À chaque famille ses petits arrangements. Pour eux, le rituel était jusqu’ici immuable : le 25 décembre, après la messe, le déjeuner et le discours de la reine, Camilla quittait rapidement Sandringham pour retrouver enfants et petits-enfants autour du sapin. Une fois les cadeaux ouverts, elle leur préparait une grosse poêlée d’œufs brouillés au saumon fumé. Mais cette année, rien n’est plus pareil. Déjà convié aux funérailles de Sa Majesté au mois de septembre dernier, le clan de Camilla a reçu pour la première fois une invitation à passer Noël avec les Windsor.
Une petite révolution pour une grande famille recomposée, et qui sent déjà la nostalgie des rituels d’autrefois, quand au matin de Noël, en robe de chambre dans sa cuisine, Camilla se battait avec une dinde. Annbel, sa cadette de dix-huit mois et éternel soutien, relevait ses manches et arrivait en renfort. "Je revois ma mère et ma tante lutter pour faire entrer la volaille dans l’Aga, ces vieilles cuisinières en fonte que l’on trouve à la campagne. Il y avait de la sueur, des coups et des jurons qui fusaient dès 6 heures du matin.." Ce souvenir de fêtes et d’enfance raconté par Thomas (Tom) Parker Bowles, le fils de Camilla, illustre l’atmosphère dans laquelle il a grandi. Une famille solidaire et chaleureuse, à qui l’on a appris à se serrer les coudes face à l’adversité. Une tribu qui, en toutes circonstances, garde le sens de l’humour et les pieds sur terre. Le cocktail signature qui fait son charme irrésistible.
À 48 ans, Tom est devenu critique gastronomique, auteur prolifique et même médiatique. Il écrit pour le Daily Mail, Town & Country, Fortnum & Mason, et intervient parfois dans des émissions culinaires. Jusque-là, il vantait volontiers en interview la bienveillance et le poulet rôti maternels. "Hormis quelques sorties de route, ma mère est une excellente cuisinière", assurait-il pendant la promotion d’un livre de recettes en 2019, ajoutant qu’"avant d’épouser mon beau-père, elle se chargeait toujours de la cuisine". Mais ce fameux beau-père est désormais le roi, Charles III. Alors depuis l’accession au trône du couple, l’expert ès gastronomie préfère ne plus s’étendre sur ce genre d’anecdotes privées. Ce serait "inapproprié, au regard du nouveau statut de sa mère", justifie son agente à Londres.
Camilla s’épanouit dans son rôle de grand-mère
Pour Camilla comme pour tous les siens, à la mort d’Élisabeth II, le 8 septembre dernier, les choses ont pris une tournure encore plus sérieuse. Être la belle-famille du souverain ne confère aucun titre ni droit, et a priori aucun devoir. Sauf bien sûr ceux, tacites, de discrétion et d’exemplarité... Plus question pour les proches de la nouvelle reine consort d’avoir l’air de bénéficier de faveurs royales, comme quand sa sœur Annabel, antiquaire et décoratrice d’intérieur, était missionnée par le prince Charles pour réaménager cottages, hôtels et pubs de son duché de Cornouailles.
En dix ans de travaux, la facture émise par sa petite entreprise a avoisiné les 2 millions d’euros. Rien d’illégal, mais les journaux n’ont pas manqué alors de souligner la connivence d’un air entendu. Ben Elliott, le fils d’Annabel et neveu de Camilla, a quant à lui été soupçonné de trafic d’influence. Il aurait fait miroiter aux clients de sa conciergerie de luxe un accès privilégié aux hautes sphères de la monarchie. Tous sont dorénavant condamnés à rester sagement dans les clous s’ils ne veulent pas risquer de déclencher une affaire d’État.
Comme la princesse de Galles avec les Middleton, Camilla cherche comment protéger les siens, propulsés malgré eux dans une position périlleuse. Il s’agit de trouver un équilibre qui permette de les garder auprès d’elle, tout en préservant leur intimité de citoyens privés. Sa fille Laura fuit naturellement les mondanités. À bientôt 45 ans, cette blonde au sourire franc fait carrière comme commissaire d’expositions, et dirige sans tambour ni trompette Eleven Fine Art, une galerie du Grand Londres qu’elle a cofondée. Ses apparitions publiques au bras de sa mère se limitent la plupart du temps aux abords des champs de courses, car toutes les deux partagent un grand amour pour la chose hippique. Rien d’extravagant.
Ses deux grands enfants ont donné à Camilla cinq petits-enfants, qui la surnomment "GaGa". Du côté de Tom, divorcé de la journaliste mode Sara Buys, Lola et son frère Frederick (Freddy) ont 15 et 12 ans. Chez Laura, mariée depuis 2006 à Harry Lopes, un ancien mannequin devenu comptable, l’aînée Eliza a 14 ans – elle n’en avait que 3 lorsqu’elle jouait les demoiselles d’honneur au mariage de William et Kate –, et les jumeaux, Gus et Louis, 12. Camilla les adore, et s’épanouit totalement dans son rôle de grand-mère. Elle arbore avec fierté leurs cinq initiales autour du cou, gravées sur un médaillon doré qu’elle quitte rarement. Elle les réunit aussi souvent que possible à Ray Mill House, son "refuge" du Wiltshire, le domaine acheté après son divorce, en 1995. "Le seul endroit où je peux vraiment me relaxer et suivre mes propres règles", admet-elle.
Là, Camilla n’aime rien tant que mener la jeune génération au jardin, cueillir des fruits et manger des petits pois à même la cosse. Elle prépare aussi des gâteaux, mais impose une règle d’or : pas de portable à table. "Je suis toujours en train de leur dire 'Posez ça et regardez-moi'. C’est un cauchemar !", soupire-t-elle dans le Mail. À côté de ça, mamie Camilla s’enorgueillit d’avoir découvert TikTok grâce à ces jeunes prodiges de la technologie, et prend chaque jour son iPad pour défier Lola, la plus âgée des cinq, sur Wordle, un jeu de lettres en ligne. "Je ne sais pas s’ils diraient que je suis cool, mais nous sommes très proches. La famille est ce qu’il y a de plus important, je ne pourrais pas me passer de la mienne", résume l’épouse de Charles. 'Comme tout le monde, nous avons des désaccords, des hauts et des bas, mais en cas de crise, on se soutient bec et ongles jusqu’au bout."
"Elle a remis la famille au cœur des priorités" de Charles III
Ensemble, ils ont déjà traversé bien des tempêtes,...
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