Dans la cour d’honneur du palais Al-Alam, la garde royale du sultan est sous les armes. Les avenues menant à cet immense ensemble architectural, planté sur la côte et en bordure du vieux Mascate par la volonté du défunt sultan Qabous, ont été pavoisées de drapeaux aux trois couleurs de la Belgique.

La limousine du roi Philippe et de la reine Mathilde s’immobilise au pied d’un impressionnant dais de bois savamment ouvragé où attend le sultan Haitham ben Tariq Al-Saïd. Le nouveau chef d’État omanais accueille en personne les souverains et les invite à gagner avec lui l’ombre bienvenue de la tribune officielle. La musique de la Garde joue La Brabançonne tandis que sur la place située juste de l’autre côté des grilles retentissent vingt et un coups de canon. La fumée de la salve vient s’insinuer jusque dans la cour d’honneur, comme une étrange odeur de poudre au pays de l’encens.
Un lien intime entre les deux familles souveraines
Il est 10 h, en ce jeudi 3 février, et la visite officielle à Oman vient véritablement de commencer. Pour le sultan Haitham ben Tariq Al-Saïd, c’est la première réception d’un chef d’État étranger depuis son accession au trône, le 11 janvier 2020, au lendemain de la disparition de son cousin, le sultan Qabous. Pour le roi Philippe et la reine Mathilde, c’est le premier déplacement extra-européen depuis le début de la pandémie. Le choix de la destination ne doit rien au hasard. Entre les deux familles souveraines, les relations sont excellentes et fondées sur la confiance, à tel point que le sultan Qabous avait choisi la Belgique pour suivre son traitement contre le cancer. Le roi Philippe, de son côté, a été le premier chef d’État européen à venir à Mascate présenter ses condoléances au successeur du sultan défunt.

Aujourd’hui, une nouvelle étape va être franchie dans les rapports établis entre les deux royaumes. C’est tout l’objet de ce voyage débuté la veille, à 18 heures, dès l’atterrissage du vol MMF53 à l’aéroport international de Mascate. Là, c’est une délégation menée par le prince héritier Theyazin ben Haitham Al-Saïd, qui accueille le roi et la reine des Belges. Tapis rouge et entretien dans les salons d’honneur de l’aéroport. Le prince Theyazin est également ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Surtout, il est le premier héritier du trône d’Oman. Jusqu’ici, les sultans étaient élus par un conseil de famille ou sur choix de leur prédécesseur entériné par ledit conseil. C’est le sultan Haitham qui a changé la loi l’an dernier pour parvenir à un système de succession clair, à l’occidentale.

Autre changement de taille, l’épouse du sultan a un rôle officiel et public, même s’il demeure modeste. Dans ce royaume, le seul où se pratique l’islam ibadite, particulièrement ouvert, le sultan Qabous, lui-même célibataire, avait déjà beaucoup fait pour l’égalité des femmes. Après les entretiens bilatéraux entre souverains et membres des gouvernements belges et omanais, au palais Al-Alam, le matin du 3 février, Son Altesse Ahad bint Abdullah bin Hamad Al-Busaidiyah, épouse du sultan Haitham et diplômée en sociologie, reçoit la reine Mathilde pour un échange en tête à tête. Ensemble, elles abordent des questions relatives au développement durable ou à l’impact du covid sur les enfants en milieu scolaire, notamment sur le plan de la santé mentale et des apprentissages.
Un séjour sous le signe du développement durable
Après un déjeuner privé au palais et une session sur la coopération énergétique bilatérale, le roi Philippe et la reine Mathilde partent visiter la Grande Mosquée du sultan Qabous, au sud-ouest de Mascate. Capable d’accueillir vingt mille fidèles, c’est la plus grande du pays. Achevée en 2001, elle possède dans sa salle de prière le plus grand tapis persan artisanal au monde, avec ses soixante-dix mètres de long pour soixante de large. Le lustre central, de quatorze mètres de haut, est tout aussi impressionnant. Vêtue d’une longue robe rouge de la styliste indienne Anita Dongre, ses cheveux blonds couverts d’un foulard, la reine fait sensation.
La journée du vendredi 4 février se déroule à Duqm, le grand port industriel du sultanat d’Oman, situé à cinq cents kilomètres au sud-est de Mascate. Le roi Philippe et la reine Mathilde survolent les installations en cours de développement, puis visitent le port à bord d’un bateau avant de procéder à l’inauguration solennelle, en présence du prince Asaad ben Tariq Al-Saïd, vice-Premier ministre pour les relations internationales. Il s’agit là d’une immense réalisation alliant à parts égales partenaires omanais et belges pour la production et l’exportation d’hydrogène propre, fabriqué notamment grâce à l’énergie solaire. "Je veux vous dire à quel point nous sommes enthousiastes à l’égard de ce projet", a déclaré le roi, très soucieux des problématiques de développement durable.

Encore un déjeuner traditionnel à Rock Garden, incroyable espace naturel aux rochers sculptés par le vent du désert, une présentation sous les tentes de l’artisanat local, tandis que des femmes font essayer à la reine Mathilde un batullah, ce masque des épouses du sud omanais, et les souverains s’envolent pour l’étape suivante du voyage officiel. À Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis voisins, ils sont reçus en fin d’après-midi par le cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, héritier et demi-frère de l’émir président, empêché par sa santé. La reine Mathilde a un entretien de son côté avec la cheikha Fatima bint Mubarak Al-Ketbi, la "mère de la nation ".
Visite de l'Exposition universelle de Dubaï
Ultime étape, Dubaï, le samedi 5 février, et sa Journée belge, organisée par l’exposition internationale autour de L’Arche verte, le pavillon éco-responsable du plat pays, avec ses 2.500 plantes locales qui stockent à la fois le Co2 et servent de climatiseur naturel à ce bâtiment d’avant-garde. Au Al Wasl Plaza, l’immense bulle translucide édifiée au cœur de l’exposition, les souverains sont reçus par le cheikh Nahyan bin Mubarak Al-Na- hyan, ministre de la Tolérance et de la Coexistence, également commissaire général de L’Expo 2020. En les voyant arriver, les membres de la communauté belge crient "vive le roi, vive la reine !" Philippe prononce un discours plein de chaleur devant une assistance attentive.

"Cela fait du bien d’être de retour à Dubaï, une place que j’ai visitée si souvent à la tête de délégations d’hommes d’affaires dynamiques qui ont participé et participent encore au développement de ce lieu exceptionnel...L’Expo 2020 Dubaï est l’un des premiers événements mondiaux depuis le déclenchement de la pandémie. Ce que vous avez réalisé est réellement impressionnant. Je veux vous exprimer, à vous, Excellence, et à l’ensemble du gouvernement des Émirats arabes unis, nos sincères félicitations et notre gratitude pour votre accueil si chaleureux. Notre pavillon belge...
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