"La désobéissance est ma joie!" Espiègle Margaret, qui par ses protestations d’indépendance semble répondre au discours grave et consciencieux de sa sœur aînée: "Je consacrerai toute ma vie, qu’elle soit longue ou courte, à votre service…"
À 21 ans, la future Élisabeth II envisage son avenir comme un sacerdoce. Sa petite sœur, au même âge, se contente d’exister. Depuis que leur père, George VI, est devenu roi, en 1936, la cadette a compris qu’elle n’aurait plus qu’un rôle subalterne à jouer et Margaret déteste cette place de "roue de secours" que le destin lui impose. "Dès notre enfance, les rôles ont été distribués: elle, la petite fille modèle, et moi, le mouton noir."
Margaret devient rapidement l’icône de la jeunesse dorée et bohème de Londres
Margaret, la cadette espiègle, primesautière, charmeuse à faire fondre les pierres. Une jeune fille moderne… et amoureuse du group captain Peter Townsend, un héros de la guerre, hélas divorcé et père de famille. Le scandale Edouard VIII-Wallis Simpson est encore dans toutes les mémoires. Un mariage est hors de question. Pourtant, la romance dure, les médias se passionnent pour cette princesse rebelle et malheureuse. Qui finit par rendre les armes. Margaret n’a pas osé renoncer à ses titres et prérogatives pour épouser Peter envers et contre tout.
La princesse s’étourdit, devient l’icône de la jeunesse dorée et bohème de Londres, fréquente artistes et chanteurs à la mode mais, à la moindre familiarité que son attitude encourage, rappelle vertement son statut d’altesse royale. Elle ne sortira jamais de cette ambiguïté.
Le "double" glamour d'Élisabeth
Son mariage avec le photographe star Antony Armstrong-Jones sera couronné par la naissance de deux enfants et finira en divorce. Notamment à la suite de la liaison de la princesse avec Roddy Llewellyn, un garçon de dix-sept ans son cadet.
Un échec de plus, une amertume à savourer goutte à goutte, bouffée après bouffée. Margaret ne se déplace plus sans un verre de gin ni son interminable fume-cigarette. Les scandales se succèdent. De ses déboires conjugaux aux frasques caribéennes de l’île Moustique, la princesse ne saura cependant échapper à ce rôle qu’elle dénonce.
Une terrible rivalité aurait pu naître, c’est le contraire qui s’est produit. Mais si Élisabeth II a toujours protégé sa sœur, ce "double" glamour, insouciant et léger, elle n’a pu l’arracher à ses démons. La santé de la sulfureuse cadette décline. Jusqu’à ce 9 février 2002 où elle cause un ultime chagrin à sa mère en mourant quelques semaines avant elle.
Par Antoine Michelland et François Billaut
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