Harry et Meghan, leurs accusations contre William

Dans les trois derniers épisodes de leur série documentaire, en ligne sur Netflix depuis le 15 décembre, ils accusent William de mensonges et de manipulations. Entre Sussex et Windsor, la rupture semble irréversible. Reste le sentiment d’un immense gâchis.

Par Maud Garmy - 21 décembre 2022, 09h00

 William, Harry et son épouse Meghan à la célébration de l'Anzac Day, le 25 avril 2018. © Mega / KCS PRESSE
William, Harry et son épouse Meghan à la célébration de l'Anzac Day, le 25 avril 2018. © Mega / KCS PRESSE © Mega / KCS PRESSE

"C’était terrifiant de voir mon frère crier et me hurler dessus, mon père raconter des choses totalement fausses, et ma grand-mère, au milieu, garder le silence et encaisser…" Voilà comment le prince Harry relate la réunion de famille qui, à Sandringham, en janvier 2020, devait statuer sur l’avenir de son couple. Le premier volet de la série Netflix laissait planer des insinuations vagues. Dans le second, Harry et Meghan ajustent leurs tirs. Pour justifier leur exil, le duc et la duchesse de Sussex mettent personnellement en cause le prince William et le roi Charles. "Dans cette famille, on finit par s’habituer au mensonge", lâche Harry.

Le prince Harry dans le documentaire Netflix Harry & Meghan, diffusé à partir du 8 décembre 2022.
Le prince Harry dans le documentaire Harry & Meghan, disponible sur Netflix depuis le 8 décembre 2022. © Backgrid UK/ Bestimage

Le cadet accuse par exemple son aîné d’avoir menti le matin même de cette fameuse réunion, le 13 janvier 2020, en publiant un communiqué en leurs deux noms pour nier des allégations parues dans le Times. Le journal avançait ce jour-là que les Sussex se sentaient poussés vers la sortie à cause d’une attitude hautaine et de pressions venues de William. "Je n’y croyais pas", dit Harry face à la caméra de la réalisatrice Liz Garbus. "Personne ne m’avait demandé de m’associer à ce communiqué. J’ai appelé Meghan, elle a fondu en larmes. En quatre heures, ils étaient prêts à mentir pour protéger mon frère, mais, en trois ans, ils n’ont jamais daigné dire la vérité pour nous protéger nous".

"Ce n’était pas ma faute"

La thèse du Times aurait donc été la bonne ? Selon Harry, l’extraordinaire popularité de son couple avec Meghan au début de leur histoire est à l’origine de bien des maux. "Le problème, c’est quand un conjoint, qui est censé rester un second rôle, vole la vedette ou se révèle meilleur que celui qui est né pour faire le job", explique-t-il. "Ça ennuie les gens, ça perturbe l’équilibre." Il cite ainsi ce jour de 2018 où toute la famille avait fait le déplacement pour une soirée de charité au Royal Albert Hall. Le lendemain, des dents auraient grincé autour du petit déjeuner à Buckingham en découvrant que Meghan faisait seule la une des journaux. "Ce n’était pas ma faute", déplore l’ancienne actrice.

Un extrait de l’interview de Diana à Panorama est ici incrusté en écho : dans les années 1990 déjà, la princesse évoquait ces royales jalousies que peut provoquer l’attention des médias. Ainsi, ce serait au moment où les Sussex, ces "rock stars", menaçaient d’éclipser des membres plus éminents de la maison Windsor, comprenez William et Kate, que seraient apparues dans les tabloïds les premières critiques à l’égard de Meghan.

Après un an de mésentente, les "frères ennemis" se sont retrouvés, avec leurs épouses, pour se recueillir, à Windsor, le 10 septembre 2022.
Après un an de mésentente, les "frères ennemis" se sont retrouvés, avec leurs épouses, pour se recueillir, à Windsor, le 10 septembre 2022. © PA Photos / ABACA

Harry n’y voit pas une coïncidence. Meghan estime même avoir été "jetée en pâture pour nourrir les loups". On lui reproche des faits pour lesquels on louait sa belle-sœur, comme cajoler son ventre de femme enceinte. On l’accuse d’être une "duchesse difficile", trop exigeante et capricieuse avec son équipe. Alors pour échapper à ce climat nauséabond, les Sussex auraient proposé de s’éloigner, partir s’installer à l’étranger, en Nouvelle-Zélande, au Canada ou en Afrique, et même de renoncer à leurs titres, qu’ils utilisent encore aujourd’hui pour leurs apparitions publiques. Mais quand Harry évoque par écrit avec Charles l’éventualité d’une installation en Afrique du Sud, cinq jours plus tard, ce projet se retrouve en une de la presse. Il y a eu fuite.

Le prince Harry et Meghan auraient fait l'objet d'une campagne de dénigrement dans la presse britannique d'après le documentaire Netflix Harry & Meghan.
Le prince Harry et Meghan auraient fait l'objet d'une campagne de dénigrement dans la presse britannique d'après le documentaire Netflix Harry & Meghan. © Backgrid UK/ Bestimage

Les Sussex n’expliquent nullement en quoi cette révélation aurait mis leur projet en péril, et escamotent aussi les plaintes remontées au sein du palais à propos du harcèlement moral que Meghan aurait fait subir à son personnel. L’épouse de Harry reproche en revanche à l’institution d’avoir négligé sa propre santé mentale, alors qu’elle était en proie à une profonde dépression et des pensées suicidaires. 

Le couple accuse tout simplement la monarchie de l’avoir sacrifié. Le prince tient également le Mail, tabloïd contre lequel Meghan a intenté un procès, pour responsable du stress ayant provoqué sa fausse couche. Impossible de le prouver, ajoute Harry, mais sa conviction est faite. Bien sûr, il y a aussi des regrets et de l’amertume. "Ce qui me rend le plus triste, c’est le fossé qui s’est creusé entre mon frère et moi. Il est du côté de l’institution. Je comprends en même temps, c’est son héritage", concède le cadet qui semble parfois regretter en filigrane que ce ne soit pas son héritage à lui. 

Une manipulation institutionnelle

Difficile de ne pas relever d’autre part que l’éternel scénario de victimisation des Sussex, doublé de quelques maladresses, passe mal auprès du public. Meghan et Harry dénoncent une manipulation institutionnelle, mais ne sont pas étrangers aux rouages des stratégies médiatiques. Eux-­mêmes se sont épanchés face à Oprah Winfrey, taxant un membre non nommé de la famille royale de racisme, alors que le prince Philip découvrait ces propos depuis son lit d’hôpital. Ils savent aussi très bien que William ou Charles ne se prêteront pas au même exercice d’interview-­confession. C’est donc leur parole contre… un "no comment". Puis comment ne pas hausser les sourcils face à leurs plaisanteries à propos de la "toute petite" taille du Nottingham Cottage, à Kensington, dans lequel Harry "se cognait au plafond" ? Comment s’identifier à leurs malheurs quand ils se filment à bord de ce que Harry appelle "le vol de la liberté", et qui se révèle être un jet privé grand luxe dans lequel ils ont embarqué Doria, la maman de Meghan, et leurs deux chiens, qui jouent à la balle, pour retourner "sur les terres de Maman" ?

S’ils passent beaucoup de temps à dénoncer les manipulations, Harry et Meghan ne livrent qu’une seule facette de l’histoire. Jamais leur propre responsabilité n’est interrogée. Harry espérait-­il être l’égal de son frère, au mépris des règles de la monarchie ? Oui, leur couple était une formidable opportunité pour les Windsor de se montrer plus modernes et inclusifs. Et la reine, Charles, l’institution tout entière l’ont saisie. Ne leur ont­-ils pas offert le plus royal des mariages, et conféré le premier rôle au service du Commonwealth ? Comme le disait la reine avec diplomatie après l’interview donnée à Oprah Winfrey, "les souvenirs peuvent varier".

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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