Dans un décor que l’on dirait en sucre, une élégante Parisienne enseigne à Lily Collins "l’art de vivre" à la française. Une mère célibataire se retrouve en cavale dans les rues de Marseille auprès de Matt Damon. Un pilote de ligne impeccable dans son uniforme embrasse fougueusement Julia Roberts… À l’affiche de ces scènes déjà culte issues de la série Emily in Paris, du thriller Stillwater ou de la romance Ticket to Paradise, les plus cinéphiles auront reconnu Philippine Leroy-Beaulieu, Camille Cottin ou encore Lucas Bravo. Autant d’exemples de la popularité des actrices et acteurs français dans les productions internationales. Une mode qui fait notre bonheur – et notre fierté – et s’explique en partie par la force de frappe mondiale des plateformes. Passage en revue de ces talents désormais très demandés.

La loi des séries
Le succès de créations originales comme Dix pour cent – Call my Agent en anglais – ou Le Bureau des légendes a contribué à faire connaître toute une génération de comédiens déjà bien installés dans l’Hexagone. À l’image de Tahar Rahim triomphant dans la minisérie Netflix Le Serpent, Thibault de Montalembert incarnant Foch dans À l’Ouest, rien de nouveau, autre production Netflix plébiscitée cette année par les Oscars, ou Jonathan Zaccaï, vu dans le second volet de Downton Abbey au cinéma. "Avoir joué dans une série comme Le Bureau des légendes aide beaucoup, nous confiait l’acteur à la sortie du film. Pour les directeurs de casting anglais, nous ne sommes plus tout à fait des inconnus, ils ont pu découvrir notre travail." Passée par Dix pour cent, Philippine Leroy-Beaulieu connaît désormais les joies d’une reconnaissance internationale avec la série Emily in Paris. "Je me fais arrêter par des gens du monde entier dans la rue pour faire des photos, s’amuse-t-elle dans 20 minutes, c’est ce qui est incroyable avec une plateforme comme Netflix. Il y a surtout de belles propositions qui arrivent, auxquelles je n’avais pas accès avant."

Les électrons libres
Construire une carrière à Hollywood ne passe pas pour autant par la case succès d’une série ou même par un Oscar, consécration suprême. Ainsi de Camille Cottin qui n’a pas forcément bénéficié de son passage dans Dix pour cent pour poursuivre sa route américaine. "La réalité, c’est que lorsqu’il m’embauche pour Stillwater, Tom McCarthy n’a pas vu Dix pour cent, explique l’actrice au magazine Première. C’est grâce à Stéphane Foenkinos, qui était directeur de casting avant de devenir réalisateur. Il avait travaillé avec lui sur The Visitor et ils sont restés amis depuis. Lors de l’audition, j’ai eu l’impression que ne comptait que ce que je proposais. On avait mis de côté mon image et ce que j’avais fait auparavant." Une situation analogue à celle d’Omar Sy, déjà vu et reconnu dans de nombreuses superproductions, dont X-Men : Days of Future Past, avant de triompher dans la série Lupin. Quant à Jean Dujardin, son Oscar si mérité pour The Artist n’a jamais signifié pour lui l’ambition de passer sa vie à Hollywood. Un recul que l’acteur avait déjà lors de la sortie du film. "Ça me fait assez rire aussi, s’amusait-il alors, cet acteur qui ne parle pas une broque d’anglais et qui va se pointer à Hollywood. Qu’est-ce que c’est que ce touriste ?" Ce qui ne l’a pas empêché de tourner par la suite sous la direction de George Clooney ou Martin Scorsese…

Les binationaux
On ne présente plus Eva Green, actrice franco-suédoise, qui fut la plus habitée des James Bond girls et inspira par trois fois Tim Burton. Ni les Franco-Américains Damien Chazelle et Timothée Chalamet. Avec Whiplash, La La Land et plus récemment Babylon, le premier est devenu l’un des réalisateurs les plus estimés d’Hollywood, tandis que le second, vu chez Woody Allen, Greta Gerwig et héros de la fresque Dune de Denis Villeneuve, aime à rappeler ses racines auvergnates. Le jeune homme qui passait, enfant, tous ses étés chez ses grands-parents, au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, confiait aussi sur RTL : "Je reste un grand supporter de l’équipe de Saint-Étienne et j’aimerais beaucoup retourner au Chaudron."

Les réalisateurs
Films de genre ou cinéma indépendant… La catégorie est riche de talents éclectiques. Ainsi d’Alexandre Aja qui a redonné ses lettres de noblesse au film d’épouvante avec La colline a des yeux ou Piranha 3D, ou de Louis Leterrier qui vient de réaliser Fast X, dernier volet très attendu de la saga Fast and Furious. Côté cinéma "indé", impossible de ne pas mentionner Florian Zeller, dont The Father a remporté un Oscar pour la magnifique prestation d’Anthony Hopkins, et Laure de Clermont-Tonnerre à qui l’on doit déjà le magnifique et sauvage Nevada avec Matthias Schoenaerts, les séries The Act avec Patricia Arquette et Mrs America avec Cate Blanchett, ou enfin une sensuelle relecture de L’Amant de Lady Chatterley pour Netflix.

Les compositeurs
Dans le sillon de Maurice Jarre, Francis Lai, Georges Delerue ou Michel Legrand, Alexandre Desplat fait partie des musiciens les plus prisés d’Hollywood. Récipiendaire de deux Oscars pour onze nominations, il a su tisser des liens complices avec des cinéastes tels que George Clooney, Wes Anderson ou Roman Polanski. Notons avant lui la belle partition de Ludovic Bource pour The Artist, elle aussi oscarisée en 2011.
Les cinéastes francophiles
Ils sont fous des acteurs français. Au point d’avoir confié – presque – toute leur distribution à des talents du cru. Francophile avéré, Wes Anderson a ainsi tourné The French Dispatch à Angoulême avec une distribution qui ferait pâlir tout producteur français : Léa Seydoux, Lyna Khoudri, Cécile de France, Guillaume Gallienne, Denis Ménochet… "La raison pour laquelle j’ai commencé à découvrir la France, c’était le cinéma français", s’enthousiasmait alors le réalisateur au micro de France Inter. Woody Allen n’est pas en reste. Ayant déjà réuni bon nombre d’acteurs et actrices françaises dans Minuit à Paris en 2011, il vient de terminer le thriller Wasp22 (titre provisoire) qui réunit Niels Schneider, Valérie Lemercier ou encore Melvil Poupaud. Rendez-vous en mai prochain à Cannes ?

95e cérémonie des Oscars, dimanche 12...
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