L’aventure de la Tour Eiffel au cinéma

Mais qui est cette mystérieuse Adrienne qui fait tourner la tête de Gustave Eiffel alors qu’il bâtit la tour qui fera sa gloire ? Le cinéaste Martin Bourboulon nous livre les clés d’un film* au souffle romanesque ébouriffant, porté par Romain Duris et Emma Mackey, mêlant subtilement fiction et réalité historique.

Par Emmanuel Cirodde - 14 octobre 2021, 13h40

 Romain Duris incarne Gustave Eiffel, sous la direction de Martin Bourboulon.
Romain Duris incarne Gustave Eiffel, sous la direction de Martin Bourboulon. © Antonin Menichetti

Depuis l’idée originale développée par Caroline Bongrand dès la fin des années 1990, le scénario d’Eiffel est passé entre de nombreuses mains. À partir de quel moment avez-vous été impliqué dans le projet ?

En novembre 2017, lorsque je rencontre la productrice Vanessa van Zuylen. Je découvre ce scénario original écrit par Caroline Bongrand. J’ai un coup de cœur immédiat pour ce fantasme de cinéma qui consisterait à raconter une grande histoire d’amour durant la construction de la tour Eiffel. Si beaucoup de choses ont évolué depuis, ces éléments n’ont jamais bougé.

Tatiana de Rosnay fait partie des personnalités ayant participé à l’élaboration du scénario. Quel a été son apport ?

À la fin de la première phase d’écriture, avec Caroline Bongrand et Thomas Bidegain, il nous semblait qu’il manquait quelque chose pour faire décoller le film. Vanessa van Zuylen a alors eu l’idée géniale de faire lire le projet à Tatiana de Rosnay. Laquelle a proposé de renverser la structure et de raconter l’histoire en flashbacks. C’était exactement ce qu’il nous fallait pour créer du mystère autour du personnage d’Adrienne.

Le cinéaste Martin Bourboulon et Romain Duris sur le tournage, avec Pierre Deladonchamps dans le rôle d'Antoine Restac et Emma Mackey qui incarne Adrienne Bourgès, dont la présence bouleverse la vie d'Eiffel. © Antonin MenichettiLe cinéaste Martin Bourboulon et Romain Duris sur le tournage, avec Pierre Deladonchamps dans le rôle d'Antoine Restac et Emma Mackey qui incarne Adrienne Bourgès, dont la présence bouleverse la vie d'Eiffel. © Antonin Menichetti

Comment avez-vous procédé pour harmoniser les éléments de fiction et la réalité historique ?

Un travail de documentation avait été effectué dès le départ par Caroline Bongrand. Il s’avère que l’histoire entre Gustave Eiffel, alors âgé de 29 ans, et Adrienne Bourgès, dans les années 1860, est véridique. Ce que nous racontons à leur propos est tout à fait exact : ils ont voulu se marier mais en ont été empêchés. Il a fini par épouser Marguerite Gaudelet, morte en 1877, avec laquelle il a eu cinq enfants. Nous savions donc qu’en 1886, lorsqu’arrive le projet de construction de la tour Eiffel, il est un homme veuf et seul.

Nous découvrons aussi comment ce projet de tour Eiffel a vu le jour…

Ce n’était pas son idée ! Elle est d’abord celle de deux ingénieurs travaillant pour lui, Maurice Koechlin et Émile Nouguier, avant que Gustave ne finisse par l’accepter dans des conditions un peu mystérieuses. Et s’il avait recroisé à ce moment précis cette Adrienne qu’il avait aimée plus jeune ? Rien ne s’y oppose sur un plan factuel. Subitement très motivé, Eiffel rachète les brevets de ses ingénieurs en leur promettant que cette tour portera aussi leurs noms… Cela nous offrait une matière extraordinaire. Tous les ingrédients de la romance et du film spectaculaire étaient déjà là. J’étais également attiré par le mélange de l’intime et de l’épique, un peu comme dans Titanic.

Emma Mackey et Romain Duris, héros de cette grands aventure humaine. © Antonin MenichettiEmma Mackey et Romain Duris, héros de cette grands aventure humaine. © Antonin Menichetti

Comment Romain Duris s’est-il imposé dans le rôle de l’ingénieur Eiffel ?

Il était mon seul choix. Aucun autre acteur n’a lu le scénario à partir du moment où j’ai commencé à travailler dessus. Je connaissais naturellement le comédien mais pas l’homme. J’ai été très motivé par sa réceptivité au projet. Il s’est imposé à moi car il était le seul à pouvoir porter de manière aussi simple le costume d’époque et faire oublier l’acteur connu. Il est à la fois très contemporain, romantique et rock. Et lorsque je le vois avec son chapeau haut de forme, il est parfaitement crédible. J’étais également persuadé qu’il pourrait être ce formidable meneur d’hommes tout en étant un grand amoureux.

Quels ont été les grands défis de cette reconstitution du Paris de la fin du XIXe siècle ?

Nous avons rapidement constaté que nous ne pourrions pas faire l’économie de bâtir un pied de la tour Eiffel grandeur nature. Il était extraordinaire de voir sortir de terre ce décor en métal, haut de vingt-cinq mètres, qui nous permettait de filmer des scènes de chantier où les ouvriers au travail se suspendaient. Ce pied existe toujours. Qui sait si cette structure provisoire ne va pas finir, comme la vraie tour Eiffel, par devenir permanente…

Pour les besoins du film, un pied de la tour Eiffel grandeur nature a été construit. © Antonin MenichettiPour les besoins du film, un pied de la tour Eiffel grandeur nature a été construit. © Antonin Menichetti

*Eiffel, de Martin Bourboulon. En salles le 13 octobre 2021. 

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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