Chez Richard O’Conor Nash à Clonalis House, en Irlande

Avec son épouse Carol-Anne et ses fils Haron et Freddie, Richard O’Conor Nash incarne la nouvelle génération de cette dynastie qui a régné sur le comté le plus puissant d’Irlande jusqu’au milieu du XVIIe siècle. À mi-chemin entre Dublin et Galway, les voilà installés dans le manoir de famille que l’on découvre en hôtes privilégiés.

Par Marie-Eudes Lauriot Prévost - 25 mars 2022, 07h00

 Richard et Carol-Anne O’Conor Nash et leurs fils Freddie, 4 ans, et Haron, 6 ans, accompagnés du labrador Bailey.
Richard et Carol-Anne O’Conor Nash et leurs fils Freddie, 4 ans, et Haron, 6 ans, accompagnés du labrador Bailey. © David Atlan

En imaginant les plans de sa nouvelle demeure, Charles Owen O’Conor Don a vu prestigieux et moderne. En cette fin du XIXe siècle, la terre de Clonalis se pare bientôt d'un étonnant manoir en béton — une première pour l’Irlande — dans le style italianisant que la reine Victoria a mis à la mode sur l’île de Wight avec Osborne House. Clonalis House possède des proportions plus modestes, mais équilibrées. Sa façade symétrique hérissée de cheminées se détache sur la plus verte des prairies tandis qu’à l’arrière, une pinède de belle taille lui sert de mur d’enceinte.

"J’ai toujours su que je vivrais ici"

Entre Dublin et Galway, les terres de l’ancienne province de Connacht sont depuis presque la nuit des temps celles du clan O’Conor, qui a régné jusqu’au XIVe siècle sur le nord de l’Irlande. Plus tard, les représentants de la famille vont s’illustrer dans la lutte contre la mainmise anglaise et son cortège de discriminations envers les catholiques. Au fil du temps, le domaine de 6000 hectares va fondre pour ne plus représenter "que" 300 hectares. Mais à la faveur d’une série de mariages dans sa famille avec des jeunes filles bien dotées, Charles O’Conor Don peut construire la demeure actuelle, digne de son rang de membre du parlement du Royaume-Uni.

La façade de Clonalis House, dont le style tire son inspiration du palais victorien de l'île de Wight.
Inspirée du style italianisant mis à la mode par la reine Victoria avec son palais de l’île de Wight, Clonalis House est le premier manoir en béton construit en Irlande. © David Atlan

Dès l’entrée, le décor impressionne avec ses colonnes en marbre de Cork plus ornementales que nécessaires à la tenue de la structure, son escalier en chêne massif et ses portraits d’ancêtres qui racontent deux siècles de l’histoire d’une famille royale dont les origines s’ancrent dès le IIe siècle au nord de l’Irlande. "Soyez les bienvenus", lance Richard O’Conor Nash en accueillant ses hôtes.

L’entrée de Clonalis House avec ses colonnes de marbre de Cork.
L’entrée, avec ses colonnes de marbre de Cork, raconte l’histoire croisée de l’Irlande et de la famille O’Conor, impliquée depuis toujours dans la défense des droits du peuple irlandais. © David Atlan

Il y a trois ans, l’arrière-arrière-petit-fils de Charles O’Conor Don a quitté son costume de banquier pour s’installer à Clonalis avec son épouse Carol-Anne et leurs fils, Haron, 6 ans, et Freddie, 4 ans aujourd’hui. Peu à peu, ils ont pris leurs marques, poursuivant le travail entrepris par les parents de Richard qui, en 1998, avaient ouvert quatre chambres d’hôtes dans la maison principale et commencé à louer cinq cottages sur le domaine. "En réfléchissant bien, je crois que j’ai toujours su que je vivrais ici, même si, pendant près de vingt ans, nous avons habité Dublin", témoigne-t-il.

L'endroit idéal pour se ressourcer

À l’université où il étudiait l’agriculture, Richard a rencontré Carol-Anne, inscrite en français et en sociologie. "Au début de notre mariage, je n’y ai pas trop pensé et quand les enfants sont nés, nous avons souhaité qu’ils grandissent à la campagne", poursuit cette ancienne acheteuse de l’enseigne de vêtements Primark, ravie de sa nouvelle vie. "Nous sommes devenus les gardiens de la maison", ajoute encore Richard, conscient de la mission de préservation de ce patrimoine familial qui lui incombe désormais.

Richard, Carol-Anne et leurs fils posent dans le salon de Clonalis House.
Richard, Carol-Anne et leurs fils dans le salon de Clonalis House. La pièce a conservé son décor précieux, émaillé de souvenirs de famille. © David Atlan

Cet hiver, Clonalis House s’est dotée d’une cuisine professionnelle — la grande passion du patron —, et a rafraîchi la décoration de ses quatre chambres d’hôtes. En janvier, elle a été distinguée par l’Irish Historic House/O’Flynn Heritage qui lui a remis un prix d’une valeur de 5 000 €, lequel financera l’installation d’une chaudière biomasse prévue l’hiver prochain. Dès le 1er avril, elle rouvre ses portes aux hôtes de passage, ravis de respirer pour quelques heures ou quelques jours un authentique air de famille. "Nous voulons que tout le monde se sente à l’aise et comprenne l’âme de cette maison", affirment Richard et Carol-Anne.

La chambre Gold Room, à Clonalis House.
Parmi les quatre chambres d’hôtes de Clonalis House, on peut opter pour la spacieuse Gold Room. © David Atlan

À l’heure de l’apéritif, on se retrouve dans la bibliothèque, riche de quelque 7 000 volumes, auxquels s’ajoutent dans les réserves près de 100 000 manuscrits et documents historiques dont les plus anciens sont datés du XVIe siècle. Un feu de tourbe et de chêne ronronne dans la cheminée tandis que Carol-Anne apporte les gin-tonics.

La bibliothèque de Clonalis House, avec son impressionnante collection de livres.
Un côté chêne, un côté tourbe, la cheminée de la bibliothèque accompagne tea-time et apéritif de ses flambées. Dans les rayonnages, les collections accumulées par les différents occupants de la maison depuis sa construction en 1878 totalisent près de 7 000 ouvrages. © David Atlan

Sous le regard d’une galerie de portraits de famille, la grande salle à manger est bientôt prête à accueillir les convives. Elle a conservé ses meubles d’acajou et ses surtouts en argent massif commandés en 1851 lors de la première Exposition universelle, organisée sous le dôme du Crystal Palace de Londres. Depuis le perron en béton à l’unisson de la maison, un jardin tout simple descend en pente douce vers la nature. Au-delà de la barrière, les vaches du domaine déambulent selon une logique connue d’elles seules, créant un décor sans cesse renouvelé.

Le blason de la famille O’Conor.
De la route N60 qui traverse le comté de Roscommon, la grille de Clonalis House se repère au blason de la famille O’Conor, un bras armé sur une couronne. © David Atlan

À droite de la porte d’entrée, il faut écarter quelques branches de buis pour découvrir une stèle ô combien importante. Extraite d’une montagne sacrée à une vingtaine de kilomètres de là, elle symbolise depuis le XIIe siècle l’attachement du clan O’Conor à sa terre de Clonalis, sur laquelle veille désormais une nouvelle génération heureuse et engagée.

Réserver Clonalis House. Castlerea. Comté de Roscommon.

www.clonalishouse.com

Pour organiser son voyage en Irlande : www.irlande-tourisme.fr

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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