La communauté des Ismaéliens est née dans les années 760, au cours du deuxième siècle de l’Hégire, le calendrier musulman. À la mort du prophète Mahomet, l’Islam se divise en deux courants. Les Sunnites, qui désignent un des compagnons du prophète comme successeur et les Chiites, qui souhaitent qu’Ali, gendre de Mahomet, soit le nouveau chef spirituel. Autour de l’an 765, l’iman chiite Ja’far al-Sadiq, sixième descendant d’Ali, désigne son fils Ismaïl comme successeur. Ce choix est contesté car Ismaïl est mort avant son père. Les fidèles de Ja’far al-Sadiq se séparent en plusieurs groupes. Parmi eux, les Ismaéliens qui restent fidèles au choix d’Ismaïl comme successeur de Ja’far al-Sadiq, puis de son fils Muhammad ibn Ismail comme chef de la communauté.

À la différence des sunnites, la branche ismaélienne du courant chiite accorde plus d’importance à l’enseignement, et à la dévotion à leur iman, qu’aux prescriptions juridiques de l’Islam. Cette école de pensée, contraire à celle des Sunnites, alors majoritaires au pouvoir, oblige les Ismaéliens à rester discret, voir à se cacher. La communauté continue malgré tout de prospérer discrètement. Au fil des siècles, plusieurs autres sensibilités se réclament de l’ismaélisme. Parmi les groupes les plus puissants, la dynastie fatimide fonde Le Caire (la victorieuse) en 969 et règne sur une grande partie de l’Afrique du Nord, s’étendant même jusqu’à la Sicile. Plus ouverte et plus tolérante que certains autres courants, la communauté ismaélienne fatimide accepte sans distinction Juifs et Chrétiens aux postes administratifs. Elle encourage l’étude de l’astronomie, des sciences ou encore des mathématiques. À partir de 1060, le déclin de la dynastie laisse place à deux nouveaux courants majeurs au sein de la communauté ismaélienne, les Druzes et les Nizarites. Ces derniers se réclament de l’iman Nizar ben al-Mustansir, qu’ils considèrent comme un descendant d’Ali, le gendre du prophète.

En 1256, les Mongols détruisent la forteresse d’Alamut, à 100 km de Téhéran. Peu auparavant, les fidèles nizarites s’y étaient réunis pour confirmer leur précepte d’un islam purement spirituel, libéré de tout esprit légaliste. A partir du XIIe siècle, les avancées mongoles les dispersent un peu partout en Asie du Sud, en Afrique subsaharienne, au Moyen-Orient, en Europe et même aux États-Unis. Mais c’est en Inde que se trouve l’origine de l’Aga Khan, titre de "Grand Seigneur" décerné en 1818 à Hassan Alï Shäh, 46e iman des Ismaéliens nizarites, par le shah de perse Fath Ali Shah Qaja. Hassan Alï devient l’Aga Khan I. Reconnu par le gouvernement britannique en Inde, celui dont la famille possédait des terres en Iran, est aussi le fondateur de la première écurie de pur-sangs de la dynastie.Son successeur, l’Aga Khan II, commence à faire œuvre de philanthropie et ouvre des écoles à Bombay où il est installé. Son fils l’Aga Khan III se marie quatre fois et reçoit son poids en or. L’Aga Khan IV s’est éteint au Portugal le 4 février 2025 à 88 ans.
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