En pénétrant dans la Chambre des Lords, il avance d'un pas lent, mais assuré. Ce 7 novembre 2023 restera mémorable dans l'histoire du royaume et du règne de Charles III. Pour la première fois depuis son accession au trône, le roi a assuré la traditionnelle ouverture du Parlement. Bien sûr, cette cérémonie faite de symboles et de rituels multiséculaires n'avait rien d'étranger pour lui qui a vu sa mère, la défunte reine Élisabeth II, y participer tant de fois. En mai 2022, le souverain, alors prince de Galles, l'avait même représentée au palais de Westminster, devant pairs et députés, en raison de sa santé fragile. Il avait alors lu le discours de la reine en son nom. Un an et demi plus tard, c'est à lui que revient cette mission cérémonielle remarquable pour sa solennité et son déploiement de fastes.
Charles III porte la couronne impériale d'État
Il est 11h30 (heure de Londres) lorsque Charles III, coiffé de la couronne impériale d'État et vêtu du manteau d'État, prend place sur le trône installé sous le dais royal. Son épouse, Camilla, s'installe à sa gauche sur le trône du consort, un timide sourire aux lèvres. La reine arbore le fameux diadème d'apparat, serti de perles et de diamants, créé au début du XIXe siècle pour le roi George IV et très apprécié d'Elisabeth II. La reine Camilla a revêtu la robe signée du créateur britannique Bruce Oldfield qu'elle portait déjà lors du couronnement, en mai dernier, en l'abbaye de Westminster.

Une fois les députés de la Chambre des Communes entrés, le silence se fait dans la Chambre des Lords. Charles III prononce alors le discours du roi, point d'orgue de cette matinée historique. Ces mots ne sont pas les siens, mais ceux de son Premier ministre, Rishi Sunak, lequel expose, à travers cette allocution, les priorités de son gouvernement pour les mois à venir. "L’impact du Covid et la guerre en Ukraine ont créé d’importants défis à long terme pour le Royaume-Uni, déclare le souverain d'une voix grave. C’est pourquoi la priorité de mon gouvernement est de prendre les décisions difficiles mais nécessaires à long terme pour améliorer ce pays". Voilà 73 ans que la voix d'un monarque n'avait pas résonné en ces murs. La dernière fois, en 1950, c'était celle de son grand-père, le roi George VI, qu'on entendait sous les dorures.


Dans son discours, Charles III mentionne aussi le conflit opposant Israël et Gaza. "Mes ministres travailleront en étroite collaboration avec des partenaires internationaux pour soutenir l'Ukraine, renforcer l'OTAN et relever les défis de sécurité les plus urgents. Cela inclut les conséquences des actes barbares de terrorisme contre le peuple d’Israël, facilitant l’aide humanitaire à Gaza et soutenant la cause de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient", poursuit-il. Au total, ce sont 21 projets de loi qui sont annoncés à travers la voix de Charles III.

À l'issue de son allocution, d'une durée totale de dix minutes, il est déjà temps pour Charles III et la reine Camilla de quitter la Chambre des Lords. Ils font à nouveau un court passage par la "Robing Room", sorte de vestiaire où le roi quitte la couronne impériale et son manteau d'État pour retrouver son uniforme d'apparat d'amiral de la Royal Navy. Quelques minutes plus tard, le couple souverain rejoint devant la Sovereign Entrance le splendide Diamond Jubilee State Coach, celui-là même qu'il a emprunté pour se rendre au Parlement depuis le palais de Buckingham en milieu de matinée.

Alors que sonnent les cloches de Big Ben, le cortège royal se met en marche, escorté par la cavalerie de la garde royale, direction Buckingham. L'histoire continue.