Les fées qui se sont penchées sur le berceau d’Ignacio de Borbón lui ont fait don du charisme et de la beauté. Ajoutez à cela une bonne dose d’ambition et de détermination, et voilà le jeune homme, âgé de 20 ans et issu de l’une des plus anciennes familles de l’aristocratie espagnole, promis à bel avenir. Arrière-arrière-petit-fils d’Enriqueta de Borbón et de Parade, 4e duchesse de Séville, petit-fils de Paula de Borbón y Barucci, comte d’Artois, ce cousin éloigné de Felipe VI qui descend directement de quatorze rois – dont Charles IV, Charles V et Philippe V – a décidé de se consacrer entièrement à sa carrière de mannequin débutée il y a trois ans.
"J’ai travaillé avec de nombreuses marques en Corée du Sud. C’est difficile d’être à dix mille kilomètres de chez soi, mais j’ai appris beaucoup de choses", explique-t-il, de retour en Espagne, dans une interview au magazine ¡Hola! Son nom et son héritage n’ont, à l’en croire, pas particulièrement influencé sa carrière : "Je n’y ai jamais accordé beaucoup d’importance, mais c’est mon nom de famille et j’en suis fier."

Comme Ignacio, les jeunes héritiers de familles royales sont nombreux à vouloir percer dans l’industrie de la mode. Mannequins, égéries, stylistes, les possibilités sont nombreuses dans le secteur du luxe, qui a mieux résisté que d’autres à la crise économique liée à la pandémie de Covid-19. Et a su continuer à faire rêver en ces temps incertains. La princesse Alexandra de Hanovre confiait récemment au magazine espagnol Tevla être attirée par cet univers glamour. "J’aimerais me consacrer à quelque chose en relation avec l’art ou la mode. Je pense que je ferais une excellente personal-shopper." Tandis que la fille cadette de Caroline de Hanovre se laisse le choix, d’autres ont déjà des idées plus arrêtées sur leur carrière professionnelle et commencent à se faire un nom.
Classe mannequin
Parmi celles et ceux qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu, Maria-Olympia de Grèce fait figure de modèle. Représentée par Untitled Entertainment, l’une des plus grandes agences de talents aux États-Unis, la fille aînée du diadoque Paul de Grèce et de la princesse Marie-Chantal a défilé pour Dolce & Gabbana, été égérie pour Michael Kors et Dior, et vient d’être choisie par Louis Vuitton pour être le visage de sa nouvelle collection de sacs Capucines. "J’adore mon travail. Ce n’est d’ailleurs pas un travail à mes yeux. Je vis ma passion", s’enthousiasme la jeune fille de 24 ans, fraîchement diplômée en Fashion Business & Marketing à la Gallatin School de New York.

Au Danemark, le prince Nikolaï a vu sa carrière de mannequin décoller en quelques mois à peine. Avec son physique d’éphèbe scandinave, le fils du prince Joachim et de la comtesse de Frederiksborg intègre l’agence de mannequinat danoise Scoop Models en 2018 et défile dans la foulée pour Burberry et Dior. Il devient alors, à 18 ans, "the next big thing" et enchaîne les podiums pour la maison parisienne. Mais pas question pourtant d’arrêter ses études. "Je préfère voir cela comme un travail temporaire qui m’aidera tout au long de mon parcours scolaire", précise-t-il, la tête sur les épaules, au magazine danois Tæt på.
Au Royaume-Uni, lady Kitty Spencer, 30 ans, a mis plus longtemps à s’imposer. Mannequin chez Storm Model, elle multiplie les séries mode dans de grands magazines avant de défiler pour Dolce & Gabbana en 2017. En février 2021, leur collaboration passe à la vitesse supérieure. "Je suis honorée d’être l’ambassadrice mondiale de Dolce & Gabbana", annonce la nièce de Diana, princesse de Galles.

Suivant son exemple, ses sœurs, lady Amelia et lady Eliza Spencer, viennent de poser pour Philosophy di Lorenzo Serafini. La marque italienne, dans une opération marketing savamment orchestrée, a également invité lady Amelia Windsor, la petite-fille du duc de Kent, à se joindre à cette campagne particulièrement médiatisée.
Les têtes couronnées, des influenceurs incontournables
Donner une plus grande visibilité à sa marque par l’intermédiaire d’une personnalité liée à une famille royale n’est pas nouveau. L’impératrice Eugénie et Charles Frederick Worth, Grace de Monaco et Christian Dior, Élisabeth II et Norman Hartnell, l’histoire moderne de la mode s’est nourrie de ces affinités de cœur entre couturiers et têtes couronnées. La démarche était alors plus proche de la connivence intellectuelle, source d’inspiration, entre l’artiste et sa muse.

Les partenariats commerciaux sont beaucoup plus récents. Lady Helen Taylor, née Windsor, a été pendant plus de quinze ans l’ambassadrice de la maison Armani. Le coup de foudre amical a lieu en 1992 lors des essayages de la robe de mariée de la fille du duc et de la duchesse de Kent avec le couturier italien. En 2021, à l’heure du marketing numérique, ces jeunes gens bien nés sont courtisés par l’industrie du luxe. Autant pour leur naissance que pour leur style de vie, qu’ils racontent sur les réseaux sociaux.
Avec 523.000 abonnés sur Instagram, lady Kitty Spencer est désormais une influenceuse incontournable. Soit : "Une personne qui, par son audience sur les réseaux sociaux, influence l’opinion, notamment la consommation, de sa communauté", selon le dictionnaire Le Robert. Maria-Olympia de Grèce n’est pas loin, avec ses 220.000 followers, et la princesse mannequin gère, elle aussi, son fil Instagram comme une carte de visite professionnelle.
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Libérés de toutes obligations officielles, ces héritiers sont tous devenus en quelques années prescripteurs de tendance auprès de leur public, souvent aussi jeune qu’eux, ces fameux millenials (les 18-35 ans) que le secteur du luxe cherche à séduire. Pour les maisons de couture, associer son image avec ces nouvelles icônes qui partagent leurs valeurs est la promesse de gagner en visibilité. Le sentiment d’appartenance et l’affinité morale sont d’ailleurs souvent au cœur de leur vocation.
Ainsi de Charlotte Casiraghi, nommée ambassadrice et porte-parole de Chanel. Elle a choisi, à sa manière, de poursuivre l’héritage familial de sa mère, la princesse de Hanovre, en s’inscrivant dans l’histoire de la maison avec laquelle elle a grandi. "C’est presque comme si j’étais née avec Chanel", raconte-t-elle. Ses Rendez-vous littéraires rue Cambon, "une série de rencontres et de portraits de femmes qui ont joué un rôle important, par leur liberté, leur audace, la puissance de leur écriture, dans l’émancipation féminine", permettent à la jeune femme de sortir de son rôle d’égérie pour diffuser sa sensibilité intellectuelle.
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