Bien qu’il existe des milliers d'ouvrages sur sa vie, qui n'a jamais rêvé de parcourir les carnets intimes de la défunte reine Élisabeth II ? Ce sera bientôt possible pour un historien, qui sera choisi par le roi Charles III. Comme la tradition le veut, le monarque actuel nomme le biographe officiel de son prédécesseur.
Durant ses 96 ans d’existence, la reine aurait rencontré quelque 4 000 000 de personnes. Elle a côtoyé quinze Premiers ministres britanniques, dix présidents français et a vécu certains épisodes marquants du XXe siècle. Mais à quoi faut-il réellement s’attendre ?
Journal intime ou professionnel ?
Quinze minutes. C’est le temps que dédiait Sa Majesté chaque jour à son journal. Un ancien membre de la famille royale a confié : “peu importe l’heure tardive ou à quel point elle était fatiguée”, elle trouvait un moment pour le rédiger. Mais jamais sur son lit, toujours assise confortablement à son bureau. C’était une façon pour elle de se rafraîchir la mémoire et de conserver des traces de sa vie professionnelle pour les archives. “Je n'ai pas le temps de noter la teneur des conversations, seulement les événements”, avait-elle expliqué à Kenneth Rose, l’un des journalistes de Society. Très factuels donc, ses journaux ne livrent ni ses pensées, ni ses sentiments, mais constituent plutôt un compte-rendu détaillé de ses activités. Dans son livre Charles III: New King. New Court. The Inside Story, l'expert britannique Robert Hardman révèle qu'Élisabeth II a gardé son journal avec elle jusqu'à son dernier jour au château de Balmoral, en Écosse.
En raison de l’ampleur du matériau accumulé, un premier tri est déjà en cours. L’ancien valet de la reine, Paul Whybrew, s’est vu confier la lourde tâche de décider ce qui doit ou non être transféré aux archives. Il y consacre deux jours par semaine. En effet, certains dossiers seront rendus publics, tandis que d’autres seront conservés par le roi. Le reste des documents sera classé dans les archives de la bibliothèque du château de Windsor, un refuge impénétrable. Certains documents pourraient-ils être détruits car jugés trop sensibles. Le biographe devra donc composer avec la possible censure du palais.
Huit noms s'imposent
Sur plusieurs dizaines de milliers d’historiens, huit sont cités comme des candidats sérieux par le Daily Mail. Le favori serait Robert Hardman, un expert royal de 59 ans. Il a fait ses études à l'Université de Cambridge et est notamment l’auteur d’un livre sur le roi Charles. Il a participé à de nombreux documentaires au fil des années sur la famille royale. Son expertise est sans pareille, en particulier sur la défunte reine, sujet de son Queen of Our Times, The Life of Elizabeth II.

Andrew Roberts est connu, pour sa part, en tant que commentateur des mariages princiers et des funérailles royales. Il avait été engagé par la NBC pour les noces de William et Kate, celles de Charles et de Camilla, le décès de Diana et de la reine elle-même. Il est l'auteur d'une vingtaine de livres ce qui fait de lui un candidat solide.

Un autre homme se démarque : Robert Lacey. Passé par le Selwyn College de Cambridge où il a obtenu une licence d’histoire en 1967, il a travaillé comme consultant historique sur le tournage de la série The Crown. Seul obstacle à sa nomination, son âge : 80 ans.

Bien qu’il ne soit pas spécialiste de la monarchie, Simon Sebag Montefiore a un atout de taille : son carnet d’adresses. Il a déclaré au Guardian en 2023 : "Je connais le roi depuis plus de 25 ans et j'ai eu la chance d'être présent à son couronnement.” Même si ses ouvrages sur Staline et les Romanov plaident pour lui, cela suffira-t-il ?

David Cannadine est l’un des auteurs les plus acclamés de l’histoire moderne britannique. Il a donc tout à fait sa place parmi les aspirants. Dans sa bibliothèque personnelle, des ouvrages sur le grand-père de la reine, George V, et sur les premiers ministres Winston Churchill et Margaret Thatcher. Alors pourquoi pas bientôt sur Élisabeth II ?

Jane Ridley a l’avantage du genre. Contrairement à une autre écrivaine britannique prénommée Jane qui souffrait de sa condition, Ridley pourrait se voir confier le graal par le roi qui pourrait préférer, pour la première fois, nommer une femme. Elle ne serait cependant pas choisie au hasard puisqu’elle a déjà rédigé des biographies d’Édouard VII et de George V.

Également en course, Hugo Vickers, auteur d'ouvrages sur la reine mère, sur Gladys, duchesse de Marlborough, et sur le duc et la duchesse de Windsor. Au coude à coude : William Shawcross, choisi par le passé pour rédiger la biographie d'Élisabeth Bowes-Lyon. Conscient des défis d’une telle mission, il semble être à la hauteur de la tâche.
Pour quand ?
Le roi Charles a encore un peu de temps pour se décider : il pourrait nommer le biographe de sa mère d’ici un ou deux ans. Et on estime que l’auteur choisi aura ensuite besoin de plusieurs années pour réaliser un ouvrage couvrant près de trois quarts de siècle. Une autre question demeure donc, la date de publication, et pour cause... Il n’est pas exclu que le livre soit publié après la mort de l’actuel monarque pour éviter un scandale qui entacherait le règne de Charles III.
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