Exclusif. Delphine de Belgique : "Une part importante du processus de guérison est accomplie"

C’est l’événement de ce début d’année. "Delphine, mon histoire", le documentaire qui lui permet de dire sa vérité, est diffusé ce 12 janvier 2022 sur deux grandes chaînes belges. En avant-première, et en exclusivité, la seconde fille du roi Albert a accepté de répondre aux questions de Point de Vue.

Par Antoine Michelland - 12 janvier 2022, 06h15

 Delphine, raconte son histoire dans un documentaire diffusé le 12 janvier 2022 sur deux grandes chaînes belges.
Delphine, raconte son histoire dans un documentaire diffusé le 12 janvier 2022 sur deux grandes chaînes belges. © Olivier Polet

Madame, qu’est-ce qui vous a convaincue de participer au projet de Chris Michel ? 

Tout comme son producteur, Tom De Baerdemaeker, il voulait réaliser avec sensibilité et justesse un documentaire autour de mon combat pour l’identité et la vérité en s’appuyant non seulement sur mes photos et documents personnels, mais aussi sur des informations publiques. La transparence est un principe directeur crucial dans ce projet, à tout le moins en ce qui concerne la manière dont ma version des faits est donnée. J’ai également senti qu’après toutes ces années de procédures judiciaires, il y avait une histoire humaine à partager qui dépassait de loin mon propre cas et qui touchait à des conceptions universelles tenant à notre nature humaine, au besoin d’identité et d’équité élémentaire, au rôle de la vérité et à l’usage du pouvoir.

Que dévoilez-vous que le téléspectateur ignorait ? 

En regardant vingt et un ans en arrière, au moment où mon existence a été révélée par la presse, en 1999, et au-delà, le documentaire aide à assembler les pièces du puzzle de mon enfance, le rejet de mon père quand j’avais 31 ans et ce à quoi j’ai été confrontée en termes de discriminations pour ne pas avoir été protégée par mon père naturel.

Delphine de Belgique rencontre son père le roi Albert
A LIRE AUSSIChris Michel raconte les coulisses du documentaire Delphine, mon histoire

Qui sont les autres intervenants ?

Plusieurs avocats, dont Marc Uyttendaele, Alain Dejonge, Yves-Henri Leleu, Françoise Decoster. Bien sûr, mon époux, Jim, parle lui aussi, de même que ma mère, Sybille de Selys, l’un et l’autre en tant que témoins directs de nombreux événements. Il y a aussi un ancien responsable du palais, autrefois conseiller du roi Baudouin, qui s’exprime avec beaucoup de sagesse, notamment sur la situation dans laquelle se trouvait le roi Philippe à mon égard. Et le journaliste qui avait écrit le fameux livre sur Paola, Mario Danneels, tient des propos très forts sur l’impact que cette situation a eu sur sa vie.

Qu’est-ce qui a intéressé votre avocat, Marc Uyttendaele, dans cette démarche ? 

Vous devriez le lui demander, mais pour avoir travaillé auprès de lui depuis de nombreuses années, je sais qu’il est mû par la défense de l’équité élémentaire, le sentiment que la loi peut contribuer à résoudre des problèmes humains complexes de façon à la fois structurée et apaisée.

Avez-vous prévenu le roi et votre père de ce projet ? 

J’ai informé le palais. 

En quoi votre exemple peut-il encourager tous ceux qui sont en recherche de leur paternité ? 

Les principes pour lesquels j’ai combattu publiquement, et qui ont prévalu devant les plus hautes instances juridiques de Belgique, incitent désormais, je l’espère, à une communication plus intime au sein des familles et entre les générations.

Quelle impression donne ce film de la personnalité du roi Albert ? 

Dans l’ensemble, il apparaît comme un homme gentil mais aussi comme quelqu’un qui a écouté et agi en suivant les avis inutiles et anormaux de conseillers qui l’entouraient. 

Delphine de Belgique avec son père, le roi émérite Albert II de Belgique, et de la reine Paola le 25 octobre 2020 au château du Belvédère. Une première rencontre qui marque le début d""un nouveau chapitre empreint d’émotions".
La princesse Delphine avec son père, le roi émérite Albert II de Belgique, et la reine Paola le 25 octobre 2020 au château du Belvédère. Une première rencontre qui marque le début d"un nouveau chapitre empreint d’émotions". © Palais Royal Belgique

En quoi a-t-il changé envers vous depuis que la vérité a éclaté ?

 J’invite les téléspectateurs à le découvrir à l’écran.

Ce documentaire est diffusé alors que vous vous êtes lancée dans une autre aventure médiatique, Dancing with the Stars, émission à laquelle vous avez accepté de concourir pour la fondation Make-A-Wish. Qu’apporte votre participation à cette association ? 

J’ai longtemps hésité avant de me lancer. Il y avait beaucoup de choses à prendre en compte, dont mon âge et le fait que je n’ai aucun entraînement à la danse. Ma participation n’est en rien contradictoire avec la monarchie parce qu’une princesse est là pour aider au mieux de ses capacités. S’il s’agit d’une approche peu conventionnelle, elle reste centrée sur des points importants : servir et inciter, par l’exemple, chacun à ne pas avoir peur, à ne pas penser que l’on est trop vieux pour relever des défis. L’idée de soutenir Make-A-Wish a levé mes derniers doutes. J’ai découvert cette association lorsque je vivais en Grande-Bretagne, même si elle est à l’origine américaine. J’ai toujours admiré son principe. Il s’agit de prendre du temps sur sa vie quotidienne pour accomplir quelque chose d’extraordinaire, le voeu d’un enfant malade. J’ai trouvé le courage de participer à Dancing with the Stars pour aider un enfant à réaliser un voeu particulier à travers cette compétition.

Qu’apprenez-vous de vous-même au fil de cette compétition ?

C’est une sacrée épreuve, physique et mentale. J’adore mais en même temps cela me terrifie. La dernière fois que j’ai pratiqué la danse classique, c’était dans mon école, à Londres. J’avais 8 ans. Je me sentais comme un hippopotame empoté dans un tutu. Pas un bon souvenir. Je suis vraiment heureuse d’avoir un mentor aussi patient et professionnel que Sander Bos. Il doit avoir les orteils en acier parce qu’il ne se plaint pas quand je lui marche sur les pieds. Je suis aussi très heureuse d’apprendre à connaître les autres participants. Nous sommes en compétition mais il règne un bon esprit d’équipe entre nous. Quand je les vois danser, je suis aux anges s’ils font une bonne prestation. Et quand je danse, je suis sûre qu’ils savent que je donne tout… peu importe à quoi cela ressemble.

Que vous révèle cette expérience en tant qu’artiste ? 

J’ai appris plus que jamais que la danse est un art. C’est devenu pour moi une nouvelle manière d’exprimer et d’interpréter mes émotions.

Delphine de Belgique lors de l’émission télévisée belge Dancing with the Stars
La princesse avec Sander Bos, lors de l’émission télévisée belge Dancing with the Stars. "J’ai trouvé le courage de participer pour aider un enfant à réaliser un vœu particulier à travers cette compétition." ©  AED Studio"s (Lint) / SBS

Ne craignez-vous pas que l’on vous reproche de saturer l’espace médiatique entre Dancing with the Stars et le documentaire ? 

Non, parce que les gens savent combien il est difficile de mener à bien de tels projets, entre les reports et les reprogrammations. Le fait qu’ils arrivent tous les deux à l’antenne au même moment est juste une coïncidence. Ils doivent parler d’eux-mêmes, voler de leurs propres ailes et être de bonne qualité. C’est cela, je pense, qui sera jugé.

Qu’attendez-vous de Delphine, mon histoire

Que ce soit un témoignage visuel de ma vérité, dans toute la mesure du possible.

Peut-on dire aujourd’hui que vous avez guéri du secret, du non-dit, de cette enfance et de cette jeunesse si particulières qui ont été les vôtres ? 

Je crois qu’une part importante du processus de guérison est accomplie. Pour moi, la guérison intervient lorsque vous regardez en face la vérité et la réalité. Lorsque vous apprenez du passé afin de pouvoir créer un futur meilleur.

Ce documentaire est-il pour vous une façon de clore un chapitre de votre vie, chapitre qui s’est bien terminé ? 

En quelque sorte, il m’aide à aller de l’avant. Je ne peux pas m’imaginer les choses autrement. Même si le voyage a été libérateur et gratifiant, il m’a pris beaucoup d’énergie que je peux maintenant consacrer à ma famille, mon art et les nombreux projets dans lesquels je suis engagée.

Delphine, mon histoire, une série documentaire...

Connectez-vous pour lire la suite

Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters

Continuer

Ou débloquez l'intégralité des contenus Point de Vue

Pourquoi cet article est-il réservé aux abonnés ?

Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.

Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

Approfondir le sujet

Personnalités liées

Dans la même catégorie

Abonnez-vous pour recevoir le magazine chez vous et un accès illimité aux contenus numériques

  • Le magazine papier livré chez vous
  • Un accès illimité à l’intégralité des contenus numériques
  • Des contenus exclusifs
Voir les offres d’abonnement