Une ressemblance indéfinissable, mais pourtant évidente. Si les traits de Victor Belmondo rappellent ceux de son grand-père Jean-Paul au même âge, son approche du métier a en revanche épousé les contraintes de notre époque, où l’on ne plaisante plus avec le jeu.
Travailleur acharné, soutenu par ses parents Paul et Luana Belmondo, ce jeune homme de 27 ans a mis tout en œuvre pour vivre son rêve, sans jamais se départir de ce sourire éclatant avec lequel il nous accueille dans le salon d’un hôtel parisien. Rencontre avec un acteur heureux qui, rôle après rôle, est en passe de gagner le pari le plus relevé qui soit : se faire un prénom.
Qu’avez-vous pensé du personnage de Thomas en découvrant le scénario ?
J’y ai vu une promesse de jeu intéressante. Sa trajectoire est marquée par une évolution, il fait face à beaucoup de situations et d’émotions différentes à jouer. Dans la première partie du film, il apparaît très désinvolte, ne respecte pas grand-chose. Cela ne me ressemble pas. Il était intéressant de composer cette facette de sa personnalité.
Vous êtes un oiseau de nuit, comme Thomas ?
Je l’ai été… mais aujourd’hui, je suis un fêtard à la retraite (rires). L’une des clés du film est la complicité entre votre personnage et celui de Marcus, que joue Yoann Eloundou… On nous dit souvent que le film a un petit côté Intouchables. Mais il reste très différent. Avec Yoann, on échangeait beaucoup, on s’est tout de suite très bien entendus. Dès la première rencontre lors du casting, il s’est passé quelque chose de fort entre nous. Cette complicité s’est prolongée sur le plateau, et encore aujourd’hui.

Avez-vous rencontré dans votre vie une figure qui vous a guidé, comme Thomas le fait pour Marcus ?
Je pense à mon professeur de théâtre, Philippe Peyran Lacroix, ou à Xavier Beauvois, dont la rencontre fut déterminante. Son cinéma me passionne. Il m’a dirigé dans Albatros [qui sortira en novembre prochain, ndlr], un très beau film qui suit le parcours d’un gendarme interprété par Jérémie Renier et dont je joue le collègue. Nous sommes tous les deux témoins d’un événement qui fait basculer l’histoire.
À quel âge avez-vous arpenté un plateau pour la première fois ?
À 12 ans, pour un court-métrage dans lequel je jouais avec mon père. Je me souviens du casting, ce premier moment de jeu où je me suis senti si bien. Je n’avais jamais ressenti cela, et ce jour-là, je me suis dit que ma place était sur les plateaux.
Vos études ont confirmé cette vocation ?
Oui, en plus du théâtre, j’ai étudié les métiers du cinéma à l’Esec [École supérieure d’études cinématographiques, ndlr], en terminant par une spécialisation en scénario. J’ai travaillé, je n’ai pas voulu que ce soit facile, au contraire. Et je vais continuer, car je me sens loin d’être arrivé.
Est-ce que cette approche active vous aidait aussi à mettre de la distance entre vous et l’idée qu’appartenir à une lignée d’artistes rendrait les choses plus faciles ?
Ce sont surtout mes parents qui m’ont dit un jour qu’il fallait que je commence à gagner ma vie. Il n’y avait pas de questions à se poser. Quand je ne pouvais pas travailler dans le cinéma, je tentais ailleurs. Je faisais plein de petits boulots, cela me semblait normal. J’ai été livreur de bò bún. Je les ai d’abord préparés pendant des années, puis au bout d’un moment, j’ai dit à mon boss que je serais intéressé pour faire les livraisons. Je traversais Paris à scooter, je rencontrais des gens, c’était sympa (rires).
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Votre famille vous faisait confiance ?
Oui, mes parents m’ont laissé faire, tout en me mettant en garde sur la difficulté d’être acteur. Ils m’ont conseillé de ne pas me reposer que sur ce seul métier aléatoire, de diversifier mon bagage. Je ne peux que les remercier.
Est-ce que porter votre nom a été source de pression ?
Non, mais je n’ai pas voulu non plus que cela m’aide. Aujourd’hui, j’apprécie de gagner un casting ou de me retrouver sur un film grâce à mon travail. Je sais aussi que porter un nom ouvre des portes autant que cela en ferme. Certains projets m’ont échappé à cause de cela.
Votre grand-père vous a-t-il donné des conseils ?
Pas tellement, nous sommes liés par une certaine pudeur. Lui conçoit ce métier comme un amusement et me dit d’en faire autant. Et d’arriver à l’heure, aussi (rires). Moi, je suis acteur pour le vivre de manière organique, découvrir des choses nouvelles à chaque fois, être capable de sortir de ma zone de confort pour aller vers l’imprévu. J’ai hâte d’en découdre.
Il est sensible au fait qu’un membre de sa famille reprenne le flambeau ?
Oui, je pense que c’est important pour lui. Quand il m’a vu à l’écran, il était content et m’a félicité. Il m’a dit de ne jamais m’arrêter.

En 2017, il a reçu un très bel hommage lors de la nuit des César.
Nous étions dans la salle, je l’avais rarement vu aussi touché. C’est fou de voir à quel point il est aimé. Le lendemain, il m’a demandé pourquoi tout le monde était aussi ému. Il est tellement humble qu’il ne comprend pas que l’on puisse s’émouvoir comme ça pour lui. Je lui ai dit : "Parce que les gens t’aiment, tu n’es pas n’importe qui."
Vous vous voyez souvent ?
J’ai déjeuné avec lui hier.
Lequel de ses films préférez-vous ?
Un singe en hiver. Pour son duo avec Gabin, pour les dialogues, pour cette évocation de l’ivresse et de l’amitié… Dans la première scène d’Envole-moi, vous plongez dans une piscine au volant d’une BMW… Mon grand-père aurait certainement tourné la scène lui-même! Il aurait été hors de question que quelqu’un d’autre le fasse. Aujourd’hui, pour des questions d’assurance, c’est devenu compliqué…
Est-ce que vous avez aussi attrapé le virus du sport automobile comme votre père ?
Pendant un temps, j’ai fait beaucoup de karting et de moto, mais je n’avais pas son talent, je me suis vite arrêté. Et si j’aime les sports mécaniques, je ne peux pas dire non plus que j’ai attrapé le virus de la cuisine comme ma mère ou mon frère Alessandro, qui est chef… mais je suis bon mangeur!
Comment se passent les réunions de famille ?
À l’italienne. On hurle, mais c’est souvent positif (rires).
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