Le court-métrage, tourné comme un documentaire, est titré Happy and Glorious – Heureuse et Glorieuse –, l’une des strophes du God Save the Queen. Un taxi londonien pénètre dans la cour d’honneur du palais de Buckingham. L’acteur Daniel Craig, regard bleu acier, vêtu de son smoking "d’agent secret", en descend.
De sa démarche féline, il gravit quatre à quatre les marches de l’escalier du grand hall, jusqu’au palier de la galerie Est où veillent d’autres "fauves", Monty et Willow, les corgis de la reine, qui trottent aussitôt dans ses jambes. Un majordome se précipite à leur rencontre et conduit le célèbre 007 jusqu’au salon d’audience où Élisabeth II, en robe de soie saumonée, penchée sur son secrétaire à cylindre, annote des documents. Il patiente, droit comme un I.
Un carillon "Big Ben" sonne la demie de huit heures. Bond s’éclaircit discrètement la gorge. La souveraine se retourne alors, lève un sourcil et salue : "Good evening, Mr Bond." Petit sourire de connivence, partagé. Et le beau James, ce soir encore "au service de Sa Majesté", l’escorte vers le jardin de la terrasse Ouest où attend un hélicoptère. Les corgis tout penauds, assis sur le perron de pierre, regardent leur royale maîtresse s’engouffrer dans l’appareil qui s’élève dans les airs, et disparaît.
Bientôt, le même hélicoptère vrombit au-dessus du stade olympique, attirant le regard des 80.000 spectateurs ébahis qui suivaient l’histoire sur écran géant. De son bord, deux silhouettes s’élancent, leurs parachutes aux couleurs de l’Union Jack se déploient avec, pendus aux sangles, Bond et la reine dont la jupe de soie saumon et l’aigrette de coiffure froufroutent au vent !
La scène, sur l’air du générique des James Bond, est surréaliste, décalée, furieusement "british". Elle déclenche un tonnerre d’applaudissements. Ils redoublent, quelques secondes plus tard, quand l’aboyeur annonce, en français d’abord, langue officielle des JO, puis en anglais, langue du pays hôte: "Mesdames et messieurs, veuillez vous lever pour Sa Majesté la reine…"
D’un seul élan, la foule se dresse pour accueillir la souveraine qui paraît à l’entrée de la tribune royale avec le duc d’Édimbourg. Son fils le prince Charles, au passage, loue son "exploit". Harry et William crient "Vas-y Granny !" et, mieux qu’une ovation, c’est un triomphe que le public réserve à Élisabeth II, en cette année de son Jubilé de diamant. Son petit air bougon témoigne bien de l’émotion qu’elle peine à contenir.

Le réalisateur Danny Boyle, en imaginant ce film, prévoyait d’utiliser un sosie. Ce qui a bien été le cas pour la scène de l’hélicoptère, avec l’actrice Julia McKenzie – très populaire interprète de Miss Marple sur ITV –, et bien entendu une doublure pour le saut en parachute, effectué par le cascadeur Gary Connery. Mais la reine, consultée pour accord par son secrétaire privé Edward Young, a été enthousiasmée par l’idée au point de vouloir jouer son propre rôle.
Son habilleuse Angela Kelly, dans la confidence puisqu’il fallait tripler la robe de gala saumon, aux mesures de la reine, de Julia McKenzie et de Gary Connery, confirme l’information. Quand elle a demandé à Élisabeth II si elle souhaitait prononcer une réplique, Sa Majesté a répondu: "Bien sûr que je dois dire quelque chose. Après tout, il vient me secourir !"
Le film a été tourné en une seule prise pour la reine, et dans le plus grand secret afin de ne pas gâcher l’effet de surprise. Et le 4 avril 2013, l’actrice en herbe de 86 printemps a reçu un Bafta d’honneur pour sa prestation mémorable de James Bond Girl, incontestablement l’une des distinctions dont elle est la plus fière.
Le roi George Ier ouvre les premiers JO de l’ère moderne
Plus d’un siècle auparavant, en 1896, en Grèce, c’est l’arrière-grand-oncle d’Élisabeth II, le roi George Ier, qui ouvre les premiers JO de l’ère moderne. Cette "résurrection" s’opère sous l’impulsion du baron de Coubertin avec la participation active du diadoque Constantin et de son frère cadet Georges, "président des arbitres".
Des princes qui s’élancent sur la piste, sans hésitation, afin d’encourager leur compatriote le berger Spiridon Louys, vainqueur du premier marathon de l’histoire olympique. Une spontanéité qui amuse beaucoup leurs oncle et tante, Bertie et Alexandra de Galles, les arrière-grands-parents d’Élisabeth II, qui, devenus le roi Édouard VII et la reine Alexandra, en 1908, accueillent à leur tour les JO à Londres.
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Comme leur petite-fille de 11 ans, la princesse Mary, enrage de ne pouvoir assister à cette IVe olympiade, son bon-papa de roi va s’arranger pour que le marathon débute sous les fenêtres de la nurserie du château de Windsor, où se trouvent la fillette et ses frères, les futurs Édouard VIII et George VI. La course s’achèvera à 42.195 km de là, au pied de la tribune royale, fixant aussi précisément que définitivement sa distance !
En juillet 1912, à Stockholm, c’est le roi Gustave V, un arrière-petit-fils du maréchal Bernadotte, qui déclare l’ouverture des JO avec ses fils le prince héritier Gustave Adolphe et le prince Wilhelm. Le beau-frère de ce dernier, le grand duc Dimitri Pavlovitch concourt dans la catégorie des sports équestres de l’équipe impériale russe. Le roi de Suède est si fier d’accueillir ces Jeux, qu’il fait frapper une médaille dont il décore les athlètes suédois et tous les membres du gotha présents.
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Pour le roi Albert Ier des Belges et la reine Élisabeth, en août 1920, c’est par un Te deum en la cathédrale d’Anvers que débutent les Jeux. Et les membres du Comité, les autorités olympiques et même les athlètes sont priés d’y assister. À ces Jeux, flotte, pour la première fois, la bannière olympique aux anneaux, imaginée par Coubertin, figurant les cinq parties du monde unies par...
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