Matamela Cyril Ramaphosa a vu le jour le 17 novembre 1952, dans le célèbre township de Soweto, dans la banlieue de Johannesbourg, où il passera la majeure partie de son enfance. Issu de l’ethnie venda, il s’inscrira en 1971 au lycée Mphaphuli à Sibasa, puis suit un cursus de droit à l’Université du Nord à Turfloop – l’actuel Limpopo. Durant ses études, Ramaphosa rejoint la South African Student Organization – SASO – et la Black People’s Convention – BPC. En raison de ces engagements, et accusé de terrorisme, il est incarcéré à l’isolement pendant onze mois en 1974, puis à nouveau six mois deux ans plus tard.
Élu 4e président de l’Afrique du Sud en 2018
Il n’en deviendra pas moins assistant juridique dans un cabinet de Johannesbourg et obtiendra finalement son diplôme d’avocat. Il se met alors au service du Conseil des syndicats d’Afrique du Sud en qualité de conseiller juridique. En 1982, il fonde le syndicat national des mineurs – National Union of Metalworkers of South Africa, NUMSA – dont il assumera le secrétariat général avec efficacité durant 9 ans, faisant passer le nombre des adhérents de 6.000 à 300.000, soit la moitié de main-d’œuvre noire de l’industrie minière sud-africaine.

En 1991, Ramaphosa, qui a fait ses preuves contre le régime d’apartheid, est élu secrétaire général du Congrès national africain – African National Congress, ANC –, dirigé par Nelson Mandela, récemment libéré de prison. À ce titre, il participe aux négociations d’une transition pacifique vers la démocratie. Après les premières élections libres, en 1994, Ramaphosa devient député et président de l’Assemblée constituante.

À la suite de l’accession à la présidence de Thabo Mbeki, en 1999, Ramaphosa se met en retrait de la vie politique pour entrer dans le monde de la finance, en devenant directeur de la New Africa Investments Limited. Néanmoins, lorsque Jacob Zuma accède au pouvoir suprême, en 2014, il est promu au poste de vice-président. Le 18 décembre 2017, il est porté à la tête de l’ANC. Enfin, le 15 février 2018, il est élu 4e président de l’Afrique du Sud. Sur le plan personnel, Cyril Ramaphosa est marié en 3e noces, depuis 1996, avec Tshepo Motsepe, sœur du magnat des mines Patrice Motsepe, et le couple a cinq enfants.
Cyril Ramaphosa inquiété par la police et le fisc
Depuis plus d’un an, le président sud-africain est dans l’œil du cyclone. Déjà, le 5 mai 2021, l’ancien secrétaire général de l’ANC, Ace Magashule, l’accusait d’avoir versé des pots-de-vin pour garantir son élection à la présidence du parti, mais ces allégations ont été aussitôt démenties. En revanche, en juin 2022, il a été éclaboussé par les conclusions d’une minutieuse enquête menée par le juge Raymond Zondo, portant sur la corruption d’État orchestrée sous la présidence de Jacob Zuma. Les montants détournés s’élèveraient à plus de 30 milliards d’euros, et Cyril Ramaphosa, qui était alors vice-président, est soupçonné d'être resté passif face à l'évidence du scandale.

Le dossier, de plus de 5.000 pages, mentionne que plusieurs de ses réponses à propos de ce qu’il savait des activités coupables de Zuma ont été "opaques" et "laissent malheureusement des lacunes importantes". Implacablement, le rapport précise qu'"il y avait sûrement suffisamment d’informations crédibles dans le domaine public […] pour l’inciter au moins à enquêter et peut-être à agir sur un certain nombre d’allégations sérieuses. […] En tant que vice-président, il avait certainement la responsabilité de le faire".
En outre, le président sud-africain est actuellement inquiété pour avoir dissimulé à la police et au fisc un cambriolage commis dans l’une de ses propriétés en 2020, au cours duquel lui ont été volées d’importantes sommes d’argent en liquide. Il est vrai que la fortune personnelle de Cyril Ramaphosa était estimée à 350 millions d’euros en 2018…