L’institution est toute neuve. Installée sur le port Hercule de Monaco, la Petite École, comme elle se nomme, accueille des enfants de 18 mois à 6 ans, dans un cadre lumineux et conforme aux préceptes de la méthode Montessori: du matériel en bois, aisément maniable, un coin bibliothèque, un espace de restauration…, et un jardin de 400 mètres carrés.
Sa cofondatrice, Stéphanie Ayre, a vécu une dizaine d’années entre la Thaïlande, l’Australie et la France, d’où elle est originaire, avant de s’installer sur la principauté. Désireuse de compléter l’enseignement de ses enfants lors de leur expatriation, elle a fini par suivre une formation Montessori qu’elle a mise à profit en ouvrant d’abord son école à Cap-d’Ail il y a deux ans.
L’autre point fort de l’établissement est bien sûr l’enseignement bilingue anglais/français. Une évidence pour Stéphanie Ayre car "les enfants proviennent d’une trentaine de nationalités différentes, même s’ils sont majoritairement des résidents monégasques".
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Une publication partagée par HSH Princess Charlene (@hshprincesscharlene) le 12 Sept. 2018 à 2 :07 PDT
Après ou pendant la classe, les activités proposées sont multiples, du yoga à la danse, en passant par des cours de cuisine, de natation et des leçons particulières de piano. Un lieu propice à l’épanouissement de Jacques et Gabriella, qui ont fait leur rentrée en septembre 2018, sous l’oeil attendri de leur maman. Cette dernière avait posté une jolie photo sur Instagram montrant leur complicité.
Deux mois plus tard, c’est au tour de leur papa, le prince Albert, de donner de leurs nouvelles, la veille de la fête nationale, via un entretien accordé à Monaco Matin. "Même s’ils avaient été visiter leur école deux jours auparavant, leur adaptation nous a surpris Charlène et moi-même. Les enfants sont vraiment très heureux. Cette Petite École Montessori, sur le port, a été très bien aménagée et elle est très agréable. Je ne suis pas étonné qu’ils s’y sentent bien. Ils y pratiquent de nombreuses activités avec un apprentissage varié, notamment des chansons, conformément à la pédagogie Montessori qui favorise l’expression orale et aussi artistique. Ils sont toujours très joyeux, très joueurs, très espiègles aussi".
La pédagogie Montessori suscite la curiosité des nouveaux parents... princiers!
Chez les Windsor, c’est la princesse de Galles qui, la première, s’est penchée, sur cette pédagogie. Avant son mariage, la jeune Diana Spencer travaille comme assistante maternelle à l’école Young England de Pimlico qui s’inspire des théories de Maria Montessori, pédagogue italienne née en 1870 et décédée en 1952.
Devenue maman, elle refuse pour ses enfants une éducation à domicile avec un précepteur, optant pour une scolarité "normale". Lorsque William fait son entrée en 1985, dans le jardin d’enfants de Jane Mynor dans le quartier de Notting Hill, près de Kensington, ce choix reflète une belle indépendance d’esprit.
Quelque trente ans plus tard, William en a gardé, semble-t-il, de bons souvenirs, puisque lui et son épouse décident d’inscrire leur fils alors âgé de 2 ans et demi dans la petite école Montessori de Westacre, installée dans l’ancienne chapelle du village d’East Walton.
Conséquence immédiate: un engouement général pour les écoles Montessori en Angleterre, qui doivent refuser des centaines d’inscriptions. Dans un article du Daily Mail, le directeur de The Montessori St Nicholas Charity à Londres –organisme soutenant le développement de cette pédagogie– soulignait la curiosité des nouveaux parents. "Beaucoup de gens ont entendu parler de Montessori, mais ils ne savent pas ce que cela signifie et ils pensent que si le duc et la duchesse de Cambridge ont choisi un jardin d’enfants Montessori, ce doit être pour une bonne raison". Avant d’ajouter: "Quoi que fassent William et Kate, cela a des répercussions."
Plus étonnant, le phénomène a traversé la Manche jusqu’en France. "Dès le lendemain de l’annonce de l’inscription du prince George dans une école Montessori, le nombre de connexions sur notre site a explosé", raconte Marie Robert, directrice adjointe de l’école internationale Montessori Esclaibes, à Marseille. "Je dois le remercier d’avoir attiré l’attention sur nos écoles."
En Suède, c’est la princesse Estelle, deuxième dans l’ordre de succession au trône, qui a fait sa rentrée en octobre 2016 dans l’école Montessori Lilla Kvikkjokk, à Stockholm. Raison invoquée? La proximité de cette institution, située sur l’île de Djurgården, à deux pas du château d’Haga, où la princesse héritière habite avec le prince Daniel et leurs deux enfants, contrairement à l’ancienne école Danderyd plus éloignée du domicile.
L’expérience a duré deux ans: lors de la dernière rentrée, la jeune princesse a rejoint le Campus Manilla, un établissement privé situé lui aussi sur l’île. En Norvège aussi, Montessori a séduit la couronne: le prince Sverre Magnus, 3e dans l’ordre de succession après son père le prince héritier Haakon et sa soeur la princesse Ingrid Alexandra, a fait son entrée le 18 août 2014 dans une école Montessori d’Oslo. Auparavant, le jeune garçon avait fréquenté une école maternelle à Asker, et l’école primaire Janslokka située dans cette même commune de la banlieue d’Oslo.
"Nous aidons à construire des enfants qui seront acteurs du monde de demain", explique une directrice d'école
L’effet de mode dont bénéficie cette pédagogie alternative suffit-il à expliquer pourquoi ces futurs héritiers se retrouvent sur les bancs de ces établissements? "On tisse souvent des raccourcis sur une éducation libre donc sans limite, explique Marie Robert, or c’est tout le contraire. La philosophie Montessori prône de poser un cadre. Il ne s’agit pas d’imposer un rythme à l’enfant, mais de cadrer les activités, pour qu’il puisse s’épanouir à l’intérieur. Il n’y a pas de contradiction avec les besoins d’une éducation souveraine, même soumise à une étiquette et à une multitude de devoirs, pour ces enfants qui auront à assumer de grandes responsabilités", poursuit l’enseignante qui est aussi professeur de français et de philosophie dans l’unique lycée Montessori de France, à Bailly, dans les Yvelines.
"Nous aidons l’enfant à être autonome, tout en insistant sur la responsabilité qui s’étend à son environnement immédiat, à ses camarades et à “demain”. Je dirais même que la responsabilisation de l’élève est plus forte en école Montessori que dans un système classique et elle intervient très tôt, dès 3 ans. Si l’enfant renverse de l’eau en arrosant des fleurs ou salit sa table en faisant un gâteau, il doit lui-même nettoyer. En parallèle, on ne coupera pas un enfant pendant un atelier même si cela excède l’heure impartie."
Transmission des savoirs, éveil de la curiosité, bienveillance et tolérance, épanouissement personnel, coopération et souci de l’autre sont les mantras de Maria Montessori, nommée trois fois pour le Nobel de la paix. "Sa philosophie visait à promouvoir la paix dans le monde", rappelle Sylvie d’Esclaibes lors de ses formations devant un auditoire de futurs éducateurs et éducatrices. "L’enjeu éthique est essentiel, car nous aidons à construire des enfants qui seront acteurs du monde de demain", développe Marie Robert, en philosophe avertie. Une vision qui ne peut que séduire les souverains.
La méthode développée par Maria Montessori tend à devenir un phénomène élitiste...
L’attitude généreuse de Harry et William, qui se sont toujours intéressés aux autres, en particulier aux plus faibles, depuis leur plus jeune âge, va dans ce sens. Des qualités que l’on retrouve chez d’autres anciens élèves "estampillés Montessori" tels l’ancienne première dame des États-Unis, Jacqueline Kennedy, l’écrivain colombien Gabriel Garcia Márquez, qui n’avait de cesse de vanter les mérites de cette méthode, ou encore un autre "George", Clooney cette fois-ci. Cependant attention à ne pas idéaliser les écoles Montessori en machines à fabriquer des enfants parfaits.
"Prendre toujours comme exemple les deux fondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, le créateur d’Amazon Jeff Bezos, ou encore le cofondateur de Wikipedia, Jimmy Wales, pour montrer la supériorité des écoles Montessori a le don de m’agacer", tonne la présidente de la fédération Montessori 21, Simone Hammer. "L’intention initiale de Maria Montessori a tendance à être dévoyée car beaucoup de parents oublient qu’elle a été conçue pour donner une chance à tous les enfants, surtout les plus en difficulté socialement. C’est pourquoi, chez Montessori 21 nous nous voulons 'solidaires' et 'participatifs'. Nous avons instauré une grille de tarifs en fonction des revenus, de 90 à 850 euros par mois et avons à coeur de mettre à contribution les parents –comptabilité, ménage, garderie du soir, aide à la cantine."
Un programme compliqué pour les membres de familles royales régnantes. On imagine assez mal Kate surveillant les enfants à la récréation ou la princesse héritière Victoria servir des plateaux repas aux camarades de classe d’Estelle à l’heure du déjeuner. Cependant Simone...
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