Le générique de Mission Impossible a-t-il traversé l’esprit de Justin Welby lorsqu’il a compris la requête du souverain ? Selon le Daily Telegraph, le roi Charles III a demandé à l’archevêque de Canterbury d’être l’intermédiaire entre William et Harry en vue de la venue de ce dernier à son couronnement, le 6 mai 2023. Pour le palais de Buckingham, le calcul est simple. La présence du fils cadet du roi, et éventuellement celle de son épouse, dans l’abbaye de Westminster serait moins préjudiciable que son absence. Cette cérémonie, quintessence de la monarchie, ne doit pas être perturbée. Si Harry ne vient pas, l’aspect familial prendra le pas sur le solennel. Une opinion partagée par la majorité des Britanniques. Selon un sondage Ispos commandé par le journal Evening Standard, 60% d’entre eux sont favorables à sa venue. Et difficile d’imaginer Harry commentant la cérémonie pour une télévision américaine, même si une proposition à 4,5 millions d’euros aurait été formulée auprès du duc de Sussex. Le choix de l’archevêque de Canterbury s’explique par sa proximité avec les deux frères.

Il les a mariés et il a baptisé Meghan, les enfants de William et le petit Archie. Ses positions en faveur de l’accueil des réfugiés, des droits des LGBTQ+ ou encore pour la nomination de femmes à la charge épiscopale font de lui un interlocuteur fiable aux yeux des Sussex. En ce qui concerne William, l’archevêque écrivait dans un éditorial du Sunday Times, en 2020, être "profondément reconnaissant à Son Altesse Royale d’avoir parlé publiquement de la santé mentale […]. Cela m’a encouragé à demander de l’aide quand je me débattais", confiant ainsi avoir échangé avec William sur ses difficultés. Mais l’issue de sa mission n’en demeure pas moins incertaine. Harry estime que sa présence aux cérémonies du couronnement n’est pas de sa responsabilité. "La balle est dans leur camp. Il y a beaucoup de choses dont on doit discuter et j’espère qu’ils seront prêts à s’asseoir pour en parler", a-t-il déclaré à Tom Brady, le 8 janvier, lors d’un entretien télévisé.

En revanche, pour William, meurtri par les accusations de son frère et furieux des révélations négatives à propos de Kate, l’acceptation de sa venue le 6 mai relève du miracle. En fait, l’héritier du trône craint surtout que les Sussex n’utilisent leur présence au couronnement à leur profit. Afin de limiter cette possibilité, le prince de Galles souhaiterait que le séjour de son frère soit cadré, voire scénarisé par le palais. Une véritable gageure, car Harry est justement parti pour être libre de ses choix. Et s’il vient, tout doit être négocié : sa sécurité, sa présence ou non au balcon — alors que le palais de Buckingham a annoncé que seuls les "membres actifs" pourraient saluer la foule —, ainsi que les uniformes, pour éviter que ne se répète la polémique connue lors des obsèques d’Élisabeth II. Mais la négociation la plus cruciale et la plus symbolique concerne la place de Harry, ou du couple, dans l’abbaye. À quel rang ? À côté de qui ? À quelle distance de Charles ? Et, quel que soit le résultat, il sera perçu comme révélateur de l’ambiance au sein des Windsor.
Au plus haut des ventes, au plus bas des sondages...
En attendant d’obtenir des réponses sur leur éventuel passage à Londres, certaines questions sont apparues sur les activités de Meghan et Harry aux États-Unis. En ce début d’année, la fondation Archewell a publié un rapport "d’impact" de 24 pages avec des chiffres, mais sans montants précis. Grâce à Archewell et ses partenaires, 12,66 millions de vaccins anti-Covid ont été distribués, 50.000 repas ont été servis à des personnes défavorisées, 7.468 réfugiés afghans ont été aidés à leur arrivée aux États-Unis et 3.673 personnes ont consulté le guide de la masculinité positive soutenue par la fondation… Au sujet de l’aspect financier, le Daily Mail avance le chiffre de 13 millions de dollars récoltés dont trois millions ont été distribués à différentes œuvres.

Harry et Meghan ne sont pas seulement actifs au sein de leur fondation. Le duc de Sussex, engagé en 2021 par la société spécialisée dans le bien-être en entreprise BetterUp, sera l’invité vedette d’un séminaire de son employeur les 7 et 8 mars 2023 à San Francisco, à 950 euros la place. Un engagement rémunéré ? Rien ne filtre. En revanche, le Daily Mail révèle que le prince a été en discussions avancées pour participer à une célèbre émission comique de la télévision américaine, Saturday Night Live, avant la sortie de son livre. Le succès commercial de ce dernier est indéniable. Avec 1,43 million d’exemplaires écoulés, son autobiographie détient le record de la meilleure vente de livre de non-fiction le jour de sa sortie. Mais les retombées sur son image sont plus contestables.
Loin de leur vérité émotionnelle, les révélations retenues sont les plus intimes, et parfois tournées en dérision. Derniers exemples en date, l’interview de Sasha Walpole, "la femme âgée" avec laquelle Harry a perdu sa virginité. Aujourd’hui conductrice de pelleteuse, elle avait en fait 19 ans, et Harry, 16 ans, lorsqu’ils se sont retrouvés à l’arrière du pub The Vine Tree Inn. Autre retombée inattendue, la blague du comique Trevor Noah lors de la remise des Grammy Awards américains. En référence à l’animateur anglais James Corden venu travailler aux États-Unis, Trevor Noah clôt son discours ainsi : "Il est aussi la preuve vivante qu’un homme peut déménager de Londres à Los Angeles sans parler à tout le monde de son pénis gelé."

En réalité, la parution du livre de Harry n’a pas amélioré sa cote de popularité outre-Atlantique. En décembre 2022, selon un sondage pour l’hebdomadaire Newsweek, 52% des Américains avaient une opinion favorable de lui. Une semaine après la sortie du Suppléant, ils ne sont plus que 31%. Une chute de 21 points qui entraîne Meghan. Sur la même période, la duchesse de Sussex dévisse de 43% à 26% d’opinions favorables. Plus gênant pour cette activiste des droits des femmes, 40% d’entre elles ne l’apprécient pas, contre 26% qui déclarent la soutenir. Des chiffres pratiquement inverses à ceux de début décembre (43% d’avis positifs contre 20% de négatifs).
Une autobiographie pour Meghan ?
La duchesse de Sussex est restée discrète lors de la promotion du livre de son époux. Que ce soit le désir de le laisser profiter de son moment de gloire...
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