Sa prise de parole résonne comme un appel à désamorcer la crise. "J’ai pris ma décision en tant que reine, mère et grand-mère, mais comme mère et grand-mère, j’ai sous-estimé à quel point mon fils cadet et sa famille ont pu être affectés. Cela me touche grandement et j’en suis désolée. Nul ne devrait douter du fait que mes enfants, mes belles-filles et mes petits-enfants sont ma grande joie et ma fierté", confie Margrethe II de Danemark dans un communiqué diffusé ce 3 octobre 2022.
"Nous n’avons pas pu les préparer à ce changement"
Si la reine s’excuse en personne pour le tort causé à ses proches, elle campe sur ses positions. "Ma décision a été prise depuis longtemps. Avec mes cinquante ans de règne, il apparaît naturel de regarder à la fois en arrière et vers l’avenir. C’est mon devoir et mon désir comme souveraine de veiller à ce que la monarchie se façonne toujours avec son époque. Parfois, cela signifie que des décisions difficiles doivent être prises et il sera toujours compliqué de trouver le moment opportun", précise la souveraine. Elle considère cette "adaptation" comme "nécessaire pour l’avenir de la monarchie", souhaitant la prendre "en [son] temps". Une réaction qu’elle ne désire pas commenter le lendemain lors de l’ouverture du Parlement au château de Christiansborg. Entourée du couple héritier et de sa sœur Benedikte, Margrethe II apparaît tout sourires, refusant de répondre aux sollicitations des médias.
La diffusion de cette lettre signée de sa main intervient après l’interview accordée par le prince Joachim et la princesse Marie au magazine danois B.T. Les enfants du couple sont en effet les premiers concernés par le choix de leur grand-mère. Selon les dispositions de Margrethe, au 1er janvier, les princes Nikolai, Felix et Henrik et la princesse Athena porteront uniquement leur titre de comtes et de comtesse de Monpezat.
Cette nouvelle donne suscite des interrogations auxquelles Joachim et Marie de Danemark peinent à répondre. "Nous nous sommes regardés intensément dans les yeux et nous n’avons pas su rendre compte de ce grand bouleversement à nos enfants", confie le prince à B.T. ce 1er octobre. "Athena a dit : 'Comment vais-je m’appeler désormais ? Pourquoi n’avons-nous pas le même nom, maman et papa ?'", relate de son côté son épouse, indiquant que la fillette de 10 ans est victime d’intimidations à l’école.
Prince Joachim and Princess Marie in Paris today. “Athena is bullied at school. They come and say: Is it you who is no longer a princess?”- Princess Marie🎥 BT #detdanskekongehus pic.twitter.com/PydDgRxQE5
— ChristinZ (@ChristinsQueens) October 1, 2022Devant cette situation complexe, la princesse ne désire qu’une chose : protéger son fils Henrik, 13 ans, et sa fille. "Nous estimons qu’il y a deux choses importantes dans cette affaire. Premièrement, on retire le nom de nos enfants. Il s’agit de leur nom et non pas de leur titre. Athena et Henrik de Danemark, c’est ainsi qu’ils se nomment. Ensuite, nos enfants ont été exposés publiquement. À très court terme, cela signifie qu’en tant que parents, nous n’avons pas pu les préparer à ce changement de même qu’à la réaction des gens", poursuit l’épouse du prince Joachim. Son époux affirme avoir reçu un préavis de cinq jours avant l’annonce du palais.
Au cours de cet entretien, le couple se confie sur ses liens avec Margrethe, Frederik et Mary de Danemark. "Avez-vous parlé au couple héritier ?", leur demande le journaliste de B.T. "Non, malheureusement", répond le prince Joachim. "Comment sont vos relations ?", les interroge alors le reporter. "Comme elles peuvent être", réplique évasivement le prince. Marie parle d’une situation compliquée quand son mari révèle l’absence de contacts avec la reine depuis son annonce, le 28 septembre. "C’est aussi la famille ou peu importe la façon dont nous voulons l’appeler", ajoute le fils cadet de la souveraine.
Première rencontre entre Margrethe et Joachim depuis le début de la crise
Ce n’est pas la première fois que la mauvaise entente entre les deux enfants de Margrethe II et ses belles-filles s’invite dans les médias. Et de vieilles rumeurs, présentées par certains sites comme de nouvelles informations, ont refait surface en fin de semaine. En 2019, Vanitatis se faisait l’écho de supposés sentiments amoureux de Joachim à l’égard de Mary. "Une théorie qui, pour beaucoup, expliquerait le fait que sa femme actuelle soit un clone de la future reine", écrivait alors le site espagnol, utilisant, en illustration, une couverture contestable d’un magazine suédois, datant elle de... 2008, soit l’année même du mariage de Joachim et Marie.
Autre sujet de tension : l’installation de Joachim et Marie à Paris il y a trois ans, considérée comme un exil forcé par la princesse. Pour elle, le retrait des titres princiers de Nikolai, Felix, Henrik et Athena s’inscrit dans une volonté de réduire son rôle et celui de son mari comme membres actifs de la famille royale. S’il réside en France avec ses cadets, le couple navigue entre le Danemark et l’Hexagone pour remplir divers engagements officiels. Un équilibre pas toujours évident à trouver, confiait, en mai 2021, à Point de Vue, le prince Joachim.
"Entre nous, c’est compliqué. Pour le prince héritier, il suffit de suivre le cours des choses. Mais rien n’est défini quant au rôle du second et de son épouse, ni à l’écrit ni à l’oral. Mon père a connu la même insatisfaction et n’a jamais réussi à obtenir une clarification de sa place au sein de la famille royale", reconnaissait-il à l’époque. "Ce n’est pas toujours facile. Nous devons trouver par nous-mêmes tout en restant à notre place de second", ajoutait le prince, qui espérait pouvoir discuter de son ressenti avec son aîné.
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