Céline Cousteau : "Le monde est fascinant, protégeons-le"

Sous son bonnet rouge, le Commandant a émerveillé le monde avec des images inédites de la nature. Dans son livre Le Monde après mon grand-père, Céline Cousteau appelle à un sursaut pour que chacun agisse à son niveau, afin de protéger la planète.

Par Angélique d'Erceville - 07 janvier 2021, 07h30

 Après le commandant Cousteau, son fils Jean-Michel a pris le relais avec ses enfants, Fabien et Céline. Cette dernière continue de porter la voix du monde du silence.
Après le commandant Cousteau, son fils Jean-Michel a pris le relais avec ses enfants, Fabien et Céline. Cette dernière continue de porter la voix du monde du silence. © Capkin van Alphen

Votre livre sonne comme un cri d’alarme, un appel à agir. Pourquoi maintenant ?

Il y a urgence. Il faut défendre notre planète, car l’environnement, c’est notre santé et notre survie. La Covid-19 est une maladie qui atteint toute la population, elle vient nous rappeler que tout est lié d’un bout à l’autre du monde. Avec le changement climatique, nous sommes tous affectés par ce qui se passe et rattrapés par notre vulnérabilité d’homme. Chez les Cousteau, cela fait trois générations qu’on sonne l’alarme, mais il n’est pas trop tard. Le monde est fascinant, protégeons-le !

Au fil des pages, votre grand-père est parfois Jyc, pour Jacques-Yves Cousteau, parfois le Commandant, ou Captain Planet, le surnom qui lui avait été donné au sommet de la Terre, à Rio en 1992. Qui était-il pour vous ?

C’était un grand-père assez inhabituel. Il ne m’a pas emmenée faire de la balançoire ou monter à cheval, ou encore se balader au parc, mais nous sommes partis dans son parc préféré. Quand j’avais 9 ans, il m’a dit : "Viens, nous allons faire une plongée." Après quelques minutes de formation, il m’a entraînée dans les eaux de la baie de Monaco, voir les oursins et les poissons. À cet âge-là, je ne me rendais pas compte que le détendeur que j’avais dans la bouche, c’est lui qui l’avait inventé. Qu’est-ce que je me suis sentie bien là-dessous ! La même année, nous sommes partis en Amazonie. Ce grand voyage a influencé ma vie, il m’a ouvert les yeux et l’esprit. On se sent petite à 9 ans, mais encore davantage dans cette immense région. En 2020, avec le confinement, c’est ce qui m’a le plus manqué : ne pas vivre l’intensité de la nature et me sentir petite.

Sensibilisée à la nature par son grand-père, qui l'emmenait en expédition, Céline prend la barre à son tour. © Service de presse
Sensibilisée à la nature par son grand-père, qui l'emmenait en expédition, Céline prend la barre à son tour. © Service de presse

Votre engagement profond semble s’être tissé lors de cette expédition. Que retenez-vous de cette croisière sur la Calypso ?

J’ai découvert un monde magique : des animaux fabuleux et d’autres plus dangereux. C’est là que j’ai découvert la notion de survie humaine. Au milieu de ces éléments extrêmes, on est obligé de mettre tous ses sens en éveil pour distinguer une forme au milieu des feuilles, une odeur de danger : on se rend compte que l’homme n’est pas supérieur aux autres espèces.

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Votre grand-père était un homme, vous tenez à saluer les femmes aussi : votre grand-mère Monie, votre mère Anne-Marie. Quel rôle ont-elles joué ?

Tout le monde connaissait l’homme au bonnet rouge, mais derrière le Commandant, il y avait ma grand-mère. Elle était de toutes les expéditions : elle coupait les cheveux de l’équipage, jouait le rôle d’infirmière et de thérapeute, aidait à financer les voyages… Elle ne voulait pas être connue, mais elle tenait un rôle important dans l’aventure. Puis il y a eu ma mère, passionnée elle aussi par la découverte du monde derrière sa caméra. Même si on ne les a pas vues, les femmes de la famille ont toujours tenu un rôle majeur. C’est un message pour toutes les femmes : il ne faut pas sous-estimer votre force. Femmes au foyer ou qui travaillez, vous avez le pouvoir de décider, de choisir les produits que vous consommez, qui entrent dans la maison. C’est énorme !

Votre grand-père disait : "Les gens protègent ce qu’ils aiment." Quelle phrase pourrait résumer votre mission ?

Je veux encourager les gens à passer à l’action, pour protéger ce qu’ils aiment. Faire évoluer les consciences, c’est bien, mais le pas d’après est plus important encore. Chacun doit trouver comment il peut avoir un impact positif sur sa vie et sur son entourage. Pas besoin d’aller très loin ! Protéger un terrain en Amazonie, c’est un privilège. Mais ouvrir ses placards et regarder ce que l’on consomme, éliminer les produits à base d’huile de palme pour lutter contre la déforestation, se retenir d’acheter un dixième jean, c’est à la portée de chacun.

Céline Cousteau prend la pose devant la caméra de son mari, l'australien Capkin van Alphen. © Capkin van Alphen
Céline Cousteau prend la pose devant la caméra de son mari, l'australien Capkin van Alphen. © Capkin van Alphen

En tant que mère, vous racontez votre inquiétude pour les jeunes générations. Le livre est d’ailleurs dédicacé à votre fils, Félix. Avez-vous peur pour lui ?

Il faut rassurer cette génération, qui doit pouvoir grandir dans un climat pas trop anxiogène. Mais en parallèle, je m’inquiète. La hausse des températures va provoquer d’énormes changements. Y aura-t-il encore assez d’eau quand mon fils aura mon âge ? Est-ce qu’on pourra regarder nos enfants dans les yeux et leur dire qu’on a tout fait pour préserver ce qui pouvait l’être ?

En ce début d’année, quel vœu formez-vous ?

L’année 2020 a été difficile. Commençons par une grande expiration. Ensuite, essayons d’en tirer une leçon. Protéger les arbres, c’est préserver la planète. Tout est lié, nos actions comptent. L’héritage du commandant Cousteau appartient à tout le monde. Nous faisons tous partie de la même tribu.

Le Monde après mon Grand-Père, par Céline Cousteau, 192 p., 18 euros.

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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