"Je n’ose même pas vous décrire ce qu’ils font aux enfants, je ne peux pas utiliser ces mots". Les larmes coulent sur ses joues alors qu’elle s’adresse à la presse. "C’est déchirant. Des histoires effroyables. Bouleversantes." Un peu plus tôt, l’épouse du prince Edward était assise en tailleur sous une tente de fortune, dressée dans un camp de réfugiés installé à Adré, une ville de l’Est du Tchad. Sophie est encore sous le choc des témoignages de ces femmes qui lui ont décrit les atrocités qu’elles ont vécues. Elles ont été victimes d’agressions, de violences physiques, de chantages, de viols. Elles ont vu leurs filles subir les mêmes assauts de la part de soldats qui font des violences sexuelles une arme de guerre. Un moyen de faire régner la terreur.
"Si elles ne le font pas, elle se font tuer", explique la duchesse d’Édimbourg aux journalistes internationaux qui suivent son déplacement, serrant entre ses doigts le mouchoir avec lequel elle essuie ses larmes. "Ces femmes n’ont aucun autre choix que de partir, et encore, quand elles ont la chance de pouvoir le faire. Dans certaines villes ou villages dont elles sont originaires, les gens ne peuvent plus quitter leur maison. Ils se feraient tuer." Tel est l’enfer du Darfour.

Si sa visite officielle en tant que représentante de la monarchie britannique a pour objectif, au côté de l’Unicef, d’attirer l’attention et l’aide internationale autour du drame qui se joue en Afrique centrale, Sophie ne se laisse pas moins submerger par l’émotion. Le camp qu'elle visite, situé à moins de cinq kilomètres de la frontière soudanaise, accueille près de 230 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, dans l’un des pays les plus pauvres du monde.

Parmi les centaines de réfugiés qui chaque jour passent la frontière pour fuir la guerre civile qui fait rage depuis 18 mois au Darfour, Sophie rencontre Hadidah. La jeune maman passe dans une charrette tirée par un poney, son bébé de neuf mois serré contre elle. "Ils sont rentrés dans nos maisons, nous ont battus. Ont volé tout l’argent de mon mari. Si nous quittions la ferme, nous étions battus aussi", raconte-t-elle. Sophie écoute, rassure d'un sourire, pose une main réconfortante sur un bras...

Au cours de son voyage de trois jours sur le territoire tchadien, la mère de Louise et James est allée à la rencontre des ONG créées pour soutenir les femmes et permettre d'assurer une continuité dans l'éducation des enfants, notamment lors d’une réception organisée le 12 octobre à l’ambassade du Royaume-Uni à N’Djamena. Elle a aussi été invitée à un rendez-vous matinal, autour d’un café, avec Amina Priscille Longoh, Ministre de la Femme et de la Protection de l’Enfant.
Ambassadrice du programme "Femmes, Paix, Sécurité" établi par les Nations Unies, engagée de longue date dans la prévention des violences sexuelles lors des conflits, Sophie d'Édimbourg est aujourd'hui l’un des atouts diplomatiques majeurs du clan Windsor sur la scène internationale. En cette année rendue très particulière par les diagnostics de cancer pour Charles III et la princesse de Galles, Sophie est, avec la princesse Anne, l’une des membres les plus actives et les plus présentes à l’étranger.