Exclusif. Philip et Danica de Serbie, pourquoi on les compare à Kate et William

Depuis leur retour en Serbie en juin 2020, ils multiplient les actions en faveur de leur pays à tel point qu’on les compare volontiers à William et Kate. Philip et Danica de Serbie ne sont pourtant pas les prince et princesse héréditaires de la famille Karadjordjević, mais ils en sont aujourd’hui les porte-voix.

Par Marie-Émilie Fourneaux - 24 mai 2021, 07h30

 Avec leur petit prince Stefan, 3 ans, l’analyste financier et l’artiste nous invitent à partager leur nouvelle vie à Belgrade.
Avec leur petit prince Stefan, 3 ans, l’analyste financier et l’artiste nous invitent à partager leur nouvelle vie à Belgrade. © Dusko Despotovic

Après cinq ans de vie commune à Londres, vous avez souhaité vous installer à Belgrade. Quel a été l’élément déclencheur ?

Philip de Serbie : Nous désirions vivre là où sont nos racines, cultiver le lien avec la population serbe, notre culture et nos traditions. La pandémie fut le déclic. Il était important de retrouver notre communauté dans ce contexte. La Covid-19 a révélé de nombreuses faiblesses dans notre système. Je crois que les modèles de développement durable, écologiques et socialement responsables, sont plus que jamais nécessaires. J’espère jouer mon rôle dans ce changement essentiel.

Danica de Serbie : Moi qui suis née à Belgrade, c’est avec émotion que je retrouve ma ville. Sa riche histoire, ses traces du passé mêlées au présent lui donnent une énergie incroyable. Par notre exemple, nous souhaitons encourager les Serbes expatriés à revenir, riches de l’expérience qu’ils ont acquise à travers le monde.

Où résidez-vous à Belgrade ?

P. de Serbie : Nous ne vivons pas au palais royal pour de nombreuses raisons. Un jour peut-être y vivrai-je de nouveau, car c’est mon droit absolu. Pour l’instant, je suis plus qu’heureux de vivre avec ma famille dans un appartement du centre de Belgrade, près de l’église Saint-Sava. Cela me permet de partager la vie quotidienne des Serbes, sans qu’il soit question de protocole ou de sécurité. J’adore aller au marché de Kalenić. J’apprends à connaître les coutumes et je pratique la langue, moi qui ai d’abord appris l’espagnol auprès de ma mère, la princesse Maria da Glória d’Orléans-Bragance. Je me sens bien parmi mes concitoyens, et j’aime que l’on m’appelle simplement Philip.

D. de Serbie : Nous vivons près de mes parents qui sont un grand soutien pour nous. Stefan aime passer du temps dans cette oasis magique qu’est l’atelier de mon père, Milan Cile Marinković. Cet espace suscite chez lui curiosité et imagination, comme il le faisait pour moi lorsque j’étais enfant.

Entouré des œuvres de son grand-père maternel, Milan Cile Marinković, grande figure de l’art contemporain serbe, il a, lui aussi, peint des œufs à l’occasion de la Pâques orthodoxe. © Dusko Despotovic
Entouré des œuvres de son grand-père maternel, Milan Cile Marinković, grande figure de l’art contemporain serbe, il a, lui aussi, peint des œufs à l’occasion de la Pâques orthodoxe. © Dusko Despotovic

Vous aviez promis au patriarche serbe Irinée de donner naissance à Stefan en Serbie. J’imagine que vous aviez aussi le désir de l’élever dans ce pays…

P. de Serbie : Depuis presque un siècle et deux générations nées en exil, aucun descendant de la famille Karadjordjević n’était né en Serbie. Stefan est à ce jour le seul héritier de la plus jeune génération. Les valeurs des maisons royales d’où viennent mes deux parents, et donc Stefan, seront d’une grande importance pour son développement. Lorsque nous passons devant le monument dédié à Karadjordje, le fondateur de la dynastie, Stefan sait qu’il est son lointain ancêtre. C’est une sensation incroyable, certes un brin surréaliste… Il est encore très jeune et nous devons lui présenter son ascendance avec soin pour ne pas le surcharger. Par notre simple naissance, nous avons hérité de nos titres, tout comme Danica a joui de la renommée artistique de son père. Tout le reste dépend exclusivement de nos efforts et de nos connaissances. C’est dans cet esprit que nous élevons notre Stefan.

Quelle langue parlez-vous avec lui ? 

P. de Serbie : La langue maternelle de Stefan est le serbe, qu’il parle parfaitement. Lui qui a commencé à parler très tôt, se débrouille très bien en anglais. Je souhaite aussi lui enseigner l’espagnol, ma langue maternelle, afin qu’il puisse parler avec sa grand-mère lorsque nous irons lui rendre visite à Séville. Depuis le début de la pandémie, nous n’avons pas eu l’occasion d’être avec ma chère mère et mes frères et sœurs. Mon frère aîné Pierre vit aussi en Espagne, tout comme mes sœurs Sol et Luna. Mon frère jumeau Alexandre vit à Hawaï. Ils me manquent profondément. La technologie nous donne heureusement la possibilité de nous voir virtuellement.

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La dynastie Karadjordjević est liée à de nombreuses maisons royales européennes. Du côté de ma mère, la liste des parents appartenant à la noblesse, du Brésil à la France, est longue. Nos nouveaux engagements sociaux me poussent à unir et intensifier tous ces contacts.

Vous êtes en train de créer la Fondation du prince Philip et de la princesse Danica de Serbie. Quel sera son but ?

D. de Serbie : Elle aura un large éventail d’objectifs, principalement liés à la protection du patrimoine culturel, de la tradition et des valeurs. Nous nous préoccuperons aussi du changement climatique, du développement durable, de la santé mentale, de l’égalité des sexes, du soutien aux jeunes afin qu’ils restent dans leur pays, et bien d’autres choses. Les jeunes générations feront le monde de demain. Elles sont notre trésor. Nous aspirons à l’unité et à la solidarité pour notre pays.

À la cathédrale Saint-Michel de Belgrade, où Philip, Danica et Stefan ont assisté à la messe de Pâques. Danica et Philip s’y sont mariés en 2017. © Dusko Despotovic
À la cathédrale Saint-Michel de Belgrade, où Philip, Danica et Stefan ont assisté à la messe de Pâques. Danica et Philip s’y sont mariés en 2017. © Dusko Despotovic

Depuis votre retour, vous avez accordé de nombreuses interviews, affirmant notamment votre point de vue sur l’économie et la société serbes. Révèlent-elles votre désir de vous engager politiquement ?

P. de Serbie : Non, je ne suis pas revenu en Serbie pour faire de la politique. Je ne voudrais pas qu’on me perçoive à travers ce prisme ni que l’on utilise mon nom à cette fin. Les Karadjordjević ont toujours respecté leur patrie. Chacun de nous est appelé à servir nos concitoyens. C’est à la fois un devoir et une obligation. Être monarchiste est un état de conscience, qui n’aspire en aucun cas à la division.

Vous avez très récemment été au Kosovo-et-Métochie alors que sa reconnaissance par la Serbie reste problématique. Plus qu’une simple visite, était-ce un plaidoyer en sa faveur ?

P. de Serbie : Avant la création de la Yougoslavie, le régent Alexandre, avec son père, le roi Pierre I er, a doublé le territoire de la Serbie, libéré le Kosovo-et-Métochie et l’a inclus dans la Serbie. La naissance de la Yougoslavie était un projet d’unification et d’amélioration de la Serbie, qui a connu beaucoup de problèmes tout au long de son histoire. Je voudrais que tous les citoyens serbes aient un niveau de vie plus élevé, connaissent et respectent davantage leurs coutumes et leur culture, qu’ils s’ouvrent à de nouvelles perspectives, s’enrichissent et deviennent un peuple libre. Et c’est pourquoi je porte fièrement le titre de prince de Serbie et de Yougoslavie.

Madame, vous vous investissez avec ferveur dans cette mission. S’inscrit-elle dans la logique de votre parcours ?

D. de Serbie : Mes parents m’ont élevée avec le sens de la responsabilité, de la détermination et du courage. Mon père, figure de proue de l’art contemporain serbe, et moi-même, artiste, avons eu l’opportunité d’être les ambassadeurs de la culture de notre pays à Paris où j’ai grandi et fait mes études, ainsi que dans le monde. Grâce à notre Fondation, je continuerai à soutenir les jeunes artistes. L’un de nos patronages me tient particulièrement à cœur, à savoir le club de football féminin Queen Mary qui œuvre à sa manière à l’égalité des sexes dans notre société.

Vous êtes parfois comparés à Kate et William. Quel effet cela vous fait-il ?

P. de Serbie : C’est toujours un plaisir d’être associé au couple qui apporte de la modernité à la monarchie britannique. Cela me donne...

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre

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Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Directrice de la rédaction

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