Que préparez-vous pour cette édition 2022…
Nous sommes partis sur le retour aux Années folles, dans un premier temps parce que nous fêtons le centenaire de cette période phare, ensuite car elle symbolise l’idée même de renaissance, qui, après la pandémie que nous avons traversée, nous semblait particulièrement juste.
Vous réservez de belles surprises pour ce 8 juillet…
Nous avons convié nombre d’artistes pour faire vivre cette folie dans une ambiance très cabaret. Il y aura des personnages et des décors extravagants. Nous avons invité le collectif House of Drama, mais aussi la chanteuse Isadora Gamberetti, qui a la taille la plus fine du monde, Marawa, une danseuse en patins à roulettes à talons hauts qui est démente, Lola, qui massacre avec génie le répertoire de la chanson française, ou Corine, une magnifique diva disco. Dita von Teese sera au centre du spectacle. Je viens d’aller la voir aux Folies Bergère, elle est inouïe et s’entoure de talents de premier plan. Il y aura beaucoup d’énergie et d’humour sur la scène de la Salle des Étoiles.

Comment la princesse de Hanovre vous a-t-elle proposé de reprendre la direction artistique du Bal qui a longtemps été faite par Karl Lagerfeld ?
Caroline est très délicate. Elle a préféré passer par Françoise Dumas, peut-être pour me permettre de refuser si je n’avais pas envie de le faire, mais j’ai tout de suite dit oui ! Cela m’a fait très plaisir. Je me suis beaucoup investi. J’accepte peu de choses, mais quand je me décide, je m’intéresse vraiment.
Comment avez-vous rencontré la princesse de Hanovre ?
Caroline a été ma bonne fée, au tout début de l’histoire. Elle avait ses accointances à la galerie VéroDodat. Elle laissait sa voiture devant et aimait s’y promener. À peine ma première boutique inaugurée, elle a remarqué la vitrine et est entrée. Malheureusement, je n’étais pas là, mais elle y a acheté des souliers. Lors de son second passage, j’étais présent en revanche et j’avais rendez-vous avec Heidi, une journaliste du magazine américain W, qui faisait un petit article sur les nouvelles adresses de Paris. Arrivent Caroline et une amie qui se mettent à acheter la moitié de la boutique. La journaliste était médusée. "Vous êtes ouvert depuis un mois et demi, et il y a déjà la princesse Caroline de Monaco chez vous", m’a-t-elle dit. Du coup, Heidi a écrit un article qui a fait venir en masse tous les acheteurs américains, notamment Barneys. Ensuite, Pierre Passebon et Jacques Grange ont fait le lien avec Caroline que je ne connaissais pas. J’ai été totalement charmé par son humour et sa personnalité. Petit à petit, nous sommes devenus vraiment amis.

Qu’est-ce qui vous rapproche ?
Nous partageons notamment un amour immodéré de la danse. Caroline identifie immédiatement, dans mon travail, ce qui vient de cet univers. C’est devenu presque un jeu. Elle voit un modèle et elle esquisse un geste de flamenco, un autre et elle évoque le tango. Elle voit toujours juste. Nous parlons le même langage sur beaucoup de points. À chaque étape de la vie, il est possible de construire de grandes amitiés. L’idée que l’on rencontre ses "vrais amis" entre 0 et 25 ans me semble complètement fausse. Caroline en est la preuve. Elle est devenue quelqu’un de vraiment important pour moi. Sa passion de la littérature me nourrit. Elle me conseille et me donne des livres. Elle a un rapport très intelligent et intéressant à la vie. J’ai absolument besoin d’avoir confiance et j’ai une grande confiance en elle. Je pense que Caroline partage ce besoin pour des raisons très évidentes. Elle a été ma très bonne fée, la plus importante avec Hélène de Mortemart.
Comment Hélène de Mortemart vous a-t-elle aidé ?
Je rêvais de créer des souliers pour les danseuses des Folies Bergère. C’est là que j’ai fait mon premier stage, à 17 ans. Évidemment, créer des souliers était beaucoup trop technique, donc j’apportais les cafés, je recollais des strass, j’aidais les machinistes, mais au bout d’un moment j’étais trop dans leurs pattes. Un jour, l’une d’entre elles m’a brutalement chassé. J’ai été très blessé. Je suis parti en pensant qu’elles me rappelleraient et personne ne m’a jamais rappelé. Alors, j’ai pris l’annuaire pour trouver un autre point de chute. J’ai appelé la maison Christian Dior, et j’ai demandé à parler à la directrice de la couture. Le standard m’a passé Hélène de Mortemart. C’est fou de penser que l’on pouvait contacter les gens comme ça ! C’est impossible aujourd’hui… Je lui ai dit que je dessinais des chaussures et que je voulais les lui montrer. Je l’ai amusée, et elle m’a invité à passer quelques jours plus tard. Je ne l’avais jamais vue. Elle a été d’une générosité incroyable. En regardant mon dossier, elle a trouvé que j’avais beaucoup de points communs avec la collection Perugia de Jourdan qui fabriquait à l’époque les souliers Dior. Elle m’a proposé d’y faire un stage. Trois mois après, j’étais chez eux à Romans-sur-Isère dans le Vercors. J’étais le seul stagiaire et un "Parigot". J’ai été sérieusement bizuté.
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Quelle est votre histoire avec la Principauté ?
Elle commence de façon inattendue. J’ai toujours aimé les poissons, notamment parce qu’il y avait cet aquarium magnifique au Palais de la Porte Dorée, dans le quartier où j’ai grandi. Je m’y rendais tout le temps. La première fois où je suis descendu dans le Sud, j’avais 13 ou 14 ans. Avec mes parents et ma sœur aînée, nous sommes allés à Monaco. Les beaux hôtels et le casino ne m’intéressaient pas du tout, je ne voulais voir que l’aquarium. J’ai adoré le jardin exotique et la mer aussi. Ces images, ce décor, m’ont marqué, même si je n’y suis plus retourné pendant des années. Cela a été un vrai plaisir de redécouvrir les incroyables collections du Musée océanographique.

Vous y avez fait des emprunts pour ce nouveau chapitre de votre exposition…
L’ampleur du lieu nous a permis de rajouter beaucoup de thèmes et près de deux ans et demi de travail supplémentaire. Le musée recèle des trésors. À la fin du XIXe siècle, Albert Ier a fait construire plusieurs énormes bateaux pour emmener en expédition des savants et des dessinateurs. Au cours de ses vingt-huit campagnes scientifiques, il a rapporté une foule d’objets : dessins, carnets de voyage, coquillages, spécimens… Le premier bateau portait le nom de sa deuxième femme, le Princesse Alice. Par la suite, le couple s’est moins bien entendu, si bien que son dernier bateau… ne portait plus du tout le nom de sa femme ! Caroline m’a dit qu’elle ne voulait plus sortir de chez elle quand lui ne rêvait que de parcourir le monde…
Vous semblez beaucoup admirer ce souverain explorateur…
Il y a dans l’aventure d’Albert Ier un côté Vivant Denon accompagnant Napoléon dans la campagne d’Égypte. Le Musée...
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