Le prince William se retourne vers son père. "Grandpa, tu peux prendre Louis ?" "Bien sûr", répond Charles. Le petit prince court, William sourit et Charles est ravi lorsque son petit-fils de quatre ans saute sur ses genoux. Cette question simple d’un père à un grand-père, en 2023, pendant la parade du jubilé d’Élisabeth II, résume la nature et l’évolution des relations entre Charles et William. Cette complicité naturelle, presque évidente, s’est forgée au fil des années, parfois dans la douleur et l’opposition. "Ce n’est pas un secret que Charles et son fils ont eu des hauts et des bas par le passé, mais aujourd’hui leur relation est solide et forte", rapporte une source à Katie Nicholl, chroniqueuse royale à Vanity Fair.

Au cours de la petite enfance de William, Charles fait mieux que son propre père. Il est plus présent. Il préfigure cette génération plus impliquée dans la paternité, même si parfois la méthode manque de douceur. "Je t’avais dit de mettre des gants, maintenant tais-toi", répond-il un jour à son fils aîné alors âgé de quatre ans. William s’est plaint d’avoir les mains gelées après des heures passées à la ferme de Broadfield, dans le duché de Cornouailles. S’il manque parfois de patience, Charles s’attache à transmettre. Passionné, ce père cérébral plante les graines du savoir dans l’esprit de son héritier à propos de l’importance de la nature et de sa préservation.
Longtemps, William n'a pas su parler avec son père
Mais le regard de William sur son père se brouille avec la séparation, puis le divorce de ses parents. Encore enfant, il voit en lui le responsable de la détresse de sa mère qu’il entend pleurer à travers la porte de la salle de bains de son appartement du palais de Kensington. William se détache de son père. Charles n’est plus un modèle, il est un problème.
À l’heure de la tragédie, pourtant, le prince de Galles va tout faire pour aider ses fils à surmonter la disparition de leur mère. Charles les emmène en Afrique l’été suivant. Un des derniers moments au parfum d’enfance, avant que William n’entre dans une adolescence chaotique.

Tandis que son père est absorbé par sa charge d’héritier du trône, la nécessaire reconquête de l’opinion publique et la volonté, pas à pas, de faire accepter Camilla, William se réfugie au club "H", un sous-sol insonorisé de Highgrove, transformé en antre festive où il convie ses amis triés sur le volet. Secret et capable de grandes colères, William communique mal avec ce père qui tente de reconstruire sa vie et son image.
En novembre 1998, à Highgrove justement, lors de la soirée organisée pour les 50 ans de Charles, le prince de 16 ans arrive de mauvaise humeur. Veste de camouflage militaire sur les épaules et bonnet rouge d’Aston Villa sur la tête, il n’a pas envie d’être là. Mais une fois à l’intérieur, il enfile un costume sombre et joue le jeu. À l’image de sa grand-mère, il est pragmatique. Même si le sujet Camilla reste délicat. Comme l’explique la biographe royale Penny Junor : "Diana avait confié beaucoup de sa détresse à William. Il savait que Camilla était la femme qui l’avait rendue si malheureuse et, en même temps, il savait que Camilla était la femme qui rendait son père heureux et tout cela était très difficile pour lui."

Il n’empêche, William parvient si bien à faire la part des choses qu’il prend la défense de sa future belle-mère à l’occasion du mariage de l’un de ses meilleurs amis, Edward van Cutsem, avec lady Tamara Grosvenor, en 2004. Le protocole empêche Camilla, alors divorcée, d’apparaître auprès de Charles. Et les parents du marié voudraient la reléguer parmi les invités de moindre importance. Une véritable humiliation. William le comprend et encourage son père à réagir. Le prince de Galles l’écoute et décide de ne pas se rendre au mariage pour préserver la sensibilité de la femme qu’il aime. Le soutien de son fils aîné à Camilla, son empathie émeuvent Charles profondément.
Un lent rapprochement...
Après son mariage, cependant, lorsque William lui explique qu’il s’installe avec sa famille dans le Norfolk pour être pilote d’hélicoptère ambulance, Charles tique. En fait, l’héritier du trône craint que son fils aîné ne se refuse à son destin. Si Charles entend son souhait d’un environnement protégé pour ses enfants, il s’inquiète. Et puis il y a cette distance que William installe avec les Windsor. Le duc de Cambridge délaisse parfois le château de Sandringham pour déguster le christmas pudding à la table des Middleton. Le prince de Galles ne proteste pas, il a conscience que William trouve l’apaisement au sein de cette famille discrète. Il a la sagesse de laisser le temps faire son œuvre.

Au fil des années, le duc de Cambridge revient sur le devant de la scène. Mais à son rythme et à sa manière. Sans cesser de protéger sa famille. Lorsqu’il découvre une image de son fils George sur une vidéo mise en ligne par Charles sans son accord, William est furieux. Et en 2017, à l’occasion d’un documentaire télévisé pour les vingt ans de la disparition de Diana, la princesse de Galles, William refuse que son père témoigne devant les caméras. Charles encaisse la rebuffade. "Cela aurait été bien s’ils (William et Harry, ndlr) avaient reconnu sa contribution à leur éducation. Il était, et essaie d’être, un bon père, après tout ", confie à ce propos l’expert royal Robert Jobson.
Deux ans plus tard, l’affaire Andrew et le retrait, puis le départ, de Harry de la famille royale sont deux tempêtes majeures que Charles et William vont affronter côte à côte, soudés et solidaires, même quand ils ne défendent pas exactement la même ligne.

Au début de l’année 2020, lors de la réunion de Sandringham pour décider de l’avenir du duc de Sussex, William tempête, Charles tempère et la souveraine maintient le cap. Avec cette épreuve, l’aîné et son père trouvent enfin leur équilibre. Plus au fait des réalités et de la perception d’une partie de l’opinion, William corrige ou influe Charles sur certaines de ses analyses.
Le décès d’Élisabeth II a renforcé leur unité
Dans le cercle familial, les épouses des deux hommes contribuent elles aussi à leur rapprochement. Kate organise les calendriers pour que tous puissent se réunir. De son côté, Camilla, folle de ses petits-enfants, encourage son mari à profiter des siens....
Connectez-vous pour lire la suite
Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters
Continuer
Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.