"Après beaucoup de réflexion et de travail sur notre relation, nous avons pris la décision de mettre fin à notre mariage." Ils ont signé ensemble, ou presque, Melinda et Bill Gates. Elle en premier et lui ensuite. Preuve que l’épouse de la quatrième fortune mondiale est à la manœuvre ? Pas certain. L’essentiel n’est pas là.
Leur œuvre au sein de la fondation Bill et Melinda Gates, lancée en 2000 avec une base de 35 milliards de dollars, est préservé. "Nous partageons toujours notre foi dans cette mission et nous poursuivons notre travail commun à la fondation", précisent-ils. Les 1.600 employés sont rassurés et le reste du monde un peu aussi.
— Bill Gates (@BillGates) May 3, 2021Gérée par le cofondateur de Microsoft et son épouse, et décriée parfois pour son soutien aux laboratoires pharmaceutiques, cette ONG a vacciné plus de 760 millions d’enfants depuis sa création. Elle a également organisé une efficace campagne d’éradication de la polio, sans parler des investissements dans la lutte contre la malaria, la tuberculose ou encore le sida. Leur histoire commune explique ce choix de la philanthropie.
"Bill était plus drôle que je l’imaginais"
La famille de Bill Gates – né William Henry Gates III – est aisée. Son père est avocat, sa mère banquière, tous les deux sont protestants et assidus aux œuvres de charité de Seattle. Leur fils est un génie. Des maths pour commencer, mais pas seulement. À l’âge de 12 ans, il raconte à son psy que l’enjeu de sa relation avec ses parents est le pouvoir. Conscient de son potentiel, son père l’inscrit dans une école privée.
Le gamin se passionne pour l’informatique. Il intègre rapidement Harvard et passe ses nuits à jouer au poker. Des gains utiles pour créer Microsoft avec son copain de lycée Paul Allen. Ils n’ont pas quarante ans à eux deux. Dix ans plus tard, leur société entre en Bourse et 10.000 de ses employés deviendront millionnaires.

En 1987, Bill Gates arrive en retard à un dîner lors d’un salon new-yorkais. La seule place restante est à côté de celle de sa directrice du développement multimédia, Melinda French. La jeune Texane est brillante, indépendante et cultivée. Le patron de Microsoft "était plus drôle que je l’imaginais", racontera-t-elle plus tard. Ils partagent les mêmes passions.
Pour leur premier week-end, Melinda emporte son puzzle familial de 1.800 pièces. Ils le terminent en deux jours. En 1993, Bill est en mode binaire. Il veut soit se séparer, soit se marier. Il dresse un tableau des "pour" et des "contre" et annonce ses fiançailles l’année suivante. Il a 38 ans, pèse presque un milliard de dollars. Lors de la cérémonie, la mère de Melinda, atteinte d’un cancer du sein, lit un texte : "Ceux qui reçoivent beaucoup sont dépositaires de beaucoup d’espérances." Elle succombe peu après.
Milliardaires et philanthropes
Le couple part en voyage entre la Tanzanie et le Kenya. Derrière les images colorées de carte portale, la réalité de la détresse africaine, les enfants aux ventres gonflés de malnutrition portés par des mères aux pieds nus impriment la rétine et l’âme des futurs mariés. Ils ne se contenteront pas uniquement d’être riches, même si les noces se déroulent à Lanai, une île de l’archipel d’Hawaï dans laquelle Bill a loué toutes les chambres d’hôtel pour que ses invités, arrivés dans un Boeing 737 affrété pour l’occasion, ne soient pas dérangés.

Avec leurs trois enfants – Jennifer, née en 1996, Rory, né en 1999, et Phoebe, née en 2002 – ils investissent bientôt une villa de taille pharaonique : Xanadu 2.0, en référence au film Citizen Kane. Dans cette demeure de 4.474 m2 au bord du lac Washington, la domotique est omniprésente. Sept pavillons, reliés par des souterrains, accueillent les intimes qui profitent de la piscine de 18 mètres ou du gymnase. Sur le fronton du salon, une phrase de Fitzgerald sur Gatsby : "Il avait parcouru un long chemin pour parvenir jusqu’à cette pelouse bleue et son rêve avait dû lui sembler si proche que rien, désormais, ne saurait l’empêcher de le réaliser."
Milliardaire peu ostentatoire, Bill Gates s’offre tout de même quelques folies : le Codex Leicester de Léonard de Vinci à 30 millions de dollars, ainsi que des toiles rares de peintres américains et des voitures. Son garage de trente places abrite sa collection de Porsche, son péché mignon. "L’argent ne m’apporte rien, si ce n’est des questions indiscrètes", explique-t-il à un journaliste.

Selon la légende, ses enfants n’ont eu droit à aucun écran avant leur quatorzième anniversaire. Aussi effacés que leurs parents, les deux plus jeunes étudient aujourd’hui la danse, pour la cadette, l’informatique et l’économie en Caroline du Sud, pour le second. L’aînée, Jennifer, s’est récemment fiancée avec un cavalier égyptien et poursuit la fac de médecine après avoir étudié la biologie humaine à Stanford.
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Bill Gates partage avec son ami Warren Buffet l’idée de ne leur laisser "que" dix millions de dollars en héritage. Tous les deux sont également à l’origine de The Giving Pledge, qui regroupe 210 autres supermilliardaires prêts à léguer la moitié de leur fortune à des œuvres avant leur décès.
Melinda Gates, la femme la plus puissante du monde caritatif
Depuis la création de sa fondation – dont la surface financière équivaut aujourd’hui au PIB de la Lituanie –, le couple est traité à l’égal des chefs d’État par les grands de ce monde. En 2017, François Hollande les nomme officiers de la Légion d’honneur. "Déterminé est un mot trop faible, cet homme est investi d’une mission", détaille un proche de Bill.

Avec un mari accro au travail, qui ne prend qu’une semaine de vacances par an et dont l’unique autre phase de repos consiste à partir seul en week-end dans une cabane secrète avec des livres et des articles scientifiques, Melinda confessait il y a quelques années traverser des moments difficiles. En 2015, elle lance sa propre organisation, Pivotal Ventures, uniquement dédiée aux femmes américaines en difficulté. En 2019, elle publie un livre : Prendre son envol.
En début d’année, Bill quitte ses fonctions à Microsoft et Berkshire Hathaway, le fonds d’investissement de Warren Buffet, pour se consacrer uniquement à sa fondation. Trente-quatre ans après s’être rencontrés, et maintenant parents de grands enfants, chacun semble décidé à reprendre le fil de sa propre vie. Le couple a déjà signé un accord de séparation pour ne pas se déchirer au tribunal. Ils préservent ce qui les guide depuis leur rencontre : la dignité et la discrétion.

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