Elle s’avance, glissée dans un fourreau de soie rose pâle, allure couture et brushing platine digne du Hollywood des années 1920. Ça tombe parfaitement, comme du Saint Laurent, aurait chanté Carla Bruni. Et pour cause, la robe est signée du maître. Sabine Getty l’a achetée en janvier 2019 lors de la vente par Catherine Deneuve du vestiaire de son couturier fétiche. "J’ai juste procédé à quelques ajustements", glisse-t-elle, l’air de ne pas y toucher, tandis qu’à chaque pas une subtile fente dévoile sa jambe fuselée.
Tout Sabine Getty ou presque est résumé par cette vision glamour portée par un regard vert intense qu’elle pose avec bienveillance sur les deux têtes blondes qui viennent de surgir dans le grand salon de l’appartement du quartier de Mayfair, tout près palais de St James à Londres.
Voici Gene, 2 ans et demi, décidée et charmeuse, jonglant entre l’anglais et le français pour expliquer à sa mère les nouvelles de la matinée. Et Jupiter, 9 mois, bouille adorable concentrée sur un jouet d’éveil. Pour que le tableau soit complet, il ne manque que leur père, Joseph Getty, arrière-petit-fils de J.Paul Getty, celui qui fonda à Minneapolis au début du XXe siècle la compagnie pétrolière qui en fera l’un des hommes les plus fortunés des États-Unis des années 1950.
Joseph est l’aîné des trois fils de Mark Getty, créateur de l’agence photo qui porte son nom, et de Domitilla Harding, Italienne de Rome, appartenant par sa mère à la noble famille piémontaise Lante della Rovere. Sabine a rencontré Joseph outre-Atlantique, tandis qu’elle suivait les cours du Gemological Institute of America de New York et que lui étudiait à l’université Brown de Providence, non loin de New York justement. "Nous avons aussitôt fait une bonne équipe. Joseph voulait s’ancrer en Angleterre, je l’ai suivi, découvrant la vie londonienne, mondaine et fourmillante la semaine, et très calme à la campagne le week-end", décrit-elle.
Pour Sabine Getty, chaque tenue est l’occasion d’un coup d’éclat couture
Née à Genève, Sabine Ghanem a vécu adolescente dans le Liban de son père, avant de s’installer à l’âge de 17 ans à Londres, puis à Paris, comme une évidence. Paris, capitale du style et de la sophistication, une esthétique inculquée par sa mère, décoratrice d’origine égyptienne, adepte des tailleurs couture, mises en plis parfaites et ongles rouges…
Sabine s’est aussi prise de passion pour l’atmosphère glamour des comédies musicales des années 1950 et 1960, quand tout finit en chansons et en baisers comme dans Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy ou Drôle de frimousse de Stanley Donen. Au point de partir à Los Angeles afin de s’essayer à la comédie, avant de décider que la vie offrait bien assez d’occasions de jouer avec les codes de l’élégance.
Chaque mariage royal auquel elle est invitée est l’occasion d’un coup d’éclat couture, d’une fantaisie colorée et bien orchestrée, quitte à ce qu’elle s’invite à la conception de sa tenue. À Windsor pour la princesse Eugenie, c’est un tailleur rose d’Emilia Wickstead assorti à une coiffe de la même étoffe, nouée à l’arrière de la tête. À Paris, dans la cour des Invalides pour le prince et la princesse Napoléon, elle porte un tailleur couture de Dior époque Gianfranco Ferré. Et bien sûr à Rome, il y a quatre ans, elle épouse Joseph dans une somptueuse robe cape de Schiaparelli brodée d’un inoubliable soleil, comme dans un rêve. Sabine aime associer les couleurs, le jaune du soleil, le bleu, le rouge et l’orange qui rendent heureux.
Son mari vient d’arriver dans l’appartement familial du quartier de Mayfair à Londres, dont les baies vitrées donnent sur Green Park. Le prince Charles réside à deux pas de cet immeuble des années 1950 où vivait autrefois le grand-père de Joseph. Le couple a mêlé les meubles chinés à Pimlico à ceux si colorés et géométriques du mouvement Memphis que collectionnait la mère de Sabine. D’autres encore proviennent de l’ancien riad des Getty à Marrakech.
Ses bijoux résolument pop ont trouvé leur public
Depuis la naissance de Jupiter, la belle a mis ses créations de bijoux en sommeil pour mieux profiter de cette période bénie de la petite enfance. "Tout est allé si vite, relève-t-elle. Mes études de gemmologie terminées, j’étais partie en vacances à Beyrouth où j’avais fait produire quelques prototypes. Neiman Marcus, le grand magasin américain, a passé commande de la première collection, Relic." Année après année, suivront Harlequin de tonalité Art déco, Prospero aux couleurs de la Renaissance italienne, Memphis et enfin Big, aux formes géométriques pavées de pierres multicolores inspirées d’un jouet de Gene. "Je n’intellectualise pas les choses. L’humeur du jour est la meilleure des inspirations", reconnaît-elle.
Fan de couture, adepte du beau vintage, Sabine enchaîne les "collabs", quelques pièces dessinées pour des griffes établies. Après La Coqueta, marque espagnole pour enfants basée à Londres, et les souliers italiens Aquazzura, elle prépare les suivantes en secret et écrit des chroniques mode pour le magazine Tatler.
De son côté, Joseph travaille au développement d’un fonds d’investissement lancé à son nom il y a un an. Tous deux se sont naturellement réparti les rôles dans l’éducation de Gene et Jupiter, la relève Getty. "Jo est aussi aimant que strict. Je suis plus indulgente et me fais davantage balader. Et tous les deux, nous leur apportons la fantaisie qui fait notre force."
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