Le Bal des débutantes ne ressemble à aucune autre soirée. Il y règne une atmosphère unique, faite d’élégance et d’excitation, de transmission et de joie, d’un soupçon de suspens et de beaucoup d’émotion. Fidèle au poste depuis plus de vingt éditions, le maître de cérémonie Stéphane Bern est arrivé juste avant l’heure, arborant son impressionnante collection de décorations au revers de sa jaquette. Même s’il est battu à plate couture cette année par la présence du grand chancelier de la Légion d’honneur, le général Benoît Puga.
Peu après 20 heures 30, au premier étage du Shangri-La, Ophélie Renouard, ordonnatrice du Bal qui fête cette année sa 26e édition, peut souffler. Enfin presque. Car après deux années sacrifiées en raison des restrictions sanitaires, le Bal est vraiment de retour. Et c’est tant mieux au vu des sourires qui s’affichent sur les visages des 200 invités. Le temps du cocktail, la cuvée rosé Laurent Perrier servie par la brigade du palace parisien fait peu à peu monter l’ambiance et donne lieu à de joyeuses retrouvailles entre "anciennes", cousins du gotha ou familles du bout du monde qui prennent leur marque dans ce lieu hautement parisien.
Leah Behn, petite-fille de Harald V, ouvre le défile
En coulisse, à l’abri des regards, débutantes et cavaliers répètent une dernière fois leur duo. "Je crois que mon frère est un peu anxieux. Il est tellement attendrissant !", confie dans un sourire la princesse Gauravi Kumari, évoquant le Maharaj de Sirmaur, 18 ans. Elle-même a été débutante il y a cinq ans, tout comme son grand frère le maharadjah de Jaipur, et pour rien au monde elle n’aurait manqué ce rendez-vous. À son petit frère revient la tâche d’ouvrir le défilé au bras de Leah Behn, 17 ans, fille cadette de la princesse Märtha Louise de Norvège.
Aux convives installés autour des tables rondes dressées dans les salons classés de ce qui fut l’hôtel particulier de Roland Bonaparte, Stéphane Bern rappelle l’histoire du Bal des débutantes, "ancienne tradition aristocratique de l’entrée dans le monde, en un temps où autrefois les demoiselles sortaient du couvent pour se marier". Taquin, il enchaîne en affirmant que "par chance, les temps ont changé et il s’agit pour les débutantes de participer à un défilé haute couture et une belle soirée caritative".
S’ils sont invités, et commencent même à déguster l’entrée composée de vitello tonnato, d’un carpaccio de Saint-Jacques à la parisienne et d’une salade de céréales et algues du Croisic au parfum de cédrat, les convives peuvent faire un don aux deux associations soutenues par le Bal. D’un côté l’Association pour la recherche en cardiologie du fœtus à l’adulte de l’hôpital Necker, et de l’autre World Central Kitchen, qui procure des repas frais sur les zones de conflits. "Music please", lance enfin Stéphane Bern, marquant l’entrée, ordre alphabétique oblige, de la petite-fille du roi Harald V de Norvège et de son Maharaj.
Elle porte une robe de Giambattista Valli haute couture, subtil drapé de mousseline framboise qui lui laisse une épaule dégagée. Sur ses cheveux laissés libres, étincelle un diadème de diamants prêté par le joaillier du Bal, duo de collectionneurs de bijoux historiques basé en Chine, qui s’apprête l’an prochain à lancer sa griffe de haute joaillerie sous le nom de V Muse. Renseignement pris, ce joyau de 1905 est signé de la maison anglaise Collingwood & Co., qui fut notamment un fournisseur de la reine Victoria. Il sera suivi au cours du Bal par d’autres pièces d’exception comme les boucles d’oreilles portées par l’archiduchesse Sophia de Habsbourg-Lorraine, 21 ans.
La fille aînée de l’archiduc Georg de Habsbourg, ambassadeur de Hongrie en France, apparaît au bras du prince Leopold de Baden, l’un de ses cousins, qui a l’avantage de dépasser de quelques centimètres cette belle plante d’1,83 mètre. La parfaite robe bustier prêtée par un collectionneur du couturier Franck Sorbier sublime une paire de girandoles du XIXe siècle, composées sur cinq niveaux de diamants coussins et poires, signées du joaillier parisien Froment-Meurice, qui a appartenu à Marie-Thérèse de Savoie, duchesse de Parme.
"Une expérience unique dont elle se souviendra toute sa vie"
Un peu plus tôt, on a vu défiler la Sino-Américaine Wenhao Cai, 19 ans, fille de l’artiste-plasticien Cai Guo-Qiang, dans une robe Iris van Herpen haute couture, proche du chef-d’œuvre avec ses bandes de soie qui serpentent sur le corps dans une habile pudeur. Et dans ses cheveux teints dans le même roux que la robe, un diadème bandeau de 25 gros diamants de style victorien, une création française du XIXe siècle. "Je me suis rendu compte de l’effet de ces bijoux au moment où nous avons pris la photo qui réunit l’ensemble des jeunes filles. Quelle merveille", se félicite l’organisatrice. "Ophélie sait comme personne doser les styles et les provenances", remarque la médium Yaguel Didier, invitée à la table de Stéphane Bern, tout comme le décorateur Jacques Grange et le galeriste Pierre Passebon.
Elle fait allusion au gotha bien sûr, mais aussi à Hollywood avec le couple formé par Natasha Connery, petite-fille du meilleur des James Bond, et son cavalier Harper Peck, petit-fils de Gregory, au monde du sport représenté par la skieuse sino-américaine Eileen Gu, trois fois médaillée olympique cette année à Pékin dans la discipline du ski acrobatique ; ou encore à l’exotisme d’Archie Campbell, marquis de Lorne, 18 ans, ancien page d’honneur de la reine Élisabeth II et futur duc d’Argyll, défilant en tenue d’apparat de son clan, kilt et chaussettes à carreaux aux bonnes couleurs, chemise à jabot de dentelle, veste en velours pourpre dont les boutons argentés ont la forme de saumons et sporran, la sacoche en fourrure portée sur le devant.
À la table Diamant, pas d’excentricités à signaler. La princesse Märtha Louise de Norvège voisine avec l’archiduc Georg de Habsbourg et le prince Charles-Louis d’Orléans, duc de Chartres, accompagné de son épouse Ileana. Au petit-fils d’Henri d’Orléans, Comte de Paris, l’honneur d’ouvrir le bal avec leur fille Hélène, 21 ans. Elle apparaît justement au bras de son frère le prince Philippe, ravissante de fraîcheur dans une robe du Libanais Georges Hobeika Couture en tulle crème rebrodé de fleurs en...
Connectez-vous pour lire la suite
Profitez gratuitement d'un nombre limité d'articles premium et d'une sélection de newsletters
Continuer
Un journalisme d’excellence, des contenus exclusifs, telle est la mission de Point de Vue. Chaque article que nous produisons est le fruit d’un travail méticuleux, d’une passion pour l’investigation et d’une volonté de vous apporter des perspectives uniques sur le monde et ses personnalités influentes. Source d’inspiration, notre magazine vous permet de rêver, de vous évader, de vous cultiver grâce à une équipe d’experts et de passionnés, soucieux de porter haut les couleurs de ce magazine qui a fêté ses 80 ans. Votre abonnement, votre confiance, nous permet de continuer cette quête d’excellence, d’envoyer nos journalistes sur le terrain, à la recherche des reportages et des exclusivités qui font la différence tout en garantissant l’indépendance et la qualité de nos écrits. En choisissant de nous rejoindre, vous entrez dans le cercle des amis de Point de Vue et nous vous en remercions. Plus que jamais nous avons à cœur de vous informer avec élégance et rigueur.
n74VaaMTw8.jpg)
