Sa détermination frappe aussitôt. D’autant plus impressionnante qu’elle s’accompagne d’un sourire lumineux. À croire que rien ne lui demande d’effort ni ne saurait entraver sa volonté d’aller de l’avant pour mieux se mettre au service de ses concitoyens. D’ici-là, le compte Twitter de la monarchie belge publie justement deux photos, le 20 mai 2020, la montrant en train de courir, avec ce commentaire: "Bientôt prête pour rejoindre l’École royale militaire! À partir du 31 août, avec les camarades de promotion: 1re année en sciences sociales et militaires."
Bientôt prête pour rejoindre l’Ecole Royale Militaire @KMS_ERM_RMA ! A partir du 31 août, avec les camarades de promotion : 1ère année en sciences sociales et militaires. Merci aux enseignants et compagnons de classe pour deux belles années à @UWCAtlantic.@BelgiumDefence pic.twitter.com/mMFDzoQfXM
— Belgian Royal Palace (@MonarchieBe) May 20, 2020Quelle manière plus naturelle d’annoncer une étape marquante dans sa jeune vie! À 18 ans, la princesse Élisabeth de Belgique, duchesse de Brabant, va suivre la formation initiale de tous les officiers des armées belges. Et elle est la première femme de la famille royale à prendre cette voie. Comme elle sera la première, un jour, à être reine régnante et non simple consort.
"Oui, Élisabeth devra se débattre dans la boue"
Elle a décidé de marcher sur les traces de son père qui avait en son temps passé quatre ans à l’ERM pour être breveté officier et effectuer ensuite un passage dans les trois armées, terre, air et mer.
Contacté par Point de Vue, Patrick Sobry, le directeur communication et média du palais, confirme que la duchesse de Brabant attend de vivre cette expérience avec intérêt. Et tout l’enthousiasme de ses 18 ans. Ce qui ne sera pas de trop. Passé les quatre jours de l’incorporation à l’École royale militaire, la princesse Élisabeth et sa promotion d’une centaine d’élèves, dont 20% de femmes, prendront pour un mois leurs quartiers au camp militaire d’Elsenborn, à quelques kilomètres de la frontière allemande.
Au programme, cohésion et acquisition des connaissances de base. Autrement dit, nuits courtes et longues marches forcées. Et, bien entendu, aucun régime de faveur. "Oui, Élisabeth devra se débattre dans la boue", a déjà déclaré le général Lutgardis Claes, seule femme de ce grade en Belgique, et directrice de l’ERM, à nos confrères du quotidien Het Nieuwsblad. Surtout, la princesse sera l’objet de l’attention générale et aura moins que tout autre droit à l’erreur. Mais cela, elle y est habituée depuis sa naissance, le 25 octobre 2001.
La princesse est première fille de la dynastie vouée à régner
Premier enfant de l’héritier du trône et première fille de la dynastie vouée à régner, Élisabeth Thérèse Marie Hélène ne pouvait grandir dans l’ombre, même si ses parents ont tout fait pour préserver son enfance et son adolescence de la curiosité publique. Conscient, plus que tout autre, du poids d’une telle destinée, son père y est particulièrement attentif.
Comme il souhaite prévenir les éventuelles critiques des séparatistes sur son bilinguisme et la solidité de sa culture flamande. Élisabeth suit toute sa scolarité en néerlandais, jusqu’en 2018, lorsqu’elle quitte le collège Saint-Jean-Berchmans de Bruxelles pour l’Atlantic College, non loin de Cardiff, au pays de Galles, où elle vient d’obtenir son baccalauréat international, malgré un dernier trimestre confiné à Laeken.
Elle a 9 ans, le 7 septembre 2011, quand elle inaugure le nouvel hôpital pour enfants Princesse- Élisabeth, accompagnée de ses parents. Et 13 ans, le 6 mai 2015, au moment de baptiser le patrouilleur de la marine royale P902 Pollux, dont elle est la marraine.
Dans l’intervalle, le 21 juillet 2013, son père a succédé à Albert II et elle est devenue au même instant duchesse de Brabant, titre réservé à l’héritière du trône. Toujours avec le même calme, le même sourire radieux hérités de sa mère. Un ancien responsable de communication du prince Philippe se souvient encore, attendri, d’une petite princesse bien décidée qui lui disait bonjour avec une grande politesse et, sans jamais oublier son nom, chaque fois qu’elle traversait son bureau.
À peine adolescente, Élisabeth est témoin de la vague d’attentats islamistes et des crises politiques que doit affronter son père au lendemain d’élections législatives d’où peine à se dégager une majorité de gouvernement. Le règne de Philippe et Mathilde est celui de la nécessaire réconciliation au-delà des épreuves. Du combat sans cesse recommencé pour le maintien de l’unité nationale. Un combat auquel les enfants du couple royal prennent part, notamment par leurs actions de bénévolat, comme on l’a vu pendant le confinement, auprès des personnes âgées.
Cet engagement social, c’est la marque de la reine Mathilde qui, à 18 ans, passait déjà plusieurs semaines dans les bidonvilles du Caire au service des plus pauvres. "Je veux donner l’envie à mes enfants de s’engager aussi. D’ailleurs, ils travaillent déjà auprès des sans-abri et des personnes handicapées. Tous les quatre", confiait la souveraine à Point de Vue en 2017, au cours d’une mission au Laos menée en tant que présidente d’Unicef Belgique.
"J’ai foi en l’avenir"
C’est ainsi que s’est construite Élisabeth, au sein d’une fratrie soudée mais ouverte aux autres, guidée par des parents aimants. Elle ne dit d’ailleurs pas autre chose à la tribune, lors de la célébration publique de ses 18 ans, diffusée en direct à la télévision le 25 octobre dernier. "Je pense à ma famille qui a toujours été là pour me supporter et m’encourager. Nous formons une équipe formidable aussi avec mes frères et ma sœur. Merci à toi, maman pour ta disponibilité et ton écoute. Merci à toi papa pour ta confiance. Je sais que je pourrai toujours compter sur toi."
LIRE AUSSI >> Les 18 ans d'Élisabeth de Belgique
Au premier rang, Mathilde a pris la main d’un Philippe submergé par l’émotion devant l’aisance et le charisme de sa fille aînée. Il n’est plus le roi mais un père fier au-delà de tout et bouleversé de voir celle qu’il a tant voulu protéger prendre son essor sous ses yeux. Elle est tout ce qu’il a rêvé d’être, lui le discret, l’amoureux du désert, le cérébral volontiers plongé dans ses méditations philosophiques. Pour régner, aller à la rencontre de ses concitoyens et les fédérer il a dû lutter contre son tempérament avec courage et intelligence là où Élisabeth possède cette spontanéité désarmante qui ne laisse pas de séduire.
De son père, Élisabeth a hérité le goût de servir et la volonté de faire avancer les choses. "Je partage vos préoccupations pour l’avenir et en particulier pour le climat et la réponse solidaire que nous devons y apporter", lance-t-elle aux quatre-vingts jeunes venus de tout le royaume célébrer avec elle ses 18 ans. "J’ai foi en l’avenir. Je suis portée par les mêmes espoirs et la même volonté de faire la différence. 18 ans, c’est un cap que je passe avec optimisme. Je sais que j’ai encore tellement à apprendre. C’est à cela que je veux m’atteler dans les années à venir: essayer de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et contribuer à l’améliorer en donnant le meilleur de moi-même. Le pays pourra compter sur mon engagement."
Cette dernière phrase sonne comme une autre promesse solennelle, prononcée par une autre Élisabeth, le 21 avril 1947, lors du discours de ses 21 ans, diffusé à la radio depuis la ville du Cap, en Afrique du Sud. "Je déclare devant vous tous, que ma vie entière, qu’elle soit courte ou longue, sera vouée à votre service", avait dit, au jour de sa majorité, celle qui était alors la princesse héritière de Grande-Bretagne.
L'apprentissage d'une future reine
Les règnes à venir s’annoncent ainsi, par des mots qui frappent les esprits et une incarnation. Pour les princesses, cela passe par la mode. Et l’édition britannique de Vogue classe la duchesse de Brabant parmi les princesses les plus élégantes au monde.
Selon le magazine, le style de l’héritière du trône belge "est comparable à celui de la duchesse de Cambridge. (…) On la voit souvent vêtue de manière très féminine, dans des tenues souvent glanées chez des couturiers belges. (…) Mais elle sait également trouver le style parfait pour les événements officiels, par exemple avec un blazer long qu’elle porte en robe avec une ceinture. Elle a aussi l’œil pour les détails. Avec des bijoux délicats et des accessoires assortis, elle sait toujours comment peaufiner son look."
Tant et si bien que l’hebdomadaire Le Vif la met en une de son édition du 21 juillet, avec ce titre, "la Belgique aura-t-elle un jour 200 ans?" Car, au-delà des inquiétudes et des crises, c’est Élisabeth qui figure l’avenir du royaume fondé en 1830, comme la monarchie est le meilleur garant de son unité.
Au lendemain d’une fête nationale conçue en forme d’hommage aux héros de la pandémie, la duchesse de Brabant va mettre à profit ses vacances en famille pour finir de préparer son entrée à l’École royale militaire.
Dans la continuité de sa scolarité, elle y est inscrite sur le rôle linguistique néerlandophone. Vers le terme de son mois de stage au camp d’Elsenborn, le 25 septembre, elle recevra le béret bleu qui sanctionne le succès de l’élève à la phase d’initiation militaire. Puis, le 10 octobre, ce sera l’ouverture solennelle de l’année académique par le défilé de la 160e promotion, place du Cinquantenaire, à Bruxelles, tout près de l’école. La suite se déroulera au fil des mois selon le régime de l’internat, avec lever à 6h30 et de longues journées de cours et d’entraînements.
Connectez-vous pour lire la suite
Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters
Continuer
Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.