Lorsque l’hiver bat son plein, il n’existe que deux moyens fiables pour rejoindre le chalet de la famille Allard posé à 1.500 mètres d’altitude, entre Thônes et La Clusaz : le traîneau ou la motoneige. La première option fonctionnant exclusivement dans la nuit de Noël, la seconde reste la plus courante. Barthélemy Allard prend alors le volant, ravi d’entraîner ses hôtes à la rencontre du chaleureux cocon familial et haut-savoyard.
À l’étage, les enfants ont déjà sorti les décorations de Noël. Entre Irène, Félicie, Joseph et Raphaëlle, c’est à celui qui en disposera le plus dans le sapin. Heureusement, il y a de la place pour tout le monde. Et pour cause ! C’est le roi des forêts en personne, que le père de famille est allé couper la veille non loin de là, qui a pris ses quartiers dans le salon.
L’opération n’a pas dû être simple, au vu de ses dimensions de plus de quatre mètres. L’épicéa trône désormais dans la pièce de vie, sans parvenir à en toucher le plafond. Avec ses dix-huit couchages "confortables", le chalet est taillé pour accueillir le plus de monde possible, du sapin géant aux nombreux amis de passage.
"Un lieu de partage où les rêves se rencontrent"
Après trois ans de travaux, l’ancienne ferme est devenue si accueillante que chacun se sent chez lui. "Un lieu de partage où les rêves se rencontrent et des toiles se tissent", notent Virginie et Barthélemy. Au loin, les rires des inséparables Joseph et Raphaëlle résonnent, engagés dans une nouvelle construction en Kapla.
La nuit est tombée, il neige à gros flocons. Les skieurs de fond sont rentrés chez eux. Le plateau de Beauregard semble tout entier appartenir à la famille Allard. Pendant que Virginie et Barthélemy commencent la préparation du dîner, Irène et Félicie, se sont installées au piano. Regard concentré, les deux grandes de 12 et 10 ans révisent un Prélude de Chopin. La musique est une partition essentielle de la famille.
Passionnés sans être érudits, les parents ont monté il y a quatre ans un festival unique en son genre : Musique à Beauregard. L’été, les plus grands artistes viennent se produire en plein air devant leur chalet, face au massif du Mont-Blanc. Le succès des premières éditions a encouragé la famille à enrichir le projet.
Une académie de musique pour les élèves de 8 à 20 ans et une résidence d’artistes complètent dorénavant le programme qui a attiré l’été dernier plus de 3.500 spectateurs. Pour prolonger l’histoire, un concert hivernal entre Noël et le Nouvel An est désormais programmé.
"Le festival donne un vrai sens à la musique : on passe du cours obligatoire du mercredi après-midi à une réalité de partage", souligne Virginie de Boisséson. Et la petite graine pousse déjà. "Je veux être architecte de salles de concert", assure Irène, qui observe son père trouver des solutions pour que l’acoustique des concerts en plein air soit idéale.
Au chalet, Chopin a laissé la place à d’autres mélodies. Dans la cheminée, le feu crépite, tandis que les marmites mijotent joyeusement en cuisine. Au menu ce soir, point de dinde aux marrons pour autant. Car la tradition ici consiste à faire honneur aux racines familiales. Fille de diplomates colombiens, la grand-mère de Virginie est arrivée en France quand elle avait quatre ans, avant de faire ses études à Londres.
Des origines anglo-colombiennes et russes
Résultat, le dîner de fêtes est anglo-colombien : un ajiaco typique de Bogota, une soupe de pommes de terre agrémentée de poulet, piment, avocat, une préparation à base d’œuf dur et d’herbes, des câpres et du maïs. Et un pudding en dessert.
Pour le Nouvel An, ce sera blinis, tarama, vodka et pavlova, en hommage aux origines russes de Barthélemy. "Un huitième de sang russe, ce n’est pas beaucoup, mais c’est peut-être pour ça que j’aime la musique", relève Irène en regardant son père. Si les lieux résonnent de mille notes, les arts sont partout au chalet.
Fidèles des maisons de vente, les Allard sont collectionneurs. Même le piano Pleyel, qui date de 1901, a été chiné avec soin. Chaque pan de mur, chaque meuble reflète leur goût fin et hétéroclite sans fausse note: peintures de l’école flamande, dessins de Foujita, lithographies de Delvaux, statuettes en porcelaine de Robj des années 1920…
Pour peu qu’on écoute bien, on les entendrait presque discuter ensemble autour du feu, avec les musiciens, les danseurs et toute la famille, réunis dans la magie de Noël.
Le 30 décembre, à 20 heures, CONCERT D’HIVER de MUSIQUE À BEAUREGARD: AIMER, piano, danse, chant et poésie, à l’Espace Grand Bo (Le Grand-Bornand). Au programme: Wagner, Schumann, Debussy, Liszt, Prokofiev, Bach… musiqueabeauregard.com
Connectez-vous pour lire la suite
Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters
Continuer
Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.
