmanuel, puis Éléonore.

Les visites officielles à l’étranger s’enchaînent et les missions économiques. Jusque-là réservé aux journalistes spécialisés, l’exercice qui consiste à favoriser les exportations du pays devient un must. Photographes et reporters ne quittent pas Mathilde d’une semelle et s’intéressent moins à la signature des contrats qu’à la coupe de ses robes. Dans les bidonvilles de Delhi, dans les hôpitaux de Pologne, dans les universités d’Afrique du Sud, elle a le mot, le sourire, et l’enfant dans les bras. Elle sait que l’efficacité passe par la représentation. Et l’image.
L'hommage du roi Philippe pour leurs vingt ans de mariage
Le mercredi, Mathilde aménage son emploi du temps pour aller chercher ses enfants à la sortie des classes. Au nombre de ses activités officielles, elle choisit d’animer un atelier de lecture auquel assiste la petite princesse Elisabeth parmi d’autres enfants. "Il est important de pouvoir conserver un équilibre et que nos enfants nous...
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