"Noël est une période particulièrement poignante pour toutes celles et tous ceux qui ont perdu des êtres chers. Nous ressentons leur absence à chaque moment fort de l'année et nous nous souvenons d'eux dans chaque tradition que nous aimons." Sans surprise, en ce jour de Noël, les premiers mots de Charles III sont pour sa mère, la défunte Élisabeth II. Debout dans la chapelle Saint George de Windsor, où elle repose, le nouveau souverain lui rend un vibrant hommage. L'allocution a été enregistrée en amont, comme à l'accoutumée, et elle est diffusée dans l'après-midi du 25 décembre. Véritable passage obligé depuis 1957 – l'année où la reine abandonna la radio pour la télévision –, ce discours du 25 décembre fait presque figure de test pour le nouveau roi.
"Je n'oublie pas les lettres, les cartes et les messages si touchants que tant d'entre vous ont envoyés à ma femme et à moi-même et je ne saurais assez vous remercier pour l'amour et la sympathie que vous avez manifestés à toute notre famille", poursuit le roi qui a construit son discours autour d'un cantique populaire outre-Manche, Ô petite ville de Bethléem. Évoquant, la "lumière éternelle", Charles III se place en Défenseur de la foi, dans l'héritage d'Élisabeth II qui était profondément croyante. "Ma mère croyait au pouvoir de cette lumière, au cœur de sa foi en Dieu mais aussi de sa foi en l'humain". Car au-delà de toute considération religieuse, c'est bien de l'humain dont Charles souhaite entretenir l'ensemble des Britanniques.
Englobant toutes les communautés qui composent le Royaume-Uni et les royaumes du Commonwealth, – "les mosquées, les synagogues, les temples" –, le roi rappelle que la magie de Noël est à toutes et à tous, croyants ou athées. "Bien que Noël soit une fête chrétienne, le pouvoir de la lumière surmontant les ténèbres est célébré au-delà des frontières de la foi", précise-t-il.
Un discours plus politique qu'il n'y paraît
Des images de soignants et d'enseignants au travail, de forces de l'ordre ou d'acteurs associatifs engagés auprès des plus faibles, ponctuent également son allocution. "Quelle que soit votre foi, ou si vous n'en avez pas, c'est dans cette lumière vivifiante et avec la véritable humilité qui caractérise le service aux autres, que nous pouvons trouver l'espoir pour l'avenir." Un message aux accents politiques dans un pays frappé par la crise, qui vit au rythme des grèves.

D'autres membres de la famille royale font leur apparition dans de courts extraits vidéo : la reine Camilla, le prince et la princesse de Galles, mais aussi la princesse Anne ainsi que le comte et la comtesse de Wessex. Plus que le discours d'un roi, Buckingham aura voulu montrer que les Windsor, unis, étaient au travail. Comme pour écarter les orages médiatiques venus de Californie.
La presse britannique a d'ailleurs salué cette intervention de manière unanime. Pour The Sun, Charles III est devenu "le roi des cœurs". "Je suis aux côtés des familles dans le besoin", cite, de son côté, The Telegraph. "Le roi met en lumière la crise du coût de la vie" titre The Guardian. Et si Charles III était en passe de devenir le roi du lien social ?