aUne pluie, légère, pousse le cortège nuptial à presser le pas. Ce 30 juillet 2022, qu’importe le temps capricieux, les cœurs, eux, sont à la fête. La princesse Bea von Thurn and Taxis, chapeautée de rouge, étouffe un rire : elle s’accroche au bras de son mari, le prince Fritz, pour ne pas glisser dans l’allée. Joachim de Prusse, galant homme, abrite de l’averse son épouse, la princesse Angelina, tandis que, visiblement épris, le prince Ludwig de Bavière donne la main à une jeune inconnue dont tout le monde ignore encore le nom, Mlle Sophie-Alexandra Evenkik, une criminologue néerlando-canadienne avec qui il annoncera ses fiançailles deux jours plus tard…

On reconnaît aussi le prince et la princesse zu Castell-Rüdenhausen ou le prince héréditaire de Leiningen, accompagné de son épouse.

Les bibis de ces dames rivalisent avec les parapluies, au moins jusqu’au porche de l’église de Maria Saal où les invités prennent place. C’est sous les voûtes gothiques de cette ancienne paroisse des ducs de Carinthie que Pál et Franziska ont décidé de s’unir devant Dieu. Lui, l’héritier de la prestigieuse maison Esterházy, qui fut un temps la famille la plus riche de Hongrie, elle, descendante de l’archiduc Johann d’Autriche, frère cadet de l’empereur François Ier.
Pas une fois Pál ne quitte Franziska des yeux
Dans la nef, les rires laissent place au recueillement. Détail charmant : le livret de messe a été illustré par la mère du marié, la princesse Ursula. Sissi – car c’est son surnom – paraît enfin au bras de son père. Elle est vêtue d’une élégante robe dessinée par la styliste munichoise Adeline Marx, coiffée d’un voile de la maison Gucci que retient un fin diadème de diamants et tourmalines. Un bijou de famille ? Un prêt de ses beaux-parents ? Les connaisseurs croient reconnaître une parure de la défunte lady Gladys Swaythling, philanthrope britannique, épouse de Louis Montagu, deuxième baron Swaythling, dont la collection a été dispersée chez Christie’s en mai dernier. Comme un cadeau de mariage avant l’heure.

La cérémonie s’ouvre sur l’hymne de Georg Friedrich Haendel, Zadok the Priest, composé pour le couronnement du roi George II de Grande-Bretagne, en 1727. Elle durera une heure et demie. Pas une fois Pál ne quitte Franziska des yeux. Ces deux-là se connaissent depuis plus de dix ans. Leur complicité est totale. Longtemps amis, il leur a fallu quelques années pour découvrir que l’attachement qui les liait l’un à l’autre relevait de la carte du tendre.

Dans une interview accordée à Point de Vue au moment de leurs fiançailles, le prince nous avouait combien leur première rencontre avait été marquante : "J’ai été immédiatement frappé par l’élégance de Sissi et par son incroyable beauté. Nous sommes devenus amis, puis la vie a passé. Nous nous sommes retrouvés voici trois ans et je me suis aperçu que sa beauté n’était que la partie émergée de l’iceberg. Franziska est une femme incroyablement intelligente, elle est ingénieur, une brillante mathématicienne."

L’Évangile choisi par les fiancés est Jean, chapitre 15, versets 9 à 12. En entendant la dernière phrase, "Mon commandement, le voici : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés", le prince presse tendrement la main de Franziska. L’échange des consentements est reçu par Monseigneur Asztrik Várszegi, évêque in partibus de Culusi, supérieur général honoraire de la communauté bénédictine de Hongrie.

Les témoins se sont avancés. Il s’agit, pour le marié, des comtes François du Chastel de la Howarderie et Johann-Friedrich von der Schulenburg-Beetzendorf, du docteur Maximilian Thaler et Nikolaus Roessner. La mariée est entourée de sa sœur, la comtesse Alison von Abensperg und Traun, de sa cousine, Caroline Ramharacksingh, née comtesse von Seilern und Aspang, et de la comtesse Josefa von Thun-Hohenstein.
Le château Gradisch accueille les invités pour la réception
À la sortie de l’église, aux accents de La Marche Nuptiale pour Sissi, composée par Alexander Lederer, les jeunes mariés peuvent enfin laisser éclater leur joie, sous les vivats des parents et amis. Ils sont accueillis par un peloton des fiers hussards Esterházy, unité de tradition qui forme, en leur honneur, une voûte d’acier… et dont l’origine remonte au XVIIIe siècle ! L’averse a cessé, le ciel se découvre pour les premières photos. Puis, chacun n’a que le temps de se changer avant de rejoindre le château Gradisch, le lieu de la réception, un joyau de la Renaissance, propriété du comte Carletto Goëss-Enzenberg, oncle et parrain de la mariée. Près de deux cents invités sont attendus.

Choix très tendance, le menu du dîner, œuvre d’un traiteur venu d’Italie, s’avère entièrement végétarien. Et les vins sont issus du domaine Manincor, propriété d’un autre oncle de la mariée, Michael von Goëss-Enzenberg. Allant d’un groupe à l’autre, la tante de la mariée, Lilli von Reutter, joue les bonnes fées – n’y en a-t-il pas dans chaque conte ? –, et veille au moindre détail. Dans un moment de répit, elle tourne la tête vers sa nièce et celui qui est devenu son neveu. Pál et Sissi sont tout à leur bonheur, prêts à danser avec leurs amis jusqu’au matin et à écrire un nouveau chapitre de leur histoire.


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